La révolution belge de 1830: III) Le déclenchement

Le soulèvement d’août 1830

La chronologie a une certaine importance: le 9 août 1830, Louis-Philippe prend le pouvoir en France, et on a dit que cette révolution précédait et inspirait d’autres mouvements en Europe. En Belgique, le même mois est très agité et débouche le 25 sur des événements révolutionnaires à Bruxelles, dont le point de départ est lié à une représentation de la Muette de Portici, un opéra où l’amour de la liberté est largement évoqué. Elle donne l’impulsion décisive, même si ce n’est que le « déclic » et pas la raison principale. Tout de même, de l’interprétation de la Marseillaise dans les théâtres pendant la Révolution au rôle de la musique de Verdi pendant le Risorgimento, il y aurait beaucoup à dire sur musique et politique, musique et révolution au XIXe siècle…

Pour l’heure, Bruxelles est en révolte et celle-ci prend au dépourvu les autorités néerlandaises mal organisées et qui craignent d’attiser la révolte en réagissant de manière trop vive. L’absence de réaction rapide fait que le mouvement s’étend aux autres grandes villes de Belgique, où protestations sociales et politiques se mêlent. Les différences de langue, de religion, de statut social sont un temps oubliées et la lenteur de l’armée des Pays-Bas à intervenir laisse une vacance du pouvoir qui va rapidement être comblée. Ceux qui voulaient rester dans le cadre de la légalité vont peu à peu être marginalisés par les plus extrémistes qui prennent la tête des événements.

Des patriotes venus des grands centres urbains se rassemblent dans la capitale et s’apprêtent à soutenir le choc qui tarde à arriver, du fait de confusions et de tentatives avortées de négociation. Quand l’attaque néerlandaise a enfin lieu le 22 septembre à Bruxelles, elle est mal conduite. Les armées de l’époque n’ont pas l’habitude du combat urbain et les troupes du roi Guillaume se retrouvent face à des tireurs embusqués, des barricades, et sans soutien d’artillerie. Le prince Frédéric qui les commande espère une réconciliation et ne veut pas bombarder la ville. 

Détail de « Épisode des Journées de septembre 1830 sur la place de l’Hôtel de Ville de Bruxelles » par Gustave Wappers. Célèbre tableau de 1835 revenant sur la révolution. Il est conservé au musée royal des Beaux-Arts de Belgique. Photo de l’auteur (juillet 2016)

Détail de « Épisode des Journées de septembre 1830 sur la place de l’Hôtel de Ville de Bruxelles » par Gustave Wappers. Célèbre tableau de 1835 revenant sur la révolution. Il est conservé au musée royal des Beaux-Arts de Belgique. Photo de l’auteur (juillet 2016)

La déclaration d’indépendance

Sa défaite est terrible, surtout symboliquement et politiquement. Elle ne fait que renforcer le processus de perte d’autorité des Pays-Bas. Dans la foulée de la victoire, dès le 25, un gouvernement provisoire est constitué qui déclare le 4 octobre l’indépendance des provinces Belges qui doivent former un nouvel État. La réalité du pouvoir est détenue par un Comité central plus réduit que le gouvernement et qui prend des décisions dans tous les domaines rapidement: nominations civiles et militaires,  bases d’un financement, reconnaissance de son autorité (non sans mal) par les autres villes, organisation d’un système électoral pour légitimer son pouvoir par le biais d’élections.

Un embryon d’État est donc rapidement créé, qui se dote d’une armée. Les patriotes volontaires sont très difficilement encadrés car le manque d’officiers et de sous-officiers est criant, et leur indiscipline grande. Ils forment tout de même les premiers régiments de l’armée belge, alors que des recruteurs parcourent le pays pour trouver des hommes. Ce sont généralement des pauvres qui s’engagent, mais aussi certains Français et des anciens soldats néerlandais. Si le matériel fait défaut, une douzaine de régiments est tout de même disponible à la mi-octobre 1830, ce qui est loin d’être négligeable. Ces soldats vont devoir affronter l’armée néerlandaise repoussée mais pas totalement vaincue. 

Bibliographie consultée (sans but d’exhaustivité):

La référence synthétique la plus scientifique et récente est l’indispensable Nouvelle histoire de Belgique. On pourra aussi se référer à l’étude du professeur Romain Yakemtchouk, qui analyse les choses sous l’angle franco-belge.

-WITTE (Els), Nouvelle histoire de Belgique. 1828-1847. La construction de la Belgique, Bruxelles, Le cri, 2017, 235 p.

-YAKEMTCHOUK (Romain), La Belgique et la France. Amitiés et rivalités, Paris, L’Harmattan, 2010, 297 p.

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