La lutte contre le brigandage
L’une des missions de la gendarmerie sous le Consulat et l’Empire, dans le sillage des réformes de la toute fin du Directoire, est de ramener l’ordre dans les campagnes (même s’il y a des gendarmes urbains). Par leurs patrouilles et leur implantation sur tout le territoire via leurs brigades, les gendarmes, dont on a dit le meilleur état moral et matériel, constituent une présence visible de l’État dans biens des lieux. Ils enquêtent sur les brigands et les vagabonds à l’aide des garde-champêtres et autres personnes d’importance de la vie rurale (cantonniers, éclusiers, cabaretiers et aubergistes).
L’époque, et tout le XIXe siècle en général, est très sévère contre les marginaux. Les bourgeois, qui soutiennent le régime tant qu’il permet la bonne marche des affaires, en particulier ne supportent pas les vagabonds. Ils sont le symbole inverse de ce qu’ils représentent et ce miroir les dégoûte, les effraie. Plutôt que de réfléchir vraiment sur leur condition et les raisons de leur présence (ce sont des marginalisés jetés sur les routes par la pauvreté), on lutte contre eux et ce avec efficacité. Le Code civil insiste sur le respect des biens et des personnes et la gendarmerie participe à son application, à sa bonne marche. Au-delà de ces considérations, les historiens estiment que les hommes de Radet et Moncey ont grandement contribué à la sécurité des zones rurales françaises, marquées par un grand banditisme dans les dernières années de la Révolution.
L’encadrement des mobilisations et la lutte contre l’insoumission
Toutefois, les gendarmes sont accaparés par d’autres tâches qui gênent la bonne marche de ce qui a été dit plus haut. Ils sont en effet aussi chargés d’encadrer les mobilisations et la conscription. Comme l’armée de Napoléon compte plusieurs centaines de milliers d’hommes, qu’il y a des levées (des appels) tous les ans (et parfois plusieurs par an), la tâche est ardue. De plus, les gendarmes luttent aussi contre les réfractaires. On parle d’insoumission, soit le refus du service militaire. Ce phénomène est important dans les dernières années de l’Empire, même si les historiens ont montré que Napoléon est moins « dévoreur d’hommes » que ses adversaires ont bien voulu le dire.
Il n’en reste pas moins que l’Empire ayant besoin de troupes, lève beaucoup d’hommes à partir de 1812, notamment après le désastre de Russie. Certaines régions se révèlent les plus rétives comme le Massif central, l’Aquitaine ou une partie de l’ouest. Les gendarmes sont donc envoyés traquer les réfractaires, avec des moyens toujours plus grands et non sans violences. Cela crée une très forte tension avec les populations locales et donne une image d’eux très négative, alors que beaucoup ont fait la guerre et sont morts sur les champs de bataille, comme nous le verrons.
Bibliographie consultée (sans but d’exhaustivité):
Il existe plusieurs livres sur la question (Antoine Boulant, Jacques-Olivier Boudon ont écrit sur le sujet, Jean-Noel Luc aussi). Pour ma part, j’ai consulté le synthétique et très sérieux :
-ALARY Éric, Histoire de la gendarmerie, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2011, 320 p.
Pour la conscription et le refus de servir, j’ai utilisé l’excellent:
-CRÉPIN Annie, Histoire de la conscription, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », 2009, 528 p.