L’indépendance de la Belgique: II) La reprise des combats
Guillaume Ier se résout à la guerre
Le roi des Pays-Bas, mécontent des résultats de la conférence de Londres et persuadé d’avoir été abandonné par les Britanniques, prend donc la décision de recouvrer les territoires qu’il est en train de perdre en recourant à nouveau à la force. Les litiges territoriaux avaient constitué, souvenons-nous, une pierre d’achoppement des pourparlers de la conférence et le sort de nombreux territoires reste encore en suspens début 1831. Or, les dernières négociations attribuent à la Belgique le Luxembourg et le Limbourg néerlandais.
L’armée d’armistice du gouvernement de Vichy: IV) Doctrine d’emploi et combats de Syrie
A côté des engagements la Marine, nous allons voir que les forces terrestres de Vichy connurent deux passages guerriers d’importance, où elles ouvrirent notamment contre les Français libres. Il s’agit de la Syrie en 1941 et de la résistance au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en 1942. Le premier épisode nous occupera aujourd’hui.
Que faire de l’armée de terre?
L’un des protagonistes les plus importants du régime Pétain reste l’amiral de la flotte, Darlan. Connu dès avant la guerre, il constituait un personnage en vue de la IIIe République, en tant que chef respecté d’une marine qu’il avait su refonder et porter à un haut niveau d’excellence, pour les résultats que l’on a vus précédemment. Or, chef du gouvernement dès 1941, il préside aux destinées militaires de la France. Pour l’essentiel, ses buts sont simples et rejoignent ce que l’on a déjà vu: il faut défendre l’Empire colonial, dernière source de prestige, contre quiconque. Comme la Marine, il est une monnaie d’échange dans un monde où l’Axe semble devoir l’emporter et il convient de le mettre à l’abri des combats… On a vu que cela amena à faire feu sur de Gaulle et les Britanniques à Dakar.
En fait, beaucoup croient que l’Allemagne a gagné la guerre et ont de grands projets pour l’armée. Celle-ci doit servir à la « Révolution Nationale » (la politique intérieure de Vichy), tout en préparant éventuellement la revanche, au cas où. Celle-ci était jugée possible par plusieurs dirigeants et beaucoup restaient auprès de Pétain, croyant qu’il allait reprendre le combat au moment propice. Ils se remémoraient alors l’effort prussien de 1806-1813 après la terrible défaite de Iéna face à Napoléon ou même les récents contournements allemands du traité de Versailles dans l’entre-deux guerres, sujet toujours brûlant. Des historiens comme Robert Paxton ont finalement montré que ce n’était pas du tout l’intention profonde de Pétain, malgré ce qu’il affirma après-guerre…

Portrait de Darlan. Trouvé sur http://www.devoir-de-philosophie.com (!)
Syrie, 1941.
Le problème est donc que cette analyse n’est pas très lucide, car la situation n’était pas la même que celle de la Prusse puis de l’Allemagne. La stratégie choisie se révèle au final attentiste et démoralisante: attendre ce que va faire le camp adverse pour éventuellement riposter… Elle conduisit d’ailleurs à une série d’échecs sanglants, dont on vient de voir le volet naval. Le premier de ces ratages, cette fois terrestre, est celui de Syrie en 1941.
En effet le mois d’avril de cette année vit l’Irak (sous la coupe des Britanniques) être secoué par un coup d’état pro-Berlin. Les Allemands bien trop occupés et trop loin ne pouvaient l’aider directement, sauf par voie aérienne. Toutefois, le rayon d’action des avions de l’époque étant ce qu’il est, il fallait bien se rapprocher de la zone. Les aérodromes des territoires sous mandat français au Levant semblèrent alors être la solution. Devançant même les demandes allemandes, Darlan proposa à Berlin de les utiliser en échange de concessions. Le IIIe Reich accepta, et se vit même fournir quelques munitions par la France. Si le soulèvement, très mal organisé, fut vite réduit par Londres, celle-ci prit alors conscience de l’intérêt stratégique du Levant (le nom de l’époque du Proche-Orient), qu’il fallait mettre hors d’état de nuire pour empêcher de nouvelles menaces… D’autant plus que la zone, avec Chypre, contrôle la Méditerranée orientale. Une force (qui comprend des FFL) est donc envoyée sur place pour régler la question. Vichy donne l’ordre au général Dentz, commandant de la zone, de se défendre, ce qu’il fait. De durs combats ont lieu en juin-juillet et finalement les forces Vichystes sont vaincues. A plusieurs reprises, les Français se sont tirés dessus, sauf deux unités de la Légion qui refusèrent d’en venir aux mains… Même dans deux camps différents, la Légion ne tire pas sur la Légion. Elles obtiennent de pouvoir rentrer en métropole ou en Afrique du Nord. De Gaulle est déçu, il espérait en rallier à sa cause mais la majorité refuse…

L’artillerie de Vichy en action en Syrie. Crédit photo: ECPAD. Plus de clichés ici: http://www.ecpad.fr/les-forces-francaises-vichyssoises-combattent-durant-la-guerre-de-syrie
Nous verrons la prochaine fois la fin de cette armée, avec les combats d’Afrique du Nord en 1942.
Bibliographie:
-Cours de Master d’Histoire sur la question (Paris-Sorbonne).
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Mes tests pour la Gazette du wargamer : Là.
Les armes du soldat français en 1940: Introduction.
Introduction:
Voilà quel va être le prochain dossier: au moment où la France et ses alliés subissent de plein fouet l’attaque allemande à l’ouest, quelles armes équipaient les soldats de la République? Un tel questionnement m’a semblé nécessaire car ce sont des hommes dont on parle peu en comparaison des soldats américains ou même allemands. Or leur sacrifice mérite d’être évoqué. Encore faut-il bien distinguer avec quoi ils se battirent. Nous allons donc voir que, contrairement aux premiers et même aux deuxièmes, les armes utilisées étaient encore très nombreuses et parfois fort anciennes. Ces chevauchements d’époque, de calibres, de pièces ne facilitent ni l’intendance et la logistique ni, partant, une uniformisation pourtant nécessaire dans le cadre d’une guerre contemporaine.
Je reviendrai dans un premier temps sur les armes de poing, avant de parler des fusils et mousquetons. Une troisième partie évoquera les pistolets-mitrailleurs et une dernière portera sur les armes collectives que sont les mitrailleuses et les mortiers. Nous verrons ensemble que modernité et efficacité côtoient d’onéreuses et inutiles transformations de matériels obsolètes, et que de nombreux projets pourtant intéressants ne furent pas menés à bien.

Deux livres essentiels sur 1940. Ils formeront une bonne partie de la bibliographie de ce dossier.
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L’uniforme réséda de l’armée française.
On se souvient tous des pantalons garance de 1914 et de leur très -trop- grande visibilité. On a tous en tête le légendaire entêtement hexagonal qui bloque des avancées pourtant nécessaires pendant très longtemps…
Malgré cela, les années qui précèdent la grande guerre voient le haut-commandement français se poser réellement la question d’un changement d’uniforme plus adapté à la guerre d’alors. Il faut dire que la France reste l’un des derniers pays européens farouchement attaché à un uniforme anachronique, car trop criard et ancré dans le XIXe siècle. On va donc revenir sur un de ces projets de nouveaux uniformes.
Une commission dirigée par le général Dubail est donc chargée en 1910 d’une réflexion à ce sujet. Elle accouche d’une proposition d’uniforme gris-vert en 1911 et dit « réséda » (du nom de la plante). Cette tenue est testée de manière importante aux grandes manoeuvres de la même année… Mais est rapidement fustigée par une bonne partie de l’opinion: on la juge trop proche de l’uniforme allemand, pas si « invisible » (= camouflée selon le vocabulaire de l’époque) que cela, et surtout peu conforme à l’esprit français.
L’idée de vaincre l’ennemi avec les uniformes de la défaite de 1870-71 (ils ont peu évolué depuis) est fortement ancrée dans les esprits. D’autant plus que chaque unité un peu particulière a ses spécificités uniformologiques qui reflètent leur histoire, histoire qu’on craint de gommer par cette uniformité (c’est pourtant le sens premier du mot uniforme!). Bref, le ministre Etienne résume à lui seul cette réticence: « Le pantalon garance c’est la France! » .
On le sait, ledit pantalon fut conservé envers et contre tout. Le projet réséda est ainsi définitivement mis au placard, et, quand la France changea de tenue en pleine guerre, elle adopta le fameux bleu horizon.
Pourtant cette image le montre, il aurait été un vrai changement dans les habitudes françaises. Qui sait ce qui se serait passé si la France l’avait adopté et se serait battue avec lui en 14-18?

L’uniforme réséda.
Bibliographie: Louis Delpérier, De la Crimée à la Grande Guerre. L’Armée devant l’objectif, 1854-1914, Panazol, Lavauzelle , 1985, 160 p.
-Ian Summer, The French army 1914-1918, Osprey, 1995, 48 p.