La République romaine de 1849. Le pape, l’Italie et le printemps des peuples

Pie IX et ses réformes

J’ai précédemment rappelé que les révolutions de 1848-1849 ne sortaient pas de nulle part en Italie, et s’inscrivaient dans un terreau propice à la contestation alors que les décennies précédentes avaient déjà connu des révoltes et des manifestations bruyantes.

Toutefois, la tension monte d’un cran dans toute la Botte en 1846-1847. Pendant ces années décisives, plusieurs souverains y réagissent en partie et accordent de plus ou moins bonne grâce de nouveaux droits politiques, dont le nouveau pape Pie IX élu en 1846. Les États de l’Église sont alors gangrenés par la corruption et une administration des plus inefficaces. Par ses réformes, le souverain pontife entend surtout les moderniser pour assurer leur survie, et pas vraiment aller vers un régime parlementaire et/ou démocratique. Toutefois, ce faisant, il passe à tort pour un « pape libérateur » et même fédérateur. L’idée de fédérer les Italiens autour de sa personne ne paraît alors pas incongrue et devient bientôt un mouvement politique qui le dépasse.

Dès l’été 1846, des manifestations patriotiques éclatent dans les principales villes pontificales. Si certaines sont spontanées, d’autres sont contrôlées par des patriotes comme Mazzini, qui jugent l’occasion trop belle de mobiliser les Italiens pour ne pas la saisir. Ces manifestations noyautées par les patriotes prennent rapidement un tour antiautrichien et dépassent les frontières des États de l’Église, ce que n’avait pas souhaité le pape. Nourries à leur tour des autres révolutions de 1848, elles vont déboucher sur une série de troubles révolutionnaires majeurs.

Casque d’officier de la garde civique de Pie IX, 1847. Photo de l’auteur (12/04/2017) au Museo Centrale del Risorgimento (Rome)

Le printemps des peuples en Italie

Les événements qui secouent les États de l’Église en 1848-1849 et qui vont conduire à la proclamation d’une république romaine ne peuvent en effet pas être isolés du contexte italien et même européen, et doivent s’analyser à plusieurs échelles. Ainsi, l’année 1848 est révolutionnaire dans presque toute l’Europe et pas seulement dans la région de Rome. De plus, les différents épisodes révolutionnaires s’interpénètrent car les idées et les personnes circulent. Ils ont donc une influence les uns sur les autres.

Or, la tension qui monte tout au long de l’année 1847 éclate début 1848 dans toute l’Italie. Ainsi, dès janvier des grèves et des troubles secouent la grande ville de Milan, sous domination autrichienne. D’ampleur limités, ils ne sont toutefois pas uniques. Plus au sud, des appels à la révolte contre le pouvoir autoritaire des Bourbons de Naples fleurissent à Palerme, en Sicile le même mois. Ils interviennent donc avant la chute des Orléans en France, qui est moins le moteur des révolutions de 1848, comme on le dit trop souvent, qu’un accélérateur. On le voit, les motivations diffèrent d’une région à l’autre de l’Italie, qui ne connaissent pas les mêmes problèmes.

Pourtant, c’est bien du royaume des Deux-Siciles que vient la vague proprement révolutionnaire et qui va imprimer sa marque aux autres. Les révolutionnaires réclament plus de droits politiques et cet exemple fait tache d’huile dans d’autres États italiens, notamment dans le royaume de Piémont-Sardaigne qui réagit et se libéralise en 1848. Plus puissant que les autres, il fait déjà figure de modèle pour certains patriotes du fait de cette force, de ses réformes et de l’adoption du drapeau tricolore.

Or, à la mi-mars, à l’heure où Vienne rentre à son tour en révolution (une partie de la population rejetant le néo-absolutisme et la présence du ministre Metternich au pouvoir depuis l’époque napoléonienne), l’Italie réagit à son tour, y voyant la possibilité de chasser les Habsbourg du nord de la péninsule, qu’ils occupent. Bientôt, ce qui va devenir une guerre ouverte va se répercuter sur le pouvoir du pape.

Bibliographie indicative : 

-MILZA (Pierre), Garibaldi, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2014, 731 p.

-PECOUT (Gilles), Naissance de l’Italie contemporaine. 1770-1922, Paris, Armand Colin, 2004, 407 p.

-VILLARI (Lucio), Bella e perduta. L’Italia del Risorgimento, Roma-Bari, Laterza, 2009, 345 p.

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