L’indépendance de la Belgique: III) Le dénouement final
Retour aux négociations
La trêve ramène les parties en présence sur la table des négociations de la conférence de Londres, toujours en cours. Si le roi des Pays-Bas a dû retirer son armée sous la pression des puissances, celle-ci a montré qu’elle avait de réelles capacités militaires. Fort de cet atout, il se trouve en meilleure position que quelques mois auparavant. Les Belges, qui doivent leur salut à l’armée française et le savent, sont obligés de revoir leurs prétentions à la baisse, notamment territoriales. Ainsi, le Luxembourg et le Limbourg ne lui reviennent pas totalement comme espérés, mais seulement une partie. Les puissances décident que Maastricht demeure néerlandaise et que le reste du grand-duché soit toujours considéré comme une possession personnelle de Guillaume.
L’indépendance de la Belgique: II) La reprise des combats
Guillaume Ier se résout à la guerre
Le roi des Pays-Bas, mécontent des résultats de la conférence de Londres et persuadé d’avoir été abandonné par les Britanniques, prend donc la décision de recouvrer les territoires qu’il est en train de perdre en recourant à nouveau à la force. Les litiges territoriaux avaient constitué, souvenons-nous, une pierre d’achoppement des pourparlers de la conférence et le sort de nombreux territoires reste encore en suspens début 1831. Or, les dernières négociations attribuent à la Belgique le Luxembourg et le Limbourg néerlandais.
L’indépendance de la Belgique: I) Les résultats de la conférence de Londres
La révolution belge de 1830 ne signifie pas l’indépendance pleine et entière. Les événements y conduisant dépassent largement le cadre de cette année. Le dernier billet avait été l’occasion de rappeler l’ouverture de la conférence de Londres devant régler la question belge, et la trêve proclamée sur le terrain à cette occasion. C’est pourquoi nous revenons à présent sur les faits ultérieurs qui débouchent sur l’arrivée d’un nouvel État dans le concert européen.
La révolution belge de 1830: VI) Vers une reconnaissance internationale de la Belgique
Le déclenchement de la révolution belge, nous l’avons vu, se situe en 1830. Toutefois, les événements débordent du cadre de cette année et se poursuivent en 1831 et même après, ce qui sera traité à part.
La conférence de Londres
L’histoire n’est pas écrite d’avance et si l’on se replace dans le contexte de l’époque, deux possibilités sont offertes aux puissances: intervenir militairement pour rétablir le statu quo ante ou négocier. C’est la seconde opinion qui prévaut finalement, avec le déclenchement de la conférence de Londres le 4 novembre 1830. En fait, les puissances doivent composer avec les événements qui se sont déroulés depuis l’été.
La révolution belge de 1830: IV) L’internationalisation du conflit
Le bombardement d’Anvers
Malgré les événements guerriers d’août et de septembre, des modérés essaient toujours de négocier avec le roi Guillaume, lui proposant de conserver un unique État avec de nouvelles frontières intérieures. Le sud des Pays-Bas gagnerait en autonomie et serait administré par le fils du roi, le prince d’Orange. Ceci qui permettrait notamment de conserver un marché intéressant pour l’économie nationale et de sauver l’essentiel côté néerlandais. Guillaume approuve ce projet, bien qu’il se voie encore comme le seul souverain de cet ensemble à venir. Il envoie son fils au sud pour organiser une nouvelle administration. L’idée des modérés est de stopper les révolutionnaires concentrés à Bruxelles alors que le roi n’agit que par calcul politique, espérant gagner du temps pour recouvrer le terrain perdu.
La révolution belge de 1830: III) Le déclenchement
Le soulèvement d’août 1830
La chronologie a une certaine importance: le 9 août 1830, Louis-Philippe prend le pouvoir en France, et on a dit que cette révolution précédait et inspirait d’autres mouvements en Europe. En Belgique, le même mois est très agité et débouche le 25 sur des événements révolutionnaires à Bruxelles, dont le point de départ est lié à une représentation de la Muette de Portici, un opéra où l’amour de la liberté est largement évoqué. Elle donne l’impulsion décisive, même si ce n’est que le « déclic » et pas la raison principale. Tout de même, de l’interprétation de la Marseillaise dans les théâtres pendant la Révolution au rôle de la musique de Verdi pendant le Risorgimento, il y aurait beaucoup à dire sur musique et politique, musique et révolution au XIXe siècle…
La révolution belge de 1830: II) La montée des contestations
La politique du roi des Pays-Bas
La révolution de 1830 ne doit pas faire penser a posteriori que le roi Guillaume 1er n’ait fait que des erreurs ou ait totalement méconnu son nouveau territoire. Son fils a notamment combattu à Waterloo où il fait ériger un monument en son honneur, à l’endroit où il aurait été blessé. C’est la fameuse butte du lion (voir photo). De plus, il réalise d’importants investissements financiers en Belgique, développe l’industrie et le commerce. Les chantiers défensifs qui se multiplient (Huy, fort d’Orange à Namur…) donnent aussi indirectement du travail et sont un symbole de sa présence.
La révolution belge de 1830: I) Le contexte
Largement méconnue par ses voisins français, l’histoire de la Belgique est également saturée de clichés auprès du grand public. Ce pays n’aurait pas d’histoire, serait une construction artificielle, serait voué à disparaître, mais également incompréhensible etc. N’y voyons pas de la malveillance, bien qu’une forme de condescendance puisse exister de la part de certains Français, mais plutôt un mélange de méconnaissance (que des programmes scolaires évoquant très peu ce pays n’aident pas à combler (1) ), et de facilité qu’il y a à se reposer sur des poncifs rassurants.
La gendarmerie sous le Consulat et l’Empire. VI) Vers un XIXe siècle contrasté
Un bilan contrasté
La période consulaire et impériale est finalement contrastée pour la gendarmerie. Elle sort clairement renforcée pour ce qui est de son organisation, de son assise juridique et de ses moyens. Ses missions ont été précisées, elle a permis au pouvoir de mieux administrer et contrôler le territoire. Le grand banditisme a reculé, les routes se sont faites plus sûres et cette arme a su prouver toute l’utilité de son caractère à la fois policier et militaire. Bon nombre de gendarmes ont un eu un rôle crucial bien qu’oublié dans l’encadrement des mobilisations et des armées en campagne, tout en payant l’impôt du sang sur le champ de bataille même. Enfin, les différentes gardes au statut un peu qui ont assuré la sécurité de la capitale durant la période sont les ancêtres plus ou moins directes de l’actuelle garde républicaine. Napoléon a aussi eu soin de veiller à la sécurité d’un Paris toujours mouvant, comme les révolutions du XIXe siècle vont amplement le montrer par la suite.
La gendarmerie sous le Consulat et l’Empire : V) un rôle politique ?
Le contexte
Dernier aspect à aborder, et pas des plus faciles: la gendarmerie de l’époque consulaire et impériale joue-t-elle le rôle d’une police politique ? Cette question posée par l’historien Éric Alary ne manque pas d’intérêt. Encore qu’il faille dès à présent en préciser les termes: il est impossible de voir dans le XIXe siècle des polices politiques telles que celles que déployèrent les régimes totalitaires du siècle suivant. Les moyens ne sont pas les mêmes, ni les buts, ni l’idéologie… À supposer qu’il y ait même une « idéologie » sous le Premier Empire, Napoléon n’ayant pas écrit de traité de bonapartisme. Une propagande cohérente, certaines idées bien arrêtées, une volonté de synthèse entre Révolution et ancien régime, oui. Tout un système de pensée théorisé, avec un appareil doctrinal, un parti unique et un bras séculier constitué d’exécuteurs de basses œuvres, non. Il n’en reste pas moins que les gendarmes remplissent un rôle politique à plusieurs reprises.