Une expression: « La cinquième colonne ».

Utilisée à toutes les sauces souvent dénaturée, cette expression symbolise généralement la peur de l’existence, au sein d’un état, de forces hostiles à celui-ci, préparant dans l’ombre sa perte par toutes sortes d’actions clandestines, guidant les armées ennemies en cas d’invasion etc.. La chose lie donc la traditionnelle peur des espions (ou espionnite) à une psychose, voire paranoïa d’une vaste traîtrise intérieure. Ainsi, les Français de 1939-1940 connurent cet état d’esprit qui, on s’en doute, ne facilite pas la conduite de la guerre (l’état doit démentir, mais sans toujours y parvenir complètement). Alors que celle-ci est de plus en plus psychologique (on ne la gagne plus seulement sur le champ de bataille), entretenir une peur latente du côté ennemi par de fausses nouvelles et/ou de vraies opérations est évidemment un but recherché par toutes les nations en guerre. Or la chose n’était pas sans fondement à l’époque dite: les Allemands utilisaient en effet des équipes de saboteurs précédant leurs armées, les fameux Brandenburgers. Ceux-ci utilisaient à l’occasion des complicités locales. L’on craignait ainsi l’aide donnée par des Luxembourgeois (donc parlant pour majorité également le Français) sympathisants, par exemple. 

La formule de « cinquième colonne » n’est pas très ancienne. Elle remonterait à la guerre civile espagnole (1936-1939), plus précisément à 1936. En cette première année de la guerre, les forces nationalistes montent à l’assaut de Madrid (qu’ils ne prirent cette fois pas), en quatre colonnes. C’est à ce moment que le général Queipo de Llano y Sierro déclare qu’à ces forces, il faudrait ajouter une cinquième colonne, constituée des partisans nationalistes à Madrid même. On imagine aisément l’effroi que peut procurer une telle déclaration, surtout si elle est faite avec aplomb et relayée. D’ailleurs le général Mola, un des collègues de Llano y Sierro, reprit l’expression à la radio, lorsqu’il commenta l’attaque. Voilà l’origine de l’association de trois mots, trois mots promis à un grand avenir et sur-le-champ popularisés aux Etats-Unis par Hemingway (1938) et en France, on l’a dit. D’ailleurs la traduction du titre du film Saboteur de 1942 (Hitchcock) n’y est autre que… 5e colonne (affiche en image).

La fameuse affiche.

Bibliographie:

-FREMEAUX (Jacques), Les peuples en guerre. 1911-1946, Paris, Ellipses, 2004, 206 p.
-MIQUEL (Pierre), La Seconde Guerre mondiale, Paris, Fayard, 1996, 651 p.

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