William Wallace, le personnage et son mythe : I) Introduction
Un personnage bien connu du fait du cinéma
S’il est célébré en Ecosse depuis longtemps (le monument de Stirling le montre bien, voir photos), William Wallace a été popularisé en dehors de ce territoire avec le film bien connu de Mel Gibson, Braveheart, en 1995. Dans cette production à succès, il y apparaît comme un guerrier juste, fédérateur, se battant pour la liberté, une liberté évidemment très américanisée et plaquée comme telle sur le Moyen-Age… Tout de même, il exista bel et bien et se battit réellement contre la monarchie anglaise et ses troupes pour libérer une Ecosse quasiment annexée.
Or, si l’on a tous en tête des images de géants plus ou moins roux, portant le kilt, soulevant fièrement de longues épées et montrant leur postérieur aux Anglais… On s’attachera à aller au-delà et expliquer qui fut le « vrai » Wallace, dont l’histoire est finalement très éloignée de l’oeuvre du cinéaste cité plus haut. Mais n’est-ce pas la plus grande qualité de ces films, discutables (trop ?) sur le plan historique: donner envie de savoir quels furent les personnages réels et leurs vies ? Inciter à la lecture et à la recherche ? Prenons les donc pour ce qu’ils sont et ne jetons pas forcément l’anathème sur eux, même s’il convient de garder son esprit critique, bien entendu.

Le Wallace monument de Stirling (nous reviendrons sur ce lieu), édifié dans un style néogothique au XIXe siècle, à la même époque où l’Ecosse, en plein bouillonnement culturel, célèbre Walter Scott ou Robert Burns. Pour en savoir plus: https://www.nationalwallacemonument.com/francais/ Photo de l’auteur (2016).

Le Wallace monument de Stirling (nous reviendrons sur ce lieu), édifié dans un style néogothique au XIXe siècle, à la même époque où l’Ecosse, en plein bouillonnement culturel, célèbre Walter Scott ou Robert Burns. Pour en savoir plus: https://www.nationalwallacemonument.com/francais/ Photo de l’auteur (2016).
L’Ecosse en 1297
Alors que William Wallace s’apprête à rentrer dans l’histoire, l’Ecosse est un royaume à moitié conquis par son puissant voisin du sud, l’Angleterre. Infiniment moins peuplée et moins riche que celle-ci, elle est en proie aux appétits anglais depuis longtemps. Or, Londres y pousse ses pions avantageusement, sachant utiliser les occasions, la force si nécessaire, et la division des nobles écossais. Ainsi, en 1292 le nouveau roi d’Ecosse, un certain Jean Baillol, a été proclamé tel par son homologue anglais, le fameux Edouard Ier, à qui il a dû prêter serment et dont il est le vassal.
Pour sortir de cet étouffant carcan, Baillol cherche des alliés et les trouve en la personne de la France, elle aussi en lutte contre l’Angleterre, pour le contrôle de la Guyenne (Sud-ouest), et heureuse de trouver un allié de revers. C’est la fameuse Auld Alliance signée en 1295 (les circonstances exactes de l’approche diplomatique restent floues) et qui devait durer des siècles. Les deux parties contractantes y trouvent intérêt, notamment en divisant les forces anglaises. Toutefois, si celle-ci a fait couler beaucoup d’encre et est encore connue dans les deux nations respectives, elle est à l’époque une catastrophe.
En effet, on a dit que Baillol était le vassal, bien que forcé, d’Edouard et, en s’alliant avec la France il trahit clairement son suzerain. Celui-ci ne perd pas de temps: il envahit assez facilement l’Ecosse en 1296, sans que les Français ne puissent réellement intervenir. La conquête achevée, il nomme un Anglais vice-roi, ainsi qu’installe des comtes anglais ou écossais ralliés à lui avec des troupes dans les principaux châteaux de la région (Edimbourg, Dunbar notamment). C’est là que Wallace va débuter ses actions.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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Custer à l’écran: « They died with their boots on » (3/3).
Il nous reste désormais le sujet le plus épineux du dossier à analyser : à quel point le Custer qu’on nous montre à l’écran est-il éloigné de la réalité ? On le sait, l’homme fait toujours couler beaucoup d’encre. On lui prête des propos qu’il n’aurait pas tenus, on le dépeint tantôt comme un héros, tantôt comme un monstre. Résumons ce qu’il en est vraiment.
Ce sur quoi le film est plutôt juste
Avant toute analyse précise, dissipons tout de même le doute : le film le présente de manière positive, trop même. Mais il n’est pas non plus trop caricatural ni totalement faux, alors que le fameux Little Big Man d’Arthur Penn fait évoluer un personnage dément et grandiloquent, qui a peu à voir avec l’histoire… J’ai par exemple dit la fois précédente qu’il était connu pour avoir fait du 7e de cavalerie une unité cohérente et soudée, ce qui était rare dans l’ouest américain. De plus, son courage au feu et sa popularité auprès des hommes ne sont pas infondés et They died with their boots on le montre bien. Je vais y revenir.
A côté de cela (voir le Sitting bull que je cite en bibliographie à ce sujet), il est vrai que Custer, s’il n’était pas un indianophile complet, n’est pas non plus un monstre assoiffé de sang. D’une part il avait une certaine connaissance des mœurs des tribus, respectait leur courage et communiquait en langage des signes avec ses éclaireurs indiens, qu’il savait essentiels dans les guerres de l’ouest. Il est même connu pour avoir dénoncé de manière virulente la gestion des affaires indiennes auprès des plus hautes instances américaines. Ainsi, en mars-avril 1876 il donne des noms de fonctionnaires d’après lui corrompus à une commission d’enquête sénatoriale et, lapidaire, conclut : « Si j’étais un indien, je pense que je préférerais grandement rejoindre mes compagnons libres des Plaines plutôt que de me confiner dans les limites d’une réserve pour y recevoir les bienfaits et les vices de la civilisation ». On sait en effet la dureté des conditions de vie des Indiens dans ces mouroirs à ciel ouvert.
Bien sûr, je le répète, c’est plus une charge contre le gouvernement et sa façon de gérer la question indienne qu’autre chose. Toutefois elle remonte jusqu’au président Grant, furieux de cette envolée. Il lui retire son commandement du 7e de cavalerie et refuse même de recevoir Custer qui vient s’expliquer à la Maison Blanche !

Photographie de Sitting Bull, l’un des principaux chefs de la campagne des Black Hills.
Ce qu’il faut nuancer
Dans un premier temps, j’ai déjà pu l’évoquer, un bonne partie des transitions sont des raccourcis très théâtraux dans le film… Notamment quand Custer obtient son commandement grâce au général Scott au début, ou quand il parvient à se faire entendre au sujet des Indiens auprès du président Grant (voir plus haut)… Ainsi on le voit être reçu après un subterfuge, ce qui n’arriva pas en vérité, et il attendit des heures sans succès.
De plus, il méprise ouvertement les affairistes et spéculateurs dans They died with their boots on. Si la tenue de son régiment et sa parole auprès des Indiens ont été évoquées plus haut et abondent en ce sens (les négociants vendent de l’alcool à ses hommes dans le film), on sait aussi sans doute possible… Qu’une reconversion dans le monde des affaires le tentait sérieusement. Ainsi il avait une correspondance fournie avec de nombreux financiers, et songeait à des placements dans les mines du Colorado. N’en faisons donc pas un pourfendeur de toute forme de profit.
Enfin, Custer reste un homme de terrain qui espère engranger de la notoriété et redevenir général (il ne l’était qu’à titre provisoire durant la guerre de Sécession) en battant les Indiens et leurs chefs prestigieux. Son supérieur, le général Terry, connaît ses qualités et ses défauts et il sait que Custer est très doué dans sa traque des Indiens. Il est capable de les forcer à sortir de leurs cachettes, les poursuivre et les mettre hors de combat avec brio. C’est pourquoi il manœuvre auprès de Grant, avec l’aide d’une autre gloire de la guerre de Sécession, le général Sheridan. Relayés par la presse qui sait sa détermination dans son métier de soldat, ils forcent le président à changer sa décision et lui rendre son unité. C’est donc bien moins romanesque que dans le film, où le côté implacable de Custer, pourtant bien réel, est gommé.
Errol Flynn, le dernier carré de Little Big Horn.
Conclusion générale.
Arrêtons-nous là . L’essentiel est dit. They died with their boots on est donc un bon film, pour peu que l’on tienne compte de son contexte de création et de ses prises de liberté certaines avec la vérité historique (mais peu de films sont irréprochables à ce sujet, voire pas). Custer n’est ni le héros sans tache qu’il montre, ni le fou de Little big man. A titre personnel, je trouve même ce dernier film moins réaliste, mais il se veut volontairement iconoclaste et cela est à prendre en compte (je n’ai jamais dit de ne pas le regarder). Songeons par exemple à la conduite du général à la fin, qui perd ses esprits et donne des ordres qu’un « bleu » ne ferait pas. En réalité, il meurt courageusement au milieu de ses hommes, l’arme à la main et They died with their boots on, bien que très hollywoodien, est plus conforme à ce sujet, là encore.
Bibliographie (non exhaustive) sur le contexte historique:
-AMEUR (Farid), Sitting Bull, héros de la résistance indienne, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2014, 239 p.
-JACQUIN (Philippe) et ROYOT (Daniel), Go west ! Une histoire de l’ouest américain d’hier à aujourd’hui, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 2004, 368 p.
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Custer à l’écran: « They died with their boots on » (1/3).
S’il y a bien une chose dont j’ai trop peu peu parlé jusqu’ici, c’est le cinéma. Pourtant c’est un art que j’affectionne particulièrement et qu’il est très intéressant d’étudier. Voilà pourquoi j’ai décidé de parler aujourd’hui d’un film de 1941 : They died with their boots on, du prolifique Raoul Walsh. On passera sur la calamiteuse traduction française (La charge fantastique) du titre pour se concentrer sur le casting et ce qui est raconté, avant de revenir sur l’intérêt de tout ceci pour l’histoire militaire, évidemment.
Le contexte
Le film montre donc de manière romancée, et assez hagiographique, la vie du fameux George Armstrong Custer. Si le personnage est connu pour avoir fini sa carrière sous les tirs et les flèches des Indiens à Little Big Horn à la tête de son unité, le célèbre 7e de cavalerie… They died with their boots on commence bien en amont: on le voit arriver à l’académie militaire de West Point, où sont formés les officiers de l’armée américaine. Débarquant chamarré comme un général napoléonien et ne doutant de rien… Il va faire des siennes, accumuler les fautes et engranger des résultats catastrophiques.
Ainsi, dès le début, le ton est donné: le film est très plaisant à regarder et regorge de moments dont on se souvient. Souvent drôle, il est bien filmé, avec de très belles images et scènes sur lesquelles je reviendrai. D’ailleurs, le fameux général est joué par Errol Flynn, immense vedette de l’époque qui tourne une nouvelle fois avec la sublime Olivia de Havilland, qui joue là son épouse. En effet, c’est l’un des huit films où le couple mythique fut ensemble, dirigé notamment par d’autres maîtres comme Michael Curtiz (Casablanca…). A leurs côtés on notera tout de même le jeune et encore assez peu connu Anthony Quinn, qui campe le chef indien Crazy Horse.
Custer (Errol Flynn) débarque à West Point… Et multiplie les maladresses dignes d’un vaudeville. Là il se prend pour Murat, « the king of cavalrymen ».
Les évènements
Custer a donc des notes catastrophiques… Mais il est un excellent cavalier et la Guerre de Sécession a besoin d’officiers pour mener les masses d’hommes au combat et George en fait partie, se distinguant à de nombreuses reprises durant ce conflit, de manière moins romanesque que dans le film évidemment. La guerre finie, l’officier s’abîme dans la boisson et s’ennuie, avant d’être rappelé au service actif dans l’ouest, dont la « conquête » est peu à peu faite par les Américains, au détriment des tribus indiennes. Or, il sait mener les hommes et son goût de l’action n’est un secret pour personne.
La suite est connue: malgré ses sympathies pour ces populations et la corruption ambiante, il ne peut empêcher la conquête des Black Hills (c’est du moins ainsi que le film montre les choses, nous y reviendrons dans l’analyse), terres sacrées des Indiens, à cheval entre le Montana et le Dakota, où l’on a trouvé de l’or en 1874… et que les compagnies ferroviaires aimeraient bien traverser. Après l’échec des négociations, la guerre débute donc et son unité est engagée dans les combats. Or, tombé dans une nasse à Little Big Horn, il meurt avec ses hommes le 25 juin 1876, victoire qui ne permet toutefois pas aux Indiens de gagner la guerre. Depuis, le personnage est tantôt adulé tantôt détesté, la vérité étant comme toujours plus nuancée.
Nous verrons donc la prochaine fois les enseignements qu’on peut tirer de ce film par rapport à l’histoire et à l’histoire du cinéma, et il y a beaucoup à dire !
L’affiche. Le film est produit par la Warner Bros.
Bibliographie sur le contexte historique:
-AMEUR (Farid), Sitting Bull, héros de la résistance indienne, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2014, 239 p.
-JACQUIN (Philippe) et ROYOT (Daniel), Go west ! Une histoire de l’ouest américain d’hier à aujourd’hui, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 2004, 368 p.
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Un film: Le dictateur (The great dictator).
Finalement je ne peux m’empêcher de parler de ce film incontournable, sans le mettre dans le dossier car il n’est pas si comique que cela.
Le dictateur (The great dictator) a commencé à être tourné en 1938 et est sorti sur les écrans américains en 1940. Première oeuvre totalement parlante de l’inoubliable Charlie Chaplin, il est une dénonciation, une condamnation sans appel du nazisme et du fascisme italien de manière à peine déguisée.
Le héros de notre histoire est un barbier juif (ce que Chaplin n’était pas, contrairement à ce que l’on entend souvent) vétéran de la 1ère guerre mondiale (elle aussi très bien traitée au début du film), qui l’a rendu amnésique (le personnage ressemble évidemment à Charlot). Il passe donc de longues années de convalescence à l’hôpital et ne se rend pas compte que son pays passe sous la coupe du dictateur Adenoid Hynkel (toute ressemblance avec un nom existant est évidemment fait exprès)… Dont le symbole est une double croix et qui a pour compère la Bactérie, Italie fictive dirigée par un certain Napoleoni.
Le totalitarisme frappe de plein fouet cet homme revenant dans son ancien quartier, un ghetto où il ne fait désormais plus bon vivre. Bon nombre d’actions s’étant réellement déroulées sont dénoncées à l’écran: l’antisémitisme, la violence, la propagande, l’invasion de l’Autriche (appelée Osterlich), la compromission des officiers avec le nouveau régime, la confusion entre le dictateur et l’Etat etc... Le final est très connu: le barbier, qui est aussi le sosie du dictateur, se substitue à lui contre son gré et lance un discours resté fameux (je n’en dit pas plus). Ni comédie ni tragédie, le Dictateur fait tantôt rire et tantôt réagir. La symbiose est très bien amenée et jamais l’oeuvre ne frappe le spectateur d’un moralisme à deux sous.
Le film a été mal perçu à l’époque: l’Amérique est isolationniste et entend en majorité le rester, l’Europe sous la coupe des dictatures ne peut le voir, J. Edgar Hoover le prend comme un manifeste en faveur du communisme (bien avant Mc Carthy, Chaplin a été ennuyé). Toutefois il est aussi un succès populaire, notamment en Grande-Bretagne ravagée par les bombardements et touchée par cette production.
Depuis, il est considéré comme l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma: outre son côté engagé, il est la preuve irréfutable que Chaplin a su passer du muet au parlant. C’est l’un des seuls, sinon le seul a avoir réussi pareil tour de force.
Anecdotes: Chaplin joue avec l’une de ses femmes dans le film, Paulette Godard. De plus, toujours très professionnel, il jeta un oeil sur la VF et choisit lui-même l’excellente voix de Roger Carel (Pongo, C3PO, Triste Sire, Kaa, Alf, Hercule Poirot…) pour le doubler. Les autres voix sont très bien aussi et collent souvent parfaitement à la VO, comme celle du commandant Schultz (Raymond Gérôme en VF).
Un must avec de très grandes scènes (la mappemonde, le rasage, le discours, la 1ère guerre, les gâteaux…), une très belle leçon de cinéma, de musique (Chaplin la compose lui-même comme toujours) et d’Histoire. Le film en entier ci-dessous à voir et revoir!
Le film en VO avec sous-titres anglais ou espagnol:
Les films comiques sur la Seconde Guerre Mondiale VI) To be or not to be/ The producers
Expédions en une ligne le remake de Mel Brooks au chef-d’oeuvre de Lubitsch évoqué précédemment: il est fidèle à l’original et très bon (même si Mel Brooks n’est pas officiellement le réalisateur, on voit bien que le film porte sa marque). Petite cerise sur le gâteau: Mel joue avec sa femme, Anne Bancroft, l’inoubliable Mrs Robinson du Lauréat. On notera aussi la sympathique présence de Christopher Lyoyd, le fameux doc de Retour vers le futur.
Toutefois l’ami Mel (dont je suis un inconditionnel) a débuté la réalisation de films par un excellent opus injustement oublié: Les producteurs (The producers), sorti en 1968. De quoi s’agit-il? Et bien de l’association de deux personnes à la moralité disons… Douteuse. Gene Wilder (qu’on voit dans d’autres films de Brooks) et Zero Mostel, qui interprètent les deux escrocs, décident en fait de monter une comédie musicale à Broadway. Toutefois ils s’arrangent pour qu’elle soit le plus mauvaise possible, pour faire un four mémorable et arnaquer l’assurance.
Or, contre toute attente, et au grand dam de leurs producteurs, le succès est au rendez-vous! Pourtant le machin s’appelle « Le printemps d’Hitler« , a été écrit par un nostalgique allemand complètement caricatural et réfugié aux USA… Et le rôle titre est tenu par le désopilant Dick Shawn (voir le premier article du dossier), qui a une interprétation bien personnelle du maître de l’Allemagne! Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir du premier visionnage.
Film très bien ficelé qui montre déjà le génie comique de Mel Brooks, Les producteurs est un film à voir pour passer un très bon moment de rigolade. Un remake a été fait en 2005 mais je ne l’ai pas vu (et il ne m’inspire pas confiance).
C’est sur ces lignes que j’arrêterai ce dossier, ne voulant pas parler de film trop connus comme La grande vadrouille ou la 7e compagnie (que j’apprécie par ailleurs). En espérant avoir permis à ces perles du cinéma de revivre un peu par ces lignes!
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Les films comiques sur la Seconde Guerre Mondiale V) To be or not to be?
To be or not to be est un film du fameux Ernst Lubitsch. Sa date de sortie (1942) montre très bien qu’on pouvait rire de la Seconde Guerre mondiale alors que celle-ci n’était pas encore finie!
Nous sommes en 1939 en Pologne, juste avant le début de la guerre. Une troupe de théâtre se moque du dirigeant de l’Allemagne nazie, dans une pièce comique. Mais, avec l’arrivée des Allemands à Varsovie, le lieu doit cesser son activité. Les acteurs se retrouvent au chômage.
Malgré eux, ils sont impliqués dans la Résistance (à vous de voir pourquoi en le voyant) et les efforts des Allemands pour la démanteler. Ils jouent de leurs talents de comédien pour s’en sortir.
On le voit, a priori il n’y a là rien de drôle: le sujet est grave et à l’époque d’une actualité brûlante. Toutefois To be or not to be (si vous voyez le film, vous comprendrez le pourquoi du comment de son titre, évidemment tiré de Shakespeare) est une comédie. Et une très bonne. Les nazis sont franchement ridiculisés, certains passages (où l’un des personnages est quasiment fait cocu) font penser au vaudeville, des quiproquos éclatent (notamment car les acteurs se déguisent à l’aide de leurs accessoires de théâtre),etc. etc. A ce propos la scène initiale du film donne d’entrée le ton.
To be or not to be , malgré son âge, reste un excellent film sur la guerre en 2012 et mérite d’être vu! La prochaine fois, je parlerai du remake de 1983.

L’affiche du film
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Les films comiques sur la Seconde Guerre mondiale: III) Kelly’s Heroes
Continuons notre tour d’horizon avec De l’or pour les braves (Kelly’s Heroes). Le comique de ce film est différent du précédent, nous ne sommes plus dans la « tarte à la crème » (encore que…) si j’ose dire. Cette fois c’est surtout le scénario qui est loufoque.
Le film se déroule en France, pendant la libération. Au début, Kelly (Clint Eastwood), de l’US army, capture un officier allemand, officier qui lui dévoile que ses compatriotes ont rassemblé 14.000 barres d’or dans la banque de Clermont-en-Argonne, à 40 kilomètres derrière les lignes allemandes.
Aussitôt Kelly « recrute » toute une bande de soldats peu scrupuleux sur le règlement et monte une opération en dehors de tout cadre légal pour aller récupérer cet or pour son propre compte! Parmi eux un sergent escroc de l’intendance, un Telly Savalas (Au service secret de sa Majesté, Les douze salopards…) réticent mais bien obligé de suivre le mouvement mais aussi et surtout le génial Donald Sutherland (Les douze salopards, Space cowboys, La grande attaque du train d’or…)! Il offre au groupe un renfort blindé plutôt… particulier. Ceux qui connaissent le personnage devineront qu’il est le plus loufoque du film: sorte de hippie avant l’heure, il tire des obus de peinture, diffuse de la musique très fort par haut-parleurs depuis son tank, parle sans cesse d’ondes négatives qui expliquent l’insuccès… Et je ne vous dévoile pas tout!
Bref, le film est improbable et fonctionne très bien! Cette unité fantôme de drôles de zigotos intrigue autant les Allemands, dont certains collaborent par appât de l’or, que les Américains (qui tirent même dessus) et tout le monde se met à courir après dnas une joyeuse pagaille. Quant à la fin, elle est juste d’anthologie. Je ne vous la gâcherai pas, mais rappellerai juste qu’elle a inspiré un jeu profondément décalé: Battelfield Bad Company. Comédie certes, mais aussi film de guerre par moments, car les combats sont loin d’être ridicules, De l’or pour les braves est un passage obligé pour tous les amateurs de bizarreries cinématographiques. VF sympathique encore une fois, grâce à Claude Bertrand (Baloo, O’malley, Petit Jean…) et Philippe Dumat (Picsou, le Prince Jean, Alec Guinness dans Star Wars…).
La chanson du film:
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Les films comiques sur la Seconde Guerre mondiale: II) 1941.
Si Steven Spielberg est très connu pour ses inoubliables séries telles que Indiana Jones ou Jurassic Park, il a aussi produit quelques raretés cinéphiliques. 1941 est parmi celles-là. Son titre fait évidemment référence à l’année pendant laquelle les Etats-Unis ont rejoint la Seconde Guerre mondiale, après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor (7 décembre 1941).
Dans le film, un sous-marin japonais fait justement surface au large de Los Angeles. Aussitôt, c’est la panique, l’hystérie collective dans la ville et ses environs. Même s’il est seul, tout le monde s’attend à l’invasion de la côte ouest. La résistance s’organise, avec des moyens démesurés: garde nationale, blindés, DCA, et même aviation. Finalement il part sans avoir causé de dégâts autre qu’à une grande route d’un parc d’attraction…
On le voit bien, le scénario est prétexte à un nombre incroyable de recettes bien connues de la comédie: des personnages caricaturaux, des situations invraisemblables souvent inspirées de la réalité (un homme installe un canon AA chez lui, comme quelqu’un le fit réellement à l’époque, par exemple) etc. On retiendra particulièrement l’immense Christopher Lee (Scaramanga, Dracula, Saroumane…) en conseiller allemand des Japonais dont le chef n’est autre que… Toshiro Mifune (Les sept Samourai, Duel dans le Pacifique…)! Pendant tout le film, Lee parle uniquement dans la langue de Goethe (qu’il connaît vraiment).. N’oublions pas John Belushi, en pilote d’avion complètement déjanté et qui joue aux côtés de son compère des Blues Brothers: Dan Aykroyd. Quant à Robert Stack, il va au cinéma voir une production bien connue de l’époque: Dumbo des studios Disney… Beau casting!
Bref, le film est hautement stupide et rafraîchissant. Spielberg s’amuse et nous aussi. 1941 fut plutôt mal accueilli à l’époque (on ne badine pas avec un tel sujet aux USA!), mais il a su se créer une petite communauté de fans (dont moi) au fil du temps. Il a été édité en dvd en France et la VF est correcte, on y entend notamment l’excellent Jacques Dynam qui fait la voix de John Belushi, comme dans Blues Brothers.

1941
Le thème du film, par John Williams:
Les films comiques sur la Seconde Guerre mondiale: I) What did you do in the war daddy?
Commençons par Qu’as-tu fait à la guerre papa? (What did you do in the war daddy?), qui est un film américain réalisé par Blake Edwards en 1966. Très habitué de la comédie (Les Panthère rose , The party, La grande course autour du monde etc.), il s’attaque cette fois au second conflit mondial. Nous sommes en 1943, pendant l’opération Husky (le débarquement de Sicile). Un petit groupe de soldats américains est chargé de sécuriser le petit village de Valerno, proche de la côte. Arrivés sur place, ils ne rencontrent pas de résistance de la part des Italiens, car ceux-ci sont trop occupés à participer à la fête du village! Ils ne demandent qu’à se rendre, mais pas avant d’en avoir fini avec l’évènement. Le ton monte, des désaccords surviennent… Jusqu’à ce que les Allemands ajoutent à la panique en déboulant dans le village! S’ensuivent des quiproquos, des situations que seule la comédie sait produire, des rebondissements bien ficelés, jusqu’à un final attendu mais toujours sympathique.
Le film est emmené par James Coburn, pourtant plus habitué à des films durs (Croix de fer, Il était une fois la Révolution, La grande évasion…) , mais qui se révèle très bon dans ce genre de production également. A ses côtés on retrouve Dick Shawn, pour le coup plus habitué au rire. Ceux qui ont vu Les producteurs , le premier film de Mel Brooks, ou l’Equipée du cannonball ne peuvent que m’approuver. On voit également la belle Giovanna Ralli, qui a tourné avec les plus grands metteurs en scène italiens. A la musique, le comparse habituel d’Edwards: Henry Mancini, qu’on ne présente plus.
Bref, Qu’as-tu fait à la guerre papa? est un film très sympathique si vous avez envie de passer un bon moment. Pas forcément très original ni très connu, il peut être facilement trouvé en France car il a été édité dans la collection Les introuvables Fnac, belle initiative venant de la part d’un grand groupe comme celui-ci. A (re)voir!

Affiche française du film