Un événement dans son contexte
Bien connue en France, l’année 1848 est celle de la chute de la monarchie de Juillet et de l’avènement de la IIe République. Toutefois, elle est trop souvent prise isolément et sortie de son contexte européen, alors que cette période révolutionnaire est loin de se résumer à la seule année 1848 et à la France. Ainsi, il convient de la rattacher à un mouvement de fond plus global de montée des sentiments nationaux, de contestation des décisions du congrès de Vienne.
S’il culmine avec le « printemps des peuples », ce mouvement ne vient pas de nulle part. Des émeutes et autres révoltes ont lieu avant 1848 en Europe, et cette année ne clôt pas le cycle de révoltes et révolutions. Ainsi, l’année 1849 qui va nous intéresser voit un événement d’importance survenir à Rome : la proclamation d’une République. Si celle-ci est finalement éphémère (elle ne dure que quelques mois), elle est pourtant d’une grande importance dans l’histoire italienne et fait partie intégrante du Risorgimento, ce complexe processus d’unification de l’Italie dont les racines remontent à la fin du XVIIIe siècle et qui ne s’achève qu’après la Première Guerre mondiale, voire au-delà. Avant de se pencher sur ces événements, il convient tout d’abord de revenir sur l’état de l’Italie en 1848.

Portrait du révolutionnaire italien Mazzini pendant la République romaine de 1849. Conservé au Museo Centrale del Risorgimento, il est tiré d’une oeuvre d’Emily Ashurst Hawkes.
Photo de l’auteur (12 avril 2017)
L’Italie en 1848
En 1848, l’Italie est plus une expression géographique qu’une réalité politique. La Botte reste divisée en de nombreux États, après un début d’unité sous le contrôle de la France durant les guerres napoléoniennes. Cette tutelle française a eu toutefois pour conséquence (comme en Allemagne) un début de prise de conscience de l’existence de points communs entre tous les habitants de l’Italie, surtout de la part de certaines élites. Cette présence étrangère rejoint des préoccupations culturelles puis politiques proprement italiennes, et tout n’est pas à mettre au crédit plus ou moins volontaire de la France. Comme penseur d’influence, citons le révolutionnaire Giuseppe Mazzini, qu’on va retrouver dans l’affaire qui nous intéresse.
Toutefois, malgré des tentatives dans les années 1820 et 1830, l’idée d’unification n’est pas encore totalement mature ni présente dans l’esprit de tous les Italiens alors que le XIXe siècle arrive à sa moitié. De plus, sa traduction politique n’est qu’à peine entamée : au nord, le royaume de Lombardie-Vénétie est aux mains de l’Autriche, et deux duchés sous son influence subsistent encore (Modène et Parme). Plus au sud le grand-duché de Toscane et les États de l’Eglise font la séparation avec le royaume des Deux-Siciles, qui s’étend sur une grande partie de la Botte. Les souverains de ces États sont plutôt autoritaires. L’exception provient du plus septentrional Piémont-Sardaigne, dont le roi a adopté le Statuto en 1848, qui fait de lui un monarque plus constitutionnel que les autres. Le rôle de ce royaume dans l’unité italienne est bien connu à partir de cette date et surtout de 1859. Il ne doit pourtant pas faire oublier que le pape a longtemps été vu comme une potentielle solution et qu’une importante révolution a lieu dans ses États en 1849, ce que nous allons étudier.
Bibliographie indicative :
-MILZA (Pierre), Garibaldi, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2014, 731 p.
-PECOUT (Gilles), Naissance de l’Italie contemporaine. 1770-1922, Paris, Armand Colin, 2004, 407 p.
-VILLARI (Lucio), Bella e perduta. L’Italia del Risorgimento, Roma-Bari, Laterza, 2009, 345 p.
[…] du pape est menacé. Le souverain pontife doit fuir et une République romaine est proclamée: https://antredustratege.com/2021/06/13/la-republique-romaine-de-1849-introduction/Un épisode est ici montré par Filippo Vittori : un patriote italien, blessé à mort par les […]
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