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La révolution belge de 1830: I) Le contexte

Largement méconnue par ses voisins français, l’histoire de la Belgique est également saturée de clichés auprès du grand public. Ce pays n’aurait pas d’histoire, serait une construction artificielle, serait voué à disparaître, mais également incompréhensible etc. N’y voyons pas de la malveillance, bien qu’une forme de condescendance puisse exister de la part de certains Français, mais plutôt un mélange de méconnaissance (que des programmes scolaires évoquant très peu ce pays n’aident pas à combler (1) ), et de facilité qu’il y a à se reposer sur des poncifs rassurants.

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Paris romantique, 1815-1848: critique et aspects militaires de l’exposition (Petit Palais)

Ma critique de l’exposition

Le contexte

Finalement assez mal connu des Français, hormis la période napoléonienne, le XIXe siècle revient sur le devant de la scène depuis plusieurs années et c’est tant mieux. Les expositions se multiplient, comme celle consacrée au Second Empire à Orsay il y a quelques années, les nouveaux programmes scolaires du lycée lui font honneur, la recherche scientifique est en plein renouvellement etc. Particulièrement intéressé par ce siècle qui est aussi celui de mes recherches personnelles (avec le début du XXe), c’est donc avec joie que j’ai accueilli la nouvelle de la tenue de Paris romantique 1815-1848 au Petit Palais et au musée de la vie romantique (jusqu’au 15 septembre 2019). Si le choix des dates paraît assez restreint pour évoquer un phénomène complexe et multiforme comme le romantisme, on est évidemment frappé par leur pertinence: de la chute de Napoléon à celle de Louis-Philippe. Entre ces deux bornes, la France a connu de multiples bouleversements politiques, culturels et sociétaux dont l’influence se fait encore sentir aujourd’hui et, il faut bien le dire, les événements majeurs sont à l’époque parisiens, dans une France bien plus centralisée que de nos jours. Non pas qu’il ne se passe rien dans les autres villes, où la création culturelle peut être riche, ni dans les campagnes où vivent alors la majorité des Français (jusqu’en 1931 rappelle l’INSEE) mais le ton est donné par la capitale. M’attendant à voir surtout des explications sur le contexte littéraire de ces années, j’ai voulu en savoir plus et ai finalement vu une manifestation culturelle bien plus large que cela.

Les pièces présentées

Après s’être acquitté du droit d’entrée fort cher (13 euros !), ce qui entretient le débat autour de l’accès à la culture… on oublie finalement vite l’écot dû, tant la richesse de l’exposition frappe. Elle est assez logiquement chronologique et les salles évoquent avec justesse les changements de souverains et de régimes. Le Paris de 1814 et 1815, rempli de troupes alliées ayant vaincu Napoléon n’aura plus de secrets pour vous, non plus que le mobilier de l’époque de la Restauration et de la monarchie de Juillet. La mode n’est pas oubliée, avec des habits et accessoires fort bien présentés, ni l’architecture avec l’évocation du palais des Tuileries ou de la cathédrale Notre Dame. Caricatures et tableaux foisonnent, évidemment.

Les principaux arts sont donc bien représentés, et de nombreux tableaux moins connus présentant les familles royales successives sont d’un grand intérêt car il faut bien dire que l’entourage de Louis XVIII ou Charles X nous sont moins familiers que celui de Napoléon. Au milieu de l’exposition, la reconstitution d’un Salon, exposition annuelle de peintures et de sculptures est d’un intérêt majeur et permet de rappeler que les œuvres que nous voyons avec parfois deux cents ans de distance ont été un jour contemporaines et vues par des gens de l’époque. Cela permet de relativiser la notion même d’art contemporain, tant le mot est chargé de sens différents et souvent contradictoires. Les révolutions de 1830 et de 1848 ne sont pas en reste, sans parler de la création littéraire et musicale de l’époque. On appréciera d’ailleurs grandement le fait que l’exposition présente des pièces moquant les Romantiques: ils n’ont pas fait l’unanimité à l’époque !

Au final, on y passe facilement près de deux heures et l’on peut poursuivre la visite par celle des collections permanentes du musée, elles, gratuites et de l’autre volet au musée de la vie romantique. Il n’y a là que quelques salles mais intéressantes sur la presse, les salons littéraires et les caricatures des écrivains de l’époque. Je regrette juste un usage assez restreint du numérique : des cartes animées du Paris en révolte auraient été utiles, ainsi que plus d’extraits musicaux des opéras cités, de plus, la Révolution de 1848 est juste citée. Dans les deux cas je n’ai pas été étouffé par l’affluence, qui risque de croître les derniers jours.

Photos de l’auteur, illustrant les aspects militaires de l’exposition

Les sites de l’exposition:

http://www.petitpalais.paris.fr/expositions/paris-romantique-1815-1848

http://museevieromantique.paris.fr/fr/les-expositions/paris-romantique-1815-1848-les-salons-litt%C3%A9raires

Horace Vernet: « La barrière de Clichy, défense de Paris le 30 mars 1814 ». Peintre militaire bien connu, Vernet illustre ici la défense de Paris en 1814. La garde nationale, assez peu expérimentée livre des derniers combats, là contre les troupes russes avant la capitulation de la ville signée par le maréchal Marmont. Pour son rôle controversé, on lira avec intérêt la biographie de Franck Favier à ce sujet (lien plus bas vers ma critique).

Détail.

Dessin de Carle Vernet gravé par Debucourt en 1815. S’inscrivant dans une longue tradition, ces représentations étaient vendues à la pièce ou reliées. Elles permettaient de mieux connaître les habits civils et militaires de l’époque considérée. Il s’agit ici d’un officier anglais et d’un écossais.

« Les petits patriotes » d’Auguste Jeanron (1830). Ce tableau est à voir en parallèle du fameux « La liberté guidant le peuple » de Delacroix. Les gamins de Paris sont là moins héroïques, en haillons. Le peintre se battit sur les barricades des « Trois glorieuses ».

Célèbre tableau de Léon Cogniet « Les drapeaux » de 1830. Le drapeau blanc de la monarchie devient progressivement bleu-blanc-rouge à mesure que progressent les « Trois Glorieuses » et que le sang est versé.

Hippolyte Lecomte, « Combat de la porte Saint-Denis » (1830). Le peintre, plutôt paysagiste, montre là un épisode de la révolution du côté des insurgés, moins bien équipés que les troupes royales que l’on voit au fond. Certains civils ont récupéré des effets militaires.

Ce tableau de Lecarpentier présenté au salon de 1831 (« Épisode du 29 juillet 1830, au matin ») présente les combats au pied du Louvre que l’on aperçoit en arrière-plan. Il est clairement allégorique: les insurgés fouillent les gibernes des soldats morts pour leurs cartouches et repoussent l’argent, jusque-dans le caniveau !

Détail. L’homme à gauche a pris un bonnet de police à un soldat.

Girodet, connu pour son portrait de Chateaubriand, peint ici le général vendéen Cathelineau vers 1824. C’est caractéristique d’une Restauration qui remet à l’honneur ces hommes, fait faire des tableaux des aspects plus réussis du règne de Louis XVI comme l’exploration maritime… Voir ce tableau par exemple : https://www.histoire-image.org/fr/etudes/expedition-perouse

Nous retrouvons Vernet qui représente ici la Pologne vaincue en 1831. L’aigle est bien sûr russe, qui écrase le patriote polonais. Depuis 1815, le tsar est aussi roi de Pologne, partagée avec la Prusse et l’Autriche depuis 1795 (malgré l’épisode napoléonien).

A l’instar de la Restauration qui vante ses héros, la monarchie de Juillet fait des tableaux sur le passé. A la fois sur Louis XVIII (1), Napoléon et la Révolution, Louis-Philippe essayant avec peine de faire la synthèse à son profit. Le peintre Schnetz a là été choisi pour représenter les combats devant l’hôtel de Ville en 1830 (1833). Le tableau devait orner l’hôtel de Ville de Paris mais ne fut finalement pas accroché. 1: voir cette toile commandée en 1841, https://www.histoire-image.org/fr/etudes/louis-xviii-instauration-monarchie-constitutionnelle

Pour en savoir plus sur cette époque:

-ANTONETTI (Guy), Louis-Philippe, Paris, Fayard, 1994, 992 p.

-LEVER (Evelyne), Louis XVIII, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2012, 608 p.

-WARESQUIEL (Emmanuel de), Histoire de la Restauration. 1814-1830, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2002, 512 p.

Ma critique du Marmont de Franck Favier:

Marmont – Le maudit

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Visite de l’exposition « Napoléon stratège » aux Invalides

En attendant l’ouverture d’un nouveau dossier sur le fameux William Wallace, je vous propose quelques photos de la superbe exposition Napoléon stratège qui se tient jusqu’au 22 juillet au Musée de l’Armée. Assez transversale, elle a le grand mérite de rassembler des tableaux et objets rarement visibles sinon, et certains concernent directement la jeunesse de Napoléon. 

Le site: 
http://www.musee-armee.fr/programmation/expositions/detail/napoleon-stratege.html

 

Lefèvre représente ici Napoléon dans sa tenue de colonel des chasseurs à cheval de la garde impériale. Il mettait souvent cet uniforme assez pratique et qui est ainsi passé à la postérité. Le tableau est conservé au musée Carnavalet. Photo de l’auteur.

Bonaparte est dans sa tenue rouge de Premier Consul, tel que Gros l’a peint en 1802. Les références à la Rome antique pullulent. Le tableau est conservé au musée de la Légion d’Honneur qu’il créa (1802). Photo de l’auteur.

Très rare. Un livre que Napoléon possédait en 1788. Alors qu’il était jeune officier, il lisait énormément et dépensait une bonne partie de sa solde en ouvrages. Il appréciait notamment les auteurs antiques et écrivit lui-même à l’époque. Photo de l’auteur.

Tableau très connu de Gros: « Bonaparte au pont d’Arcole » (musée d’Arenenberg). Il magnifie son action durant la bataille (campagne d’Italie de 1796). Il s’est en effet élancé à la tête d’un bataillon, mais sans que cela soit décisif. Photo de l’auteur.

Vincent nous montre ici la bataille des Pyramides en 1798 (peinture conservée au Louvre et réalisée en 1800-01). Affrontement victorieux où les Mamelouks vinrent s’écraser sur les carrés français. Pour en savoir plus: https://antredustratege.com/2015/01/19/origines-de-lexpedition-degypte/ https://antredustratege.com/2017/10/29/le-retour-degypte-du-general-bonaparte-i-la-situation-en-1799/ Photo de l’auteur.

Crépin, détail du « Redoutable à Trafalgar ». Le peintre se concentre sur la défense remarquable de ce navire, au sein d’une des pires défaites navales franco-espagnoles (tableau de 1806, musée de la Marine). Photo de l’auteur.

Le grand peintre Lejeune représente ici le combat de Chiclana en Espagne (1811). La guerre d’Espagne est dure, longue, difficile et finalement perdue. L’auteur a été soldat là-bas et sait de quoi il parle, même s’il se trompe sur les uniformes français représentés ! Le tableau date de 1824 et est conservé à Versailles où une exposition lui avait été consacrée: http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/ressources/guerres-napoleon Photo de l’auteur.

Détail, photo de l’auteur.

 » Escarmouche de Guisando, au passage du col d’Avis dans les montagnes de la Guadarama en Castille, le 11 avril 1811″ Toujours de Lejeune (1817, conservé à Versailles). On voit bien l’armée française prise en embuscade (détail). Photo de l’auteur.

Très célébre tableau de Swebach sur la campagne de Russie, et surtout la retraite. Un cuirassier reste seul auprès de sa monture morte. Le tableau conservé à Besançon date de 1838. Photo de l’auteur.

Strassberger montre ici une vision allemande de la bataille de Leipzig, terrible défaite française de 1813. L’oeuvre remonte à 1840 est est conservée au musée d’Etat de Leipzig justement. Les Russes sont en vert et les Prussiens en bleu… De Prusse ! Photo de l’auteur.

Un de mes tableaux préférés, de Paul Delaroche. Il représente l’Empereur à Fontainebleau en 1814, au moment de sa première abdication. L’oeuvre de 1831 et antidatée à 1840 (retour des cendres) est conservée aux Invalides. Photo de l’auteur. Autre tableau que j’apprécie beaucoup de cet artiste: http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=22731

Aigle blessée (féminin dans ce cas), traversée par des éclats. Cela illustre bien la violence des combats. Photo de l’auteur.

La fameuse cuirasse du carabinier (cavalerie lourde) Fauveau. Le jeune homme s’est engagé en 1815 et est mort quelques semaines après, traversé de part en part par un boulet. Puisse cet objet témoigner à jamais de la souffrance passée ! Photo de l’auteur, objet conservé au Musée de l’Armée.

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Découverte du champ de bataille de Waterloo

La trêve estivale est bien là, et le site est un peu moins actif ces derniers jours. Avant de poursuivre ce que j’ai commencé sur Rome et l’Ecosse, je vous propose donc de découvrir le champ de bataille de Waterloo en Belgique à travers quelques clichés. Toutes les informations pour vous y rendre se trouvent à la fin. Je mettrai les photos des musées une autre fois.

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A Waterloo même, l’auberge où Wellington installa son quartier général. Elle fut bâtie en 1705 et contient aujourd’hui un musée. Dommage que la voiture ait été présente !

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La ferme de la Belle-Alliance, où se retrouvèrent les vainqueurs après la bataille pour leur célèbre poignée de main.

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Sur la route menant au quartier-général de Napoléon, la ferme dite « du Caillou ». On trouve cet émouvant monument dit « à l’aigle blessé ».

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Vue du champ de bataille, la « morne plaine »de Victor Hugo est bien ondulée !  Mais il faut lire le passage en entier: « Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine, Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons, La pâle mort mêlait les sombres bataillons. D’un côté c’est l’Europe et de l’autre la France. »

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La ferme dite « du Caillou », qui fut le tout dernier quartier-général de Napoléon.

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Dans la cour de la ferme.

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La Haie-Sainte (ou Haye-Sainte), l’une des fermes que fortifièrent les Britanniques et s’y retranchèrent.

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Autre vue de la ferme où l’on s’écharpa voilà plus de deux cents ans. De nombreuses plaques alentour rappellent les unités présentes et leurs actions.

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Le champ de bataille.

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Dans le jardin de la ferme-château d’Hougoumont. Bâti à partir du 15e siècle, l’ensemble fut fortement tenu par les Britanniques et des milliers de Français y périrent pour tenter de s’en emparer. Ce monument a été érigé en leur mémoire, sur une initiative belge. L’aigle y était en bronze, mais a été enlevé par les Allemands en 1914.

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La chapelle du château, détruit lors des combats. De nombreux blessés britanniques y furent entreposés et soignés.

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Autre vue de la cour de la ferme.

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Une photo des murs de la ferme, pour vous donner une idée de la difficulté à les prendre.

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Vue du champ de bataille depuis la butte du Lion (voir plus bas).

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Autre vue de la Haie-Sainte, depuis le haut de la butte du Lion.

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Une volée de plus de 200 marches conduit au sommet. Le monument fut fait en l’honneur du Prince d’Orange, blessé à cet endroit (plus ou moins). En effet loin d’être un affrontement franco-britannique, la bataille vit aussi des Hanovriens, Belgo-Néerlandais, et bien sûr Prussiens, être engagés.

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La butte et le bâtiment du panorama (photos à venir).

Les informations pour se rendre à Waterloo et visiter les différents sites que contient encore le champ de bataille:

http://waterloo-tourisme.com/Public1/index.php/fr/

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