La guerre de succession de Bavière (1778-1779)

Restons quelque peu dans le monde allemand avec une guerre peu connue.

Contexte: 

Dans l’Europe moderne (c’est à dire de la Renaissance à la Révolution française), essentiellement gouvernée par des souverains, les successions sont toujours des temps difficiles, qui attisent les convoitises des voisins… Particulièrement quand un chef d’état meurt sans héritier direct. C’est ce qui arrive en 1777, année où le prince-électeur (il vote pour l’élection du chef du Saint-Empire) de Bavière, le plus grands des états allemands du sud Maximilen III passe de vie à trépas.

Or, son puissant voisin autrichien, qui lorgne depuis longtemps sur son riche pays, croit venu le moment de s’en emparer une bonne fois pour toutes. Pour cela, Vienne décide de soutenir le plus proche héritier du défunt Maximilien: Charles-Théodore de Palatinat. Ce dernier, voulant renforcer son état (le Palatinat, situé sur le Rhin) se déclare prêt à échanger la Bavière contre une partie des Pays-Bas autrichiens (l’actuelle Belgique) et ainsi former une puissance rhénane renforcée. L’accord est accepté et signé en décembre 1777: aussitôt les troupes autrichiennes pénètrent dans le pays, pour en prendre possession comme convenu.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là… En effet, c’était sans compter la Prusse de Frédéric II. Le « vieux Fritz » règne sur une puissance émergeante qui tente de limiter la domination de l’Autriche en Allemagne et à terme la supplanter: « Je prévois qu’il faudra bien employer l’épée » avait peu de temps auparavant prédit le vainqueur de la guerre de Sept Ans. Frédéric II prend alors le parti du second successeur au trône bavarois: le prince-électeur de Saxe, Frédéric-Auguste III et, avec son aide, envahit la Bohème, alors possession autrichienne, et située en actuelle République Tchèque.

Un portrait de Frédéric II durant la guerre, avec un médecin de campagne, par Bernhard Rode. Crédit photo: wikipédia.

 

Une guerre sans réels combats: 

Pourtant cette guerre ne connaît pas d’affrontement titanesque ni de réponse franche… Et se révèle être un conflit où les belligérants n’osent pas livrer de bataille décisive. Ils se retranchent les uns face aux autres et se contentent d’escarmouches ou d’attaques sur les lignes de ravitaillement, d’où ce surnom approprié de « guerre des pommes de terre » (Kertoffelkrieg). La plupart des morts le furent par maladie (comme souvent dans les conflits de l’époque d’ailleurs).

Bien vite les frais engagés se révèlent être dépensés inutilement, et la diplomatie prend le relais du sabre. France et Russie apportent leur médiation, et  le traité de Teschen (1779) met fin à la courte guerre de succession de Bavière selon les termes suivants:
L’Autriche doit abandonner les terres bavaroises en ne gardant comme lot de consolation que le petit territoire de l’Innviertel (120.000 habitants) situé entre les cours d’eau Inn et Danube.
-De son coté Charles-Théodore devient électeur de Bavière selon l’ordre normal de succession et il n’est plus question d’échange avec les Pays-Bas pour créer un état rhénan. Pourtant, il agglomère sa nouvelle possession avec le Palatinat (on parle dès lors de Palatinat bavarois).
-L’électeur de Saxe reçoit une compensation financière pour son engagement infructueux.

Enfin, la Prusse en ressort encore grandie après ses succès importants de la guerre de Sept Ans (1756-1763). En plus d’avoir arrêté l’Autriche, elle obtient un droit sur les territoires d’Ansbach et de Bayreuth situés dans le sud de l’Allemagne et gouvernés par une branche cadette de la famille régnante en Prusse, les Hohenzollern, sur le point de s’éteindre. Par là même, elle pénétrait plus avant dans le reste de l’Allemagne, ce qui se poursuivit jusqu’à l’unification de 1871.

Bibliographie : 

-BLED (Jean-Paul), Histoire de la Prusse, Paris, Fayard, 2007, 475 p.

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