La bataille de Caporetto: II) Préparation et déclenchement

La création de la quatorzième armée 

On l’a dit précédemment, le but des commandements austro-hongrois et allemand n’est pas de monter une immense offensive dans un secteur difficile d’accès, mais de conduire une attaque aux moyens et objectifs limités, pour relâcher la pression sur un front où l’armée impériale et royale menace de s’écrouler à moyen terme. Une armée est donc créée pour l’occasion, la XIVe, avec 7 divisions allemandes et 8 austro-hongroises.

L’idée est de surgir depuis deux têtes de pont: Tolmino (attaque principale) et Plezzo (diversion), avec de nouvelles méthodes de combat pour cette région. On parle là de l’emploi du gaz (connu depuis 1915 dans les Flandres) et de petites unités chargées de s’infiltrer pour désorganiser le dispositif italien, phénomène à replacer dans un contexte plus large (1). Plutôt que de partir à l’assaut en vagues serrées et très facilement atteignables par le feu des mitrailleuses, il est décidé de lancer en avant des colonnes très entraînées et elles aussi dotées d’armes automatiques, comme des mitrailleuses légères. 

De plus, ayant appris des batailles passées, notamment Verdun, l’Allemagne fait le choix de renoncer à une longue préparation d’artillerie (parfois de plusieurs jours auparavant), somme toute peu efficace et qui laisse le temps à l’ennemi d’organiser sa défense, notamment en deuxième ligne. Le tout est couplé à une intense recherche de renseignement sur le terrain: passage en revue de cartes, de photos aériennes, patrouilles, interception des communications radio italiennes mais aussi avec l’aide d’informateurs. Les assaillants connaissent donc le terrain sur lequel ils vont se battre.

Le plan du début de la bataille sur le site du ministère de la Défense italien. http://www.esercito.difesa.it/storia/pagine/o12-battaglia-caporetto.aspx

Le début de la bataille

Ainsi, quand débute la bataille le 24 octobre 1917, les Alliés profitent de l’effet de surprise. En effet, ils limitent leurs tirs de préparation d’artillerie à quelques heures dans la nuit du 23 au 24 et ont la chance d’être couverts par une légère brume.

Côté italien, les troupes ont été mises en défense depuis la mi-septembre, mais sans ordre précis, de manière très générale. Le commandant en chef Luigi Cadorna ne croit en effet pas à la probabilité d’une offensive « de grand style » adverse et a négligé ce volet, comme la création d’une réserve pour se porter sur un point du front qui viendrait à rompre. Toutefois, contrairement à ce qui a souvent été écrit sur lui, il n’est pas le seul responsable. Ainsi, ses subordonnés n’ont pas réellement suivi ses ordres. Citons l’exemple du général Capello à la tête de la IIe armée: il a tout simplement désobéi et laissé ses hommes en position offensive ! A leur décharge, c’est une guerre d’attaque que tous ces hommes menaient depuis 1915, et changer de posture mentale ainsi que sur le terrain n’était pas simple. Il n’empêche que leur outil militaire n’est pas prêt quand l’attaque débute, et le front va rapidement rompre.

Notons toutefois que Cadorna n’a pas réellement vérifié sur le terrain si ses directives avaient été suivies, ce qui aurait pu éviter certains problèmes.

Caporetto (Kobarid) et les montagnes environnantes aujourd’hui, en Slovénie. Photo de l’auteur (avril 2019).

Caporetto (Kobarid) et les montagnes environnantes aujourd’hui, en Slovénie. Photo de l’auteur (avril 2019).

Bibliographie consultée (sans but d’exhaustivité):

L’essentiel des livres est sans surprise en italien. Je conseille la lecture de Giorgio Rochat à ceux qui maîtrisent cette langue, il est très facile d’accès, plus que son collège Isnenghi à mon sens (voir qui a écrit quel chapitre en table des matières). Le deuxième livre est une histoire-bataille à l’ancienne, fouillée, bien illustrée et coordonnée par le service historique militaire italien.

-ISNENGHI (Mario) et ROCHAT (Giorgio), La grande guerra, Bologne, Il mulino, 2014 (4e édition), 586 p.

-GASPARI (Paolo), « La battaglia di Caporetto il 24 ottobre 1917 » dans La grande guerra italiana. Le battaglie, Udine, Gaspari, 2015, 255 p.

Liens:

1: Voir par exemple les arditi: https://antredustratege.com/2015/06/01/les-arditi-italiens-i-origines-et-formation/

Caporetto en jeu vidéo: https://www.wargamer.fr/la-bataille-de-caporetto-a-travers-to-end-all-wars/

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