Archives de Tag: Cadorna

La bataille de Caporetto: IV) La retraite se mue en déroute

La rupture du front

Nous l’avons vu la dernière fois, l’ordre de repli général ne se traduit pas par une retraite en bon ordre. Cadorna lui-même abandonne Udine le 27, pour se replier avec tout le commandement à Trévise, soit cent kilomètres en arrière. Et ce sans laisser aucune structure, même provisoire derrière lui. L’effet produit est désastreux et les clichés que la mémoire collective italienne conservent ont une base bien réelle de vérité.

Ainsi, le front se rompt rapidement et la retraite se transforme en déroute. Si les morts militaires ne sont « que » 40.000, l’historien Giorgio Rochat donne des chiffres éloquents: 280.000 prisonniers, 350.000 soldats débandés, sans unité. Le matériel abandonné est précieux: plus de 3000 canons, autant de mitrailleuses, sans compter la nourriture et le reste. Heureusement, certains officiers plus énergiques et volontaires que les autres ont localement sauvé la situation. Cela a permis à des unités entières de rejoindre les nouvelles lignes en bon ordre… en emportant, difficilement certes, avec elles leurs vivres et leur équipement. Preuve, s’il en est, que cette déroute n’obéit pas à une fatalité, mais est la résultante de plusieurs causes.

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La bataille de Caporetto: II) Préparation et déclenchement

La création de la quatorzième armée 

On l’a dit précédemment, le but des commandements austro-hongrois et allemand n’est pas de monter une immense offensive dans un secteur difficile d’accès, mais de conduire une attaque aux moyens et objectifs limités, pour relâcher la pression sur un front où l’armée impériale et royale menace de s’écrouler à moyen terme. Une armée est donc créée pour l’occasion, la XIVe, avec 7 divisions allemandes et 8 austro-hongroises.

L’idée est de surgir depuis deux têtes de pont: Tolmino (attaque principale) et Plezzo (diversion), avec de nouvelles méthodes de combat pour cette région. On parle là de l’emploi du gaz (connu depuis 1915 dans les Flandres) et de petites unités chargées de s’infiltrer pour désorganiser le dispositif italien, phénomène à replacer dans un contexte plus large (1). Plutôt que de partir à l’assaut en vagues serrées et très facilement atteignables par le feu des mitrailleuses, il est décidé de lancer en avant des colonnes très entraînées et elles aussi dotées d’armes automatiques, comme des mitrailleuses légères. 

De plus, ayant appris des batailles passées, notamment Verdun, l’Allemagne fait le choix de renoncer à une longue préparation d’artillerie (parfois de plusieurs jours auparavant), somme toute peu efficace et qui laisse le temps à l’ennemi d’organiser sa défense, notamment en deuxième ligne. Le tout est couplé à une intense recherche de renseignement sur le terrain: passage en revue de cartes, de photos aériennes, patrouilles, interception des communications radio italiennes mais aussi avec l’aide d’informateurs. Les assaillants connaissent donc le terrain sur lequel ils vont se battre.

Le plan du début de la bataille sur le site du ministère de la Défense italien. http://www.esercito.difesa.it/storia/pagine/o12-battaglia-caporetto.aspx

Le début de la bataille

Ainsi, quand débute la bataille le 24 octobre 1917, les Alliés profitent de l’effet de surprise. En effet, ils limitent leurs tirs de préparation d’artillerie à quelques heures dans la nuit du 23 au 24 et ont la chance d’être couverts par une légère brume.

Côté italien, les troupes ont été mises en défense depuis la mi-septembre, mais sans ordre précis, de manière très générale. Le commandant en chef Luigi Cadorna ne croit en effet pas à la probabilité d’une offensive « de grand style » adverse et a négligé ce volet, comme la création d’une réserve pour se porter sur un point du front qui viendrait à rompre. Toutefois, contrairement à ce qui a souvent été écrit sur lui, il n’est pas le seul responsable. Ainsi, ses subordonnés n’ont pas réellement suivi ses ordres. Citons l’exemple du général Capello à la tête de la IIe armée: il a tout simplement désobéi et laissé ses hommes en position offensive ! A leur décharge, c’est une guerre d’attaque que tous ces hommes menaient depuis 1915, et changer de posture mentale ainsi que sur le terrain n’était pas simple. Il n’empêche que leur outil militaire n’est pas prêt quand l’attaque débute, et le front va rapidement rompre.

Notons toutefois que Cadorna n’a pas réellement vérifié sur le terrain si ses directives avaient été suivies, ce qui aurait pu éviter certains problèmes.

Caporetto (Kobarid) et les montagnes environnantes aujourd’hui, en Slovénie. Photo de l’auteur (avril 2019).

Caporetto (Kobarid) et les montagnes environnantes aujourd’hui, en Slovénie. Photo de l’auteur (avril 2019).

Bibliographie consultée (sans but d’exhaustivité):

L’essentiel des livres est sans surprise en italien. Je conseille la lecture de Giorgio Rochat à ceux qui maîtrisent cette langue, il est très facile d’accès, plus que son collège Isnenghi à mon sens (voir qui a écrit quel chapitre en table des matières). Le deuxième livre est une histoire-bataille à l’ancienne, fouillée, bien illustrée et coordonnée par le service historique militaire italien.

-ISNENGHI (Mario) et ROCHAT (Giorgio), La grande guerra, Bologne, Il mulino, 2014 (4e édition), 586 p.

-GASPARI (Paolo), « La battaglia di Caporetto il 24 ottobre 1917 » dans La grande guerra italiana. Le battaglie, Udine, Gaspari, 2015, 255 p.

Liens:

1: Voir par exemple les arditi: https://antredustratege.com/2015/06/01/les-arditi-italiens-i-origines-et-formation/

Caporetto en jeu vidéo: https://www.wargamer.fr/la-bataille-de-caporetto-a-travers-to-end-all-wars/

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L’Italie et la Première Guerre mondiale: IV) La « Strafexpedition » de 1916

Après de longs mois de silence, poursuivons le dossier sur l’Italie de 1915-1918. Nous allons voir cette fois une tentative dangereuse de la part des austro-hongrois, qui se solde par un demi-échec. De nombreuses photos ont été prises par moi en Italie, sur les lieux des combats.

J’évoque le compromis de 1867. Voir la dernière vidéo de cette playlist pour plus d’informations :

https://antredustratege.com/2013/06/20/playlist-la-guerre-de-1866/

La "Stampa" du 19 mai 1916. Numéros numérisés: http://www.lastampa.it/archivio-storico/

La « Stampa » du 19 mai 1916. Numéros numérisés: http://www.lastampa.it/archivio-storico/

Bibliographie utilisée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):

-ISNENGHI (Mario) et ROCHAT (Giorgio), La grande guerra, Bologne, Il mulino, 2014 (4e édition), 586 p.

En français , et pour voir d’autres aspects, notamment le long terme:

-PECOUT (Gilles), Naissance de l’Italie contemporaine (1770-1922), Paris, Armand Colin, 2004, 407 p.

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L’Italie et la Première Guerre mondiale: III) L’échec de 1915

La suite du dossier est là. Voyons cette fois l’année 1915: la première de la guerre pour l’Italie, et marquée par l’impossibilité d’en finir rapidement avec son adversaire.

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Vue actuelle de la Slovénie depuis le sanctuaire d’Oslavia. La région connut d’intenses combats.

Bibliographie utilisée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive): 

-ISNENGHI (Mario) et ROCHAT (Giorgio), La grande guerra, Bologne, Il mulino, 2014 (4e édition), 586 p.

En français , et pour voir d’autres aspects, notamment le long terme:

-PECOUT (Gilles), Naissance de l’Italie contemporaine (1770-1922), Paris, Armand Colin, 2004, 407 p.

 

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http://www.wargamer.fr/paroles-de-youtubeurs-jean-baptiste-murez-histoire-militaire/

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L’Italie et 1915-1918 : II) L’armée italienne en 1915, plans et préparatifs

La suite du dossier est là. Vous saurez tout (ou presque) sur l’état de l’armée italienne en 1915, sur ses préparatifs, son commandement et ses plans !

Sanctuaire d'Udine.

Sanctuaire d’Udine (détail).

Bibliographie utilisée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive): 

-ISNENGHI (Mario) et ROCHAT (Giorgio), La grande guerra, Bologne, Il mulino, 2014 (4e édition), 586 p.

En français , et pour voir d’autres aspects, notamment le long terme:

-PECOUT (Gilles), Naissance de l’Italie contemporaine (1770-1922), Paris, Armand Colin, 2004, 407 p.

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