Les Italiens et l’Ethiopie, d’Adoua à la Seconde Guerre mondiale : II) Les combats de 1895-1896 et la bataille d’Adoua

L’entrée en campagne

On l’ a vu, au début des années 1890, les relations italo-éthiopiennes se sont progressivement dégradées. De plus, Ménélik a fait appel à de l’aide venue de France: des conseillers, d’anciens officiers, mais aussi des achats d’armes (fusils et canons). Les ingérences italiennes le lassent et il espère se passer de leur présence envahissante.

Le point de non-retour est atteint fin 1894-début 1895: des affrontements encore limités ont lieu entre les deux armées. Les combats sont assez indécis car les distances sont très grandes, le réseau de routes balbutiant, les pluies et la nature du terrain empêchent d’aller vite. Si le détail des accrochages entre patrouilles nous intéresse peu ici on retiendra que, les mois passant, l’affaire tourne à l’intervention militaire en bonne et due forme de la part du gouvernement de Rome. Le négus a fait savoir qu’il ne tolérerait plus la moindre présence italienne en Ethiopie, et l’équipe de Crispi a décidé d’envoyer un véritable corps expéditionnaire soutenir les actions du général Baratieri qui commande sur place.

Le coût financier est très grand car le théâtre des opérations est loin de l’Italie et le climat ainsi que le terrain ne sont pas favorables à une campagne militaire. Toutefois Crispi désire désormais une grande bataille contre les Éthiopiens. Il espère une victoire retentissante qui lui permettra de faire taire les critiques qu’il essuie au parlement et décider ainsi du sort de la campagne.

Le

Le « Petit Journal » du 28 août 1896. Le supplément illustré du dimanche évoque à plusieurs reprises la défaite italienne.

La bataille d’Adoua 

Là encore, les semaines passent et l’indécision domine: les plans ne sont pas très précis, les engagements nombreux et sans grands résultats. Les Éthiopiens, au fil des mois, ont eu le temps de se renforcer, mais les deux armées souffrent de grands problèmes d’approvisionnement et de logistique. Finalement l’affrontement voulu par Crispi va se dérouler début mars 1896 à Adoua, dans la région du Tigré. La place est assez proche de la colonie italienne d’Erythrée vers où se sont retirées les forces italiennes et les renforts sont attendus d’un jour à l’autre depuis la métropole.

Baratieri a placé ses hommes sur une position plutôt bonne et facile à défendre. Il dispose de près de 18.000 hommes et 56 canons, mais sans cavalerie. Face à lui, 120.000 hommes, dont une partie non négligeable a des fusils, et 46 canons. Outre cette infériorité numérique criante, résultant d’une assez bonne concentration des forces du négus, les troupes éthiopiennes connaissent très bien le terrain et vont bénéficier d’une erreur du commandement italien.

Celui-ci a en effet dangereusement séparé ses forces déjà limitées, en trois colonnes qui se sont trop éloignées les unes des autres. Elles sont donc attaquées successivement et battues, même si les combats durent des heures et que les Italiens se défendent bien. D’ailleurs s’ils perdent près de 6000 hommes dans l’affaire, soit un tiers de leurs effectifs, ils tuent 5.000 éthiopiens et en blessent le double. De plus, ils peuvent retraiter en bon ordre vers l’Erythrée et ce n’est pas une déroute. 

Conséquences

Là ils sont rejoints par les fameux renforts arrivés d’Italie, suffisamment nombreux et armés pour dissuader Ménélik d’attaquer. Adoua n’est donc pas une catastrophe comme elle est parfois décrite, et une reprise de l’offensive avec ces troupes fraîches était tout à fait envisageable.

Toutefois, entre temps, le gouvernement Crispi est tombé et la défaite a eu des conséquences symboliques qui dépassent son propre cadre militaire. Si ce n’est pas la première fois qu’une armée européenne a subi des revers en Afrique, elle permet à Ménélik d’asseoir son autorité et de négocier en position de force avec les Italiens dont on a dit le changement de gouvernement. Celui-ci se recentre alors sur les difficultés intérieures et se tourne vers d’autres horizons.

L’Ethiopie reste donc indépendante, et ce jusqu’à la conquête réalisée en 1935-36 que nous verrons dans les semaines qui viennent.

Bibliographie utilisée (qui n’a pas pour but d’être exhaustive):

Synthèse que je trouve moyenne (beaucoup d’aspects manquent) mais utile:

-AVENEL (Jean-David) et PAOLETTI (Ciro), L’empire italien. 1885-1945, Paris, Economica, 2014, 156 p.

Pour les mutations longues et le cadre proprement italien:

-PECOUT (Gilles), Naissance de l’Italie contemporaine. 1770-1922, Paris, Armand Colin, 2004, 407 p.

Sur les armes, le matériel et les opérations, un bon fascicule Osprey:

-MCLACHLAN (Sean), Armies of the Adowa Campaign, 1896, Oxford, Osprey publishing, coll. « Men-at-arms », 2011, 48 p.

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