L’indépendance de la Belgique: II) La reprise des combats
Guillaume Ier se résout à la guerre
Le roi des Pays-Bas, mécontent des résultats de la conférence de Londres et persuadé d’avoir été abandonné par les Britanniques, prend donc la décision de recouvrer les territoires qu’il est en train de perdre en recourant à nouveau à la force. Les litiges territoriaux avaient constitué, souvenons-nous, une pierre d’achoppement des pourparlers de la conférence et le sort de nombreux territoires reste encore en suspens début 1831. Or, les dernières négociations attribuent à la Belgique le Luxembourg et le Limbourg néerlandais.
L’indépendance de la Belgique: I) Les résultats de la conférence de Londres
La révolution belge de 1830 ne signifie pas l’indépendance pleine et entière. Les événements y conduisant dépassent largement le cadre de cette année. Le dernier billet avait été l’occasion de rappeler l’ouverture de la conférence de Londres devant régler la question belge, et la trêve proclamée sur le terrain à cette occasion. C’est pourquoi nous revenons à présent sur les faits ultérieurs qui débouchent sur l’arrivée d’un nouvel État dans le concert européen.
La révolution belge de 1830: VI) Vers une reconnaissance internationale de la Belgique
Le déclenchement de la révolution belge, nous l’avons vu, se situe en 1830. Toutefois, les événements débordent du cadre de cette année et se poursuivent en 1831 et même après, ce qui sera traité à part.
La conférence de Londres
L’histoire n’est pas écrite d’avance et si l’on se replace dans le contexte de l’époque, deux possibilités sont offertes aux puissances: intervenir militairement pour rétablir le statu quo ante ou négocier. C’est la seconde opinion qui prévaut finalement, avec le déclenchement de la conférence de Londres le 4 novembre 1830. En fait, les puissances doivent composer avec les événements qui se sont déroulés depuis l’été.
La révolution belge de 1830: IV) L’internationalisation du conflit
Le bombardement d’Anvers
Malgré les événements guerriers d’août et de septembre, des modérés essaient toujours de négocier avec le roi Guillaume, lui proposant de conserver un unique État avec de nouvelles frontières intérieures. Le sud des Pays-Bas gagnerait en autonomie et serait administré par le fils du roi, le prince d’Orange. Ceci qui permettrait notamment de conserver un marché intéressant pour l’économie nationale et de sauver l’essentiel côté néerlandais. Guillaume approuve ce projet, bien qu’il se voie encore comme le seul souverain de cet ensemble à venir. Il envoie son fils au sud pour organiser une nouvelle administration. L’idée des modérés est de stopper les révolutionnaires concentrés à Bruxelles alors que le roi n’agit que par calcul politique, espérant gagner du temps pour recouvrer le terrain perdu.
La révolution belge de 1830: III) Le déclenchement
Le soulèvement d’août 1830
La chronologie a une certaine importance: le 9 août 1830, Louis-Philippe prend le pouvoir en France, et on a dit que cette révolution précédait et inspirait d’autres mouvements en Europe. En Belgique, le même mois est très agité et débouche le 25 sur des événements révolutionnaires à Bruxelles, dont le point de départ est lié à une représentation de la Muette de Portici, un opéra où l’amour de la liberté est largement évoqué. Elle donne l’impulsion décisive, même si ce n’est que le « déclic » et pas la raison principale. Tout de même, de l’interprétation de la Marseillaise dans les théâtres pendant la Révolution au rôle de la musique de Verdi pendant le Risorgimento, il y aurait beaucoup à dire sur musique et politique, musique et révolution au XIXe siècle…
La révolution belge de 1830: II) La montée des contestations
La politique du roi des Pays-Bas
La révolution de 1830 ne doit pas faire penser a posteriori que le roi Guillaume 1er n’ait fait que des erreurs ou ait totalement méconnu son nouveau territoire. Son fils a notamment combattu à Waterloo où il fait ériger un monument en son honneur, à l’endroit où il aurait été blessé. C’est la fameuse butte du lion (voir photo). De plus, il réalise d’importants investissements financiers en Belgique, développe l’industrie et le commerce. Les chantiers défensifs qui se multiplient (Huy, fort d’Orange à Namur…) donnent aussi indirectement du travail et sont un symbole de sa présence.
La révolution belge de 1830: I) Le contexte
Largement méconnue par ses voisins français, l’histoire de la Belgique est également saturée de clichés auprès du grand public. Ce pays n’aurait pas d’histoire, serait une construction artificielle, serait voué à disparaître, mais également incompréhensible etc. N’y voyons pas de la malveillance, bien qu’une forme de condescendance puisse exister de la part de certains Français, mais plutôt un mélange de méconnaissance (que des programmes scolaires évoquant très peu ce pays n’aident pas à combler (1) ), et de facilité qu’il y a à se reposer sur des poncifs rassurants.
Paris romantique, 1815-1848: critique et aspects militaires de l’exposition (Petit Palais)
Ma critique de l’exposition
Le contexte
Finalement assez mal connu des Français, hormis la période napoléonienne, le XIXe siècle revient sur le devant de la scène depuis plusieurs années et c’est tant mieux. Les expositions se multiplient, comme celle consacrée au Second Empire à Orsay il y a quelques années, les nouveaux programmes scolaires du lycée lui font honneur, la recherche scientifique est en plein renouvellement etc. Particulièrement intéressé par ce siècle qui est aussi celui de mes recherches personnelles (avec le début du XXe), c’est donc avec joie que j’ai accueilli la nouvelle de la tenue de Paris romantique 1815-1848 au Petit Palais et au musée de la vie romantique (jusqu’au 15 septembre 2019). Si le choix des dates paraît assez restreint pour évoquer un phénomène complexe et multiforme comme le romantisme, on est évidemment frappé par leur pertinence: de la chute de Napoléon à celle de Louis-Philippe. Entre ces deux bornes, la France a connu de multiples bouleversements politiques, culturels et sociétaux dont l’influence se fait encore sentir aujourd’hui et, il faut bien le dire, les événements majeurs sont à l’époque parisiens, dans une France bien plus centralisée que de nos jours. Non pas qu’il ne se passe rien dans les autres villes, où la création culturelle peut être riche, ni dans les campagnes où vivent alors la majorité des Français (jusqu’en 1931 rappelle l’INSEE) mais le ton est donné par la capitale. M’attendant à voir surtout des explications sur le contexte littéraire de ces années, j’ai voulu en savoir plus et ai finalement vu une manifestation culturelle bien plus large que cela.
Les pièces présentées
Après s’être acquitté du droit d’entrée fort cher (13 euros !), ce qui entretient le débat autour de l’accès à la culture… on oublie finalement vite l’écot dû, tant la richesse de l’exposition frappe. Elle est assez logiquement chronologique et les salles évoquent avec justesse les changements de souverains et de régimes. Le Paris de 1814 et 1815, rempli de troupes alliées ayant vaincu Napoléon n’aura plus de secrets pour vous, non plus que le mobilier de l’époque de la Restauration et de la monarchie de Juillet. La mode n’est pas oubliée, avec des habits et accessoires fort bien présentés, ni l’architecture avec l’évocation du palais des Tuileries ou de la cathédrale Notre Dame. Caricatures et tableaux foisonnent, évidemment.
Les principaux arts sont donc bien représentés, et de nombreux tableaux moins connus présentant les familles royales successives sont d’un grand intérêt car il faut bien dire que l’entourage de Louis XVIII ou Charles X nous sont moins familiers que celui de Napoléon. Au milieu de l’exposition, la reconstitution d’un Salon, exposition annuelle de peintures et de sculptures est d’un intérêt majeur et permet de rappeler que les œuvres que nous voyons avec parfois deux cents ans de distance ont été un jour contemporaines et vues par des gens de l’époque. Cela permet de relativiser la notion même d’art contemporain, tant le mot est chargé de sens différents et souvent contradictoires. Les révolutions de 1830 et de 1848 ne sont pas en reste, sans parler de la création littéraire et musicale de l’époque. On appréciera d’ailleurs grandement le fait que l’exposition présente des pièces moquant les Romantiques: ils n’ont pas fait l’unanimité à l’époque !
Au final, on y passe facilement près de deux heures et l’on peut poursuivre la visite par celle des collections permanentes du musée, elles, gratuites et de l’autre volet au musée de la vie romantique. Il n’y a là que quelques salles mais intéressantes sur la presse, les salons littéraires et les caricatures des écrivains de l’époque. Je regrette juste un usage assez restreint du numérique : des cartes animées du Paris en révolte auraient été utiles, ainsi que plus d’extraits musicaux des opéras cités, de plus, la Révolution de 1848 est juste citée. Dans les deux cas je n’ai pas été étouffé par l’affluence, qui risque de croître les derniers jours.
Photos de l’auteur, illustrant les aspects militaires de l’exposition
Les sites de l’exposition:
http://www.petitpalais.paris.fr/expositions/paris-romantique-1815-1848

Horace Vernet: « La barrière de Clichy, défense de Paris le 30 mars 1814 ». Peintre militaire bien connu, Vernet illustre ici la défense de Paris en 1814. La garde nationale, assez peu expérimentée livre des derniers combats, là contre les troupes russes avant la capitulation de la ville signée par le maréchal Marmont. Pour son rôle controversé, on lira avec intérêt la biographie de Franck Favier à ce sujet (lien plus bas vers ma critique).

Détail.

Dessin de Carle Vernet gravé par Debucourt en 1815. S’inscrivant dans une longue tradition, ces représentations étaient vendues à la pièce ou reliées. Elles permettaient de mieux connaître les habits civils et militaires de l’époque considérée. Il s’agit ici d’un officier anglais et d’un écossais.

« Les petits patriotes » d’Auguste Jeanron (1830). Ce tableau est à voir en parallèle du fameux « La liberté guidant le peuple » de Delacroix. Les gamins de Paris sont là moins héroïques, en haillons. Le peintre se battit sur les barricades des « Trois glorieuses ».

Célèbre tableau de Léon Cogniet « Les drapeaux » de 1830. Le drapeau blanc de la monarchie devient progressivement bleu-blanc-rouge à mesure que progressent les « Trois Glorieuses » et que le sang est versé.

Hippolyte Lecomte, « Combat de la porte Saint-Denis » (1830). Le peintre, plutôt paysagiste, montre là un épisode de la révolution du côté des insurgés, moins bien équipés que les troupes royales que l’on voit au fond. Certains civils ont récupéré des effets militaires.

Ce tableau de Lecarpentier présenté au salon de 1831 (« Épisode du 29 juillet 1830, au matin ») présente les combats au pied du Louvre que l’on aperçoit en arrière-plan. Il est clairement allégorique: les insurgés fouillent les gibernes des soldats morts pour leurs cartouches et repoussent l’argent, jusque-dans le caniveau !

Détail. L’homme à gauche a pris un bonnet de police à un soldat.

Girodet, connu pour son portrait de Chateaubriand, peint ici le général vendéen Cathelineau vers 1824. C’est caractéristique d’une Restauration qui remet à l’honneur ces hommes, fait faire des tableaux des aspects plus réussis du règne de Louis XVI comme l’exploration maritime… Voir ce tableau par exemple : https://www.histoire-image.org/fr/etudes/expedition-perouse

Nous retrouvons Vernet qui représente ici la Pologne vaincue en 1831. L’aigle est bien sûr russe, qui écrase le patriote polonais. Depuis 1815, le tsar est aussi roi de Pologne, partagée avec la Prusse et l’Autriche depuis 1795 (malgré l’épisode napoléonien).

A l’instar de la Restauration qui vante ses héros, la monarchie de Juillet fait des tableaux sur le passé. A la fois sur Louis XVIII (1), Napoléon et la Révolution, Louis-Philippe essayant avec peine de faire la synthèse à son profit. Le peintre Schnetz a là été choisi pour représenter les combats devant l’hôtel de Ville en 1830 (1833). Le tableau devait orner l’hôtel de Ville de Paris mais ne fut finalement pas accroché. 1: voir cette toile commandée en 1841, https://www.histoire-image.org/fr/etudes/louis-xviii-instauration-monarchie-constitutionnelle
Pour en savoir plus sur cette époque:
-ANTONETTI (Guy), Louis-Philippe, Paris, Fayard, 1994, 992 p.
-LEVER (Evelyne), Louis XVIII, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2012, 608 p.
-WARESQUIEL (Emmanuel de), Histoire de la Restauration. 1814-1830, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2002, 512 p.
Ma critique du Marmont de Franck Favier:
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