Les Gaulois et la guerre: V) pillage et mercenariat

Des mercenaires

Les Gaulois sont des guerriers respectés dans le monde antique pour leurs capacités militaires. De plus, leurs tactiques de combat portées sur l’offensive (voir article précédent) en font de bons candidats pour des peuples disposés à se payer les services de troupes ne reculant pas devant le danger et désireuses de s’enrichir (voir ci-dessous). Ces raisons expliquent qu’ils soient recrutés comme mercenaires dans tout le bassin méditerranéen et ce dès les guerres entre Étrusques et Romains du Ve siècle avant JC, servant les premiers contre les seconds. On le retrouve par la suite jusque dans la lointaine Égypte des Lagides, ou dans les armées du Carthaginois Hannibal, en passant par la Grande Grèce.

Pour ce faire, ils passent de vrais contrats avec leurs employeurs, fixant à l’avance le montant de leur rémunération. Mieux vaut pour ces derniers éviter les mauvaises surprises, les mercenaires étant nombreux, armés, et en capacité de ruiner champs et villes, de piller et de tuer la population des mauvais payeurs. Certains dirigeants recourent beaucoup à leurs services, comme Denys de Syracuse, dirigeant grec de Sicile opposé à Carthage. Toutefois, ce dernier prend soin de les mélanger à d’autres peuples comme des Ibères et des Thraces. Il y perd en coordination ce qu’il y gagne en reflux d’un risque de révolte de la part de peuples très différents et s’entendant mal entre eux.

Généralement, les mercenaires Gaulois sont employés de manière frontale, perdant beaucoup d’hommes dans des chocs sanglants au sein de grandes batailles. Ils apprennent malgré cela à évoluer au sein de vraies armées et se nourrissent des contacts avec les autres peuples rencontrés, ramenant en Gaule certaines idées et expériences. On sait aussi que certains peuples gaulois n’hésitent pas à recruter d’autres Gaulois plus « spécialisés » qu’eux dans l’art de la guerre, ce qui en dit long sur le visage multiple de ces groupes humains, loin des clichés. Toute cette compétence ne disparaît pas avec la fin de l’indépendance gauloise: on retrouve des Gaulois du côté de César et les empereurs surent très bien utiliser leurs formidables capacités guerrières pour leurs conquêtes ultérieures. Du temps de leur liberté politique, le mercenariat joue également un grand rôle économique.

Les gains du pillage 

La guerre occupe ainsi une place centrale chez les Gaulois en ce qu’elle permet d’engranger des bénéfices, notamment par le biais des pillages. Il ne se distinguent là pas de beaucoup de peuples non-Grecs et non-Romains, ces derniers n’hésitant d’ailleurs pas à piller eux aussi. Ce qui est différent des butins romains gagnés pendant des campagnes militaires assez clairement définies, poursuivant un but politique, est toutefois le fait que les Gaulois organisent des expéditions guerrières pour obtenir des denrées et des richesses qu’ils ne possèdent pas.

Leur structure économique ne permet en effet pas d’avoir assez de biens manufacturés, ni même parfois de nourriture. Il faut donc l’obtenir par le commerce, mais, faute de biens à échanger, cela n’est pas suffisant. L’utilisation de la force est donc justifiée par ce manque: il faut aller chercher des biens, ou des biens à échanger, là où ils sont disponibles. Il s’agit aussi d’êtres humains, réduits en esclavage (puis vendus), pratique très répandue chez les peuples du bassin méditerranéen durant toute la période antique, qu’ils soient « barbares » ou non. Une sorte de cercle vicieux se met ensuite en place, car l’accès plutôt facile à ces ressources augmente en retour les appétits des peuples gaulois, et donc les pillages.

Pendant de longs siècles, qui correspondent en grande partie à l’âge du fer, il s’agit d’expéditions montées autour de ce but. Si certaines sont proches, d’autres sont plus ou moins lointaines des territoires gaulois (Italie, Macédoine, Grèce…) et nécessitent de vrais préparatifs. Il s’agit d’armées de milliers d’hommes s’emparant des biens de valeur, des troupeaux, faisant des captifs. Les troupes sont suivies de marchands leur achetant directement les richesses ainsi récupérées ! Si certains peuples comme les Belges pratiquent ce type d’opérations jusqu’à la conquête romaine (en Germanie), la plupart des Gaulois se vend toutefois comme mercenaire auprès d’autres peuples à partir de la fin du Ve siècle avant JC. Les pillages interviennent alors au sein des opérations militaires et constituent souvent une part de leur rémunération. Les gains sont généralement considérables, les Gaulois étant d’excellents guerriers. Certains peuples comme les Gésates stoppent même leurs productions propres, devenues inutiles.

Bibliographie :

-BRUNAUX Jean-Louis, Les Gaulois, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2020, 476 p.

-Cours de Licence 3 (2009-2010) sur l’Égypte des Lagides, ICP.

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