Archives de Tag: De Gaulle

Exposition « Comme en 40 » aux Invalides

Ma critique

Comme en 40 est une nouvelle exposition temporaire au musée de l’Armée à Paris. Courant jusqu’au 10 janvier, elle propose de revenir sur l’année 1940, de la fin de la Drôle de Guerre aux premiers combats de la France libre, en passant par les débuts de l’occupation et du régime de Vichy. Le parcours est très chronologique, même si certains espaces plus thématiques permettent de revenir sur plusieurs aspects, comme l’exode des populations fuyant devant les armées allemandes.

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Le patrimoine militaire de Wangenbourg-Engenthal

Située dans le massif des Vosges, la petite commune de Wangenbourg-Engenthal abrita le poste de commandement de la 5e Armée durant la Drôle de Guerre. Son chef d’Etat-major était le bien connu général de Lattre de Tassigny. Des personnalités célèbres comme Daladier, le président de la République Lebrun et même Charles de Gaulle s’y rendirent. Une casemate pour les personnalités importantes y avait été créée. A côté de cela, le lieu abrite un château commencé à la fin du XIIe siècle et dont les ruines restent impressionnantes. Vue magnifique depuis le donjon…

Plus d’informations: https://www.chateauxfortsalsace.com/fr/chateau/chateau-de-wangenbourg/

Le Grand hôtel, aujourd’hui du Parc, où le PC de la 5e armée s’était installée. A 40 kilomètres à l’ouest de Strasbourg, dans les Vosges, la position était abritée. Photo de l’auteur.

L’Etat-major resta là durant toute la Drôle de Guerre, période incertainte entre septembre 39-et mai 40, date de l’attaque allemande à l’ouest. Photo de l’auteur.

La casemate où les personnalités importantes s’abritaient. Le centre de commandement y était relié. Photo de l’auteur.

Autre vue. Photo de l’auteur.

Autre vue. Photo de l’auteur.

Première vue du château, qui se compose de plusieurs éléments des XII, XIII et XIVe siècles. Les soldats de Louis XIV encore y passèrent ! https://www.chateauxfortsalsace.com/fr/chateau/chateau-de-wangenbourg/ Photo de l’auteur.

En longeant les remparts. Photo de l’auteur.

En longeant les remparts. Photo de l’auteur.

En longeant les remparts. Photo de l’auteur.

La cour intérieure. Photo de l’auteur.

La cour intérieure. Photo de l’auteur.

Arche donnant sur la forêt, dans la cour intérieure. Photo de l’auteur.

La cour intérieure. Photo de l’auteur.

Superbe vue des Vosges depuis le donjon. Photo de l’auteur.

Depuis le haut du deuxième donjon (fin XIIIe-début XIVe), le primitif ayant été remplacé. On en voit encore les fondations. Photo de l’auteur.

¨Plaque en l’honneur du général de Gaulle. Photo de l’auteur.

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L’armée d’armistice du gouvernement de Vichy: VI) Dissolution

La fin d’une armée et ses conséquences:

Nous l’avons vu la dernière fois, l’armée d’armistice, à l’histoire paradoxale, prend fin avec l’opération Torch et l’occupation de la Zone Libre qui en découle. En fait contrairement à ce qu’il fit croire, et notamment après la guerre, le gouvernement de Vichy ne voulait pas reprendre le combat. Il fit même procéder à des arrestations, et j’ai évoqué la dernière fois le cas du général de Lattre. Des gens entrèrent, en réaction, dans la Résistance dès 1940 (alors très peu). Ces militaires formant l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), réussissant à encadrer quelques maquis et leur fournir du matériel, surtout après novembre 1942. Je le rappelle, les photos montrant des stocks de l’armée de Vichy utilisés par les FFI en 43-44 sont nombreuses: casques Adrian, pantalons, vareuses et chemises mle 41 (voir 2e article) etc.

Du fait de Torch, les colonies passèrent sous le contrôle de la France libre, hormis l’Indochine surveillée par les Japonais. Ceux-ci finirent par s’en emparer en mars 1945, dans un épisode peu connu qui causa de terribles pertes chez les Français dont les officiers ont refusé le suicide. L’armée dissoute, il restait aux ordres de Vichy quelques unités issues de la collaboration: L.V.F, S.S ou la sinistre Milice (30.000 hommes à son apogée). Cette armée n’a donc servi à rien et a même compromis la cause française. En fait de nombreuses personnes croyaient sincèrement que l’homme de Verdun préparait la revanche. A noter à ce propos que l’armée de la IIIe République n’avait jamais demandé de serment aux officiers: en effet beaucoup étaient monarchistes et le contraire n’eût pas été sans causer des problèmes. En revanche, le maréchal exigea un tel serment. Il n’était donc pas si simple de le désavouer et que Darlan déclare agir au nom du maréchal le dédouanait, ce qui était finement joué.  Rappelons-le: au niveau de la loi, de Gaulle est un déserteur et fut condamné à mort par contumace par le gouvernement de Vichy… Certains dirent même que Pétain était en accord secret avec lui, le premier restant en arrière afin de protéger les Français! C’était bien sûr faux.

De Lattre de Tassigny, l’un des nombreux officiers ralliés fin 1942. Photo trouvée sur http://rhin-et-danube.fr

 

Ce qui est par contre vrai est que l’agglomération des anciennes forces vichystes avec les unités de la France libre ne fut pas chose aisée. Au moment de la création de la 2e D.B, par exemple, le 501e régiment de chars de combat (issu des FFL) accusa ainsi les fusiliers-marins blindés, le régiment de Gabin, d’être un contingent « royal-nazi » car n’ayant pas pris part à la lutte plus tôt. En effet ceux-ci les avaient traité de « royal-voyous » ( carsoi-disant laquais de Londres!)… Si l’armée s’effondra (hormis les troupes passant à la Résistance, on l’a dit) en métropole, celle d’Afrique ralliée allait avoir de beaux jours devant elle: Italie, Débarquement de Provence, libération de Paris pour le RBFM etc… Beaucoup d’officiers tels Juin ou de Lattre allaient effectuer de grands faits d’armes.

Bibliographie:

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L’armée d’armistice du gouvernement de Vichy: V) L’opération « Torch »

Le général Giraud :

Continuons à voir l’histoire de cette armée méconnue en revenant sur sa fin, liée à l’avancée des Alliés. Il nous restera ensuite à conclure et soulever quelques interrogations.Pour le moment nous sommes en novembre 1942. C’est ce mois qui voit avoir lieu l’opération Torch, soit le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. En effet, si ceux-ci ne peuvent ouvrir le second front réclamé par Staline en Europe depuis juin 1941, ils entendent tout de même agir et régler le sort aux troupes de l’Axe en Afrique, que combattent le Commonwealth et les Français libres depuis 1940. L’idée est donc de débarquer sur leurs arrières et d’occuper les territoires français d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie), également pour créer une base de départ en vue d’opérations en Sicile puis en France.  Or, le gouvernement américain, qui a pourtant une ambassade de Vichy sur son territoire, a très peu pris contact avec les autorités locales, et encore moins avec le Général de Gaulle que Roosevelt déteste (l’autre lui rend bien), le jugeant peu démocrate (dans le sens de partisan de la démocratie, pas du parti démocrate!) .

Les Américains décident donc de favoriser le général Giraud, vieux militaire rallié à Vichy, mais prêt à reprendre la lutte et qui s’était évadé d’Allemagne pour cela. C’est le choix, en fait, d’un homme facilement manipulable par Washington: il n’a  pratiquement pas de contacts sur place et ne doute de rien… Il se voit déjà en nouveau Foch, à la tête des armées alliées comme en 1918!

La fameuse poignée de main forcée de Giraud et de de Gaulle lors de la conférence de Casablanca en 1943. La rivalité entre les deux hommes fut forte. Image provenant de http://www.gutenberg-e.org

Le débarquement en Afrique du Nord: 

Les généraux Noguès (partisan d’une poursuite de la lutte en 1940) et Juin, qui commandent, donc, respectivement, au Maroc et en Algérie, n’ont finalement pas été prévenus de quoi que ce soit… Quand la flotte alliée apparaît devant les côtes et dévoile ses intentions de débarquer, le résultat est que quelques groupes tentent localement d’agir (Alger est tenue quelques heures par des résistants) mais, bien vite, Vichy fait passer le mot d’ordre de répliquer. Au Maroc les combats sont durs et violents, les pertes lourdes. Juin, lui, réussit à négocier avec les Américains et les choses se passent mieux en Algérie. En Tunisie par contre, l’Axe est autorisé à utiliser les pistes d’atterrissage et prend vite le contrôle du pays: il ne fut chassé que durement l’année suivante.

On le voit, la situation est confuse au possible. Pétain est loin, Giraud n’a pas d’autorité malgré son grade… Pourtant, Darlan (cf articles précédents), se trouve inopinément sur place (il y a un fils malade) et comprend que le vent est en train de tourner. Pour lui, la seule solution est de déclarer que le maréchal approuve ce qui est en train de passer et qu’il gouverne en son nom (en fait il n’y a jamais rien eu d’officiel). Or, beaucoup étaient justement prêts à croire que Pétain n’attendait que le bon moment pour reprendre le combat et l’illusion fonctionne. Darlan n’en profita toutefois pas, il fut assassiné peu de temps après.  Au niveau militaire, dès le début du mois de Novembre, les Français tournent leurs armes contre les Allemands et une grande partie de l’armée entre enfin dans la guerre. On verra pour terminer que l’agrégation avec les Français libres ne fut pas simple. Enfin, en métropole, l’armée d’armistice est dissoute au moment de l’opération Atilla qui n’est autre que l’occupation de la zone libre, dès le 11 novembre. Certains officiers voulurent alors se défendre, comme de Lattre, mais on leur cloua le bec pour terminer sur une note familière. Une partie non négligeable du matériel (voir article correspondant) de l’armée d’armistice passa alors à la Résistance: tenue modèle 41, casques, armes etc…

Les Britanniques débarquant leur matériel en Afrique du Nord. Crédit photo: wikipédia.

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L’armée d’armistice du gouvernement de Vichy: IV) Doctrine d’emploi et combats de Syrie

A côté des engagements la Marine, nous allons voir que les forces terrestres de Vichy connurent deux passages guerriers d’importance, où elles ouvrirent notamment contre les Français libres. Il s’agit de la Syrie en 1941 et de la résistance au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en 1942. Le premier épisode nous occupera aujourd’hui.

Que faire de l’armée de terre?

L’un des protagonistes les plus importants du régime Pétain reste l’amiral de la flotte, Darlan. Connu dès avant la guerre, il constituait  un personnage en vue de la IIIe République, en tant que chef respecté d’une marine qu’il avait su refonder et porter à un haut niveau d’excellence, pour les résultats que l’on a vus précédemment. Or, chef du gouvernement dès 1941, il préside aux destinées militaires de la France. Pour l’essentiel, ses buts  sont  simples et rejoignent ce que l’on a déjà vu: il faut défendre l’Empire colonial, dernière source de prestige, contre quiconque. Comme la Marine, il est une monnaie d’échange dans un monde où l’Axe semble devoir l’emporter et il convient de le mettre à l’abri des combats… On a vu que cela amena à faire feu sur de Gaulle et les Britanniques à Dakar.

En fait, beaucoup croient que l’Allemagne a gagné la guerre et ont de grands projets pour l’armée. Celle-ci doit servir à la « Révolution Nationale » (la politique intérieure de Vichy), tout en préparant éventuellement la revanche, au cas où. Celle-ci était jugée possible par plusieurs dirigeants et beaucoup restaient auprès de Pétain, croyant qu’il allait reprendre le combat au moment propice. Ils se remémoraient alors l’effort prussien de 1806-1813 après la terrible défaite de Iéna face à Napoléon ou même les récents contournements allemands du traité de Versailles dans l’entre-deux guerres, sujet toujours brûlant. Des historiens comme Robert Paxton ont finalement montré que ce n’était pas du tout l’intention profonde de Pétain, malgré ce qu’il affirma après-guerre…

Portrait de Darlan. Trouvé sur http://www.devoir-de-philosophie.com (!)

Syrie, 1941. 

Le problème est donc que cette analyse n’est pas très lucide, car la situation n’était pas la même que celle de la Prusse puis de l’Allemagne. La stratégie choisie se révèle au final  attentiste et démoralisante: attendre ce que va faire le camp adverse pour éventuellement riposter… Elle conduisit d’ailleurs à une série d’échecs sanglants, dont on vient de voir le volet naval. Le premier de ces ratages, cette fois terrestre, est celui de Syrie en 1941.

En effet le mois d’avril de cette année vit l’Irak (sous la coupe des Britanniques) être secoué par un coup d’état pro-Berlin. Les Allemands bien trop occupés et trop loin ne pouvaient l’aider directement, sauf par voie aérienne. Toutefois, le rayon d’action des avions de l’époque étant ce qu’il est, il fallait bien se rapprocher de la zone. Les aérodromes des territoires sous mandat français au Levant semblèrent alors être la solution. Devançant même les demandes allemandes, Darlan proposa à Berlin de les utiliser en échange de concessions. Le IIIe Reich accepta, et se vit même fournir quelques munitions par la France. Si le soulèvement, très mal organisé, fut  vite réduit par Londres, celle-ci prit alors conscience de l’intérêt stratégique du Levant (le nom de l’époque du Proche-Orient), qu’il fallait mettre hors d’état de nuire pour empêcher de nouvelles menaces… D’autant plus que la zone, avec Chypre, contrôle la Méditerranée orientale.  Une force (qui comprend des FFL) est donc envoyée sur place pour régler la question. Vichy donne l’ordre au général Dentz, commandant de la zone, de se défendre, ce qu’il fait. De durs combats ont lieu en juin-juillet et finalement les forces Vichystes sont vaincues. A plusieurs reprises, les Français se sont tirés dessus, sauf deux unités de la Légion qui refusèrent d’en venir aux mains… Même dans deux camps différents, la Légion ne tire pas sur la Légion. Elles obtiennent de pouvoir rentrer en métropole ou en Afrique du Nord. De Gaulle est déçu, il espérait en rallier à sa cause mais la majorité refuse…

L’artillerie de Vichy en action en Syrie. Crédit photo: ECPAD. Plus de clichés ici: http://www.ecpad.fr/les-forces-francaises-vichyssoises-combattent-durant-la-guerre-de-syrie

Nous verrons la prochaine fois la fin de cette armée, avec les combats d’Afrique du Nord en 1942.

Bibliographie:

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L’armée d’armistice du gouvernement de Vichy : III) La Marine.

On l’a vu (cf premier article,) la seule arme en bon état, et qui resta quasi-totalement fidèle à Vichy, fut la Marine. Or celle-ci est l’une des plus puissantes du monde de l’époque et  l’armistice franco-allemand de juin 1940 prévoyait son désarmement. L’enjeu qu’elle constitua est une page importante de l’histoire de la France dans la Seconde Guerre mondiale.

Mers-el-Kébir et Dakar.

Si quelques marins ainsi que plusieurs bâtiments réussirent à partir rejoindre les alliés, les Britanniques craignirent très rapidement que cet instrument de puissance qu’est la flotte française ne tombe aux mains des Allemands, qui manquent cruellement de navires, et ils agirent rapidement pour la neutraliser. C’est ce que l’on appelle l’opération Catapult. C’est à dire qu’une escadre de la Royal Navy se présenta devant Mers-El-Kébir, grande base navale près d’Oran où était stationnée une bonne partie de la « Royale » et envoyèrent un ultimatum à leurs alliés de la veille….

L’amiral Gensoul qui commandait la force se vit signifier plusieurs issues par les Britanniques: 1) reprendre la lutte aux côtés des alliés, 2) être interné en Grande-Bretagne, 3) aux Antilles, 4) se saborder. Après un temps de tergiversation, Gensoul refuse d’obéir tout en affirmant qu’il ne se livrera pas à l’ennemi. Les Anglais ne s’en satisfassent pas et ouvrent le feu, avec les résultats que l’on sait: de nombreux navires sont envoyés par le fond (ils n’étaient pas en état de se défendre car pris par surprise et ne pouvaient fuir) et 1300 marins Français sont tués, ce qui est beaucoup. Ils en retirèrent un profond mécontentement contre les auteurs de cette tragédie et Vichy une intense propagande à ce sujet. Si De Gaulle s’abstint de juger (il comprenait la position britannique), il ne fit aucun éloge et le commandant britannique, Somerville, fut rongé sa vie durant par l’ordre qu’il dut exécuter. Ce bon moyen pour Londres de montrer sa détermination à continuer le combat fut complété par des mesures d’internement et de récupération des navires français présents dans les ports britanniques au moment de l’arrêt des combats.

Plus tard dans l’année, alors que la Grande-Bretagne et le Commonwealth restent désespérément seuls dans leur lutte contre l’Allemagne, le général de Gaulle désire faire basculer l’Empire colonial français, aux mains de Vichy, dans la guerre. L’opération réussit à partir du Tchad et de la personne du gouverneur Félix Eboué, qui rallie des territoires dès août 1940. Pourtant,  les forces navales franco-britanniques qui se présentent devant le port militaire de Dakar au Sénégal en septembre de la même année, espérant une même réussite subissent un échec cuisant : la place refuse de se rendre et les Français tirent sur des Français… L’aviation, la flotte et les batteries côtières restent fidèles à Vichy et ne se rallient qu’après l’invasion de la zone libre en 1942…

De Gaulle devant Dakar. Crédit photo: wikipédia.

L’invasion de la zone libre et l’amiral Godefroy

C’est en effet l’autre action d’importance de la Marine française entre 40 et 45 : son sabordement… En fait, après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en novembre 1942 (opération Torch), les Allemands ripostent en envahissant le reste de la France qu’ils n’occupaient pas. L’armée d’armistice est dissoute et la marine, qui restait puissante malgré la perte de trois cuirassés à Mers el-Kébir, ne peut se résoudre à fuir en direction des territoires occupés par les alliés. Hormis de très petits bâtiments,  elle se saborde à Toulon, pour éviter de tomber aux mains de l’ennemi, selon les ordres de l’Amiral de Laborde. C’est une catastrophe. Outre le fait que la force navale française si coûteusement forgée durant l’entre-deux-guerres a été perdue pour rien (après avoir très peu agi on l’a vu), elle prive la France libre d’un atout majeur.

Seule la force X (un cuirassé, quatre croiseurs, trois torpilleurs…) internée depuis 1940 à Alexandrie sans avoir rien fait du conflit la rallie enfin (mais en juin de l’année suivante seulement. L’amiral Godefroy (qui la commandait) fut mis à la retraite: il avait refusé de continuer le combat après l’armistice et voulait le commandement de la flotte en arguant du fait qu’il était le seul à arriver avec des unités intactes ! On lui fit remarquer qu’il avait attendu 1943 pour ça et il n’insista pas.

Ce court résumé montre bien le caractère paradoxal de la Royale aux ordres de Vichy : un instrument puissant, un outil de pression qui ne sut rejoindre massivement la France Libre qu’elle aurait pu rendre infiniment plus importante qu’elle ne l’a été et qui fut réduit à néant en deux évènements. Le quasi-culte rendu à son chef, l’amiral Darlan, et la fidélité au maréchal Pétain d’une arme moins anglophile et républicaine que d’autres n’y ont pas été étrangers. Ainsi les Forces Navales Françaises Libres restèrent d’importance moindre.

Photo aérienne de la flotte française se sabordant à Toulon. Crédit photo: wikipédia.

Bibliographie:

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L’armée d’Armistice du gouvernement de Vichy: I) Les forces disponibles

Après avoir fait un gros dossier sur les armes des soldats français en 1939-1940, revenons sur l’armée d’armistice, c’est-à-dire celle que peut garder le gouvernement de Vichy après l’occupation allemande du pays. C’est un cas unique de la Seconde Guerre mondiale. J’ai choisi ce sujet, car il est très peu connu.

Genèse:

Ainsi, après la défaite de la France à l’été 1940, l’armistice du 22 juin signé à Rethondes (c’est à dire dans la forêt de Compiègne) impose de dures conditions au pays. En fait,  plus d’un million six cents mille hommes sont aux mains des Allemands et la majorité va le rester jusqu’à la fin de la guerre, ce qui ne facilite pas l’entretien d’une armée.

Tout de même 500.000 furent libérés jusqu’en 1944 (ou s’évadèrent) et 200.000 réussirent à s’évanouir dans la confusion de l’été 1940. Restait tout de même un million de Français en Allemagne, employés à des travaux depuis des camps de prisonniers alors que les Alsaciens-Mosellans sont rattachés au Reich et doivent le service militaire dès octobre 1942 (également au Luxembourg, considéré comme Allemand). On parle de 130.000 personnes, dont 100.000 envoyées sur le front de l’est.

La situation est passablement compliquée, mais le maréchal Pétain obtient de pouvoir conserver des troupes en armes dans les territoires sous sa juridiction, ce qu’on appelle la Zone Libre, en gros la France du Sud de la Loire, et les colonies françaises. La raison est simple et pragmatique: Hitler laisse le maintien de l’ordre dans un territoire immense, et qu’il ne s’attendait pas à conquérir si vite, à d’autres mains que les siennes. 

Affiche pour le recrutement dans l’artillerie de l’armée d’armistice (« Armée nouvelle »). On reconnaît le canon de 75. Crédit photo: histoireimage.org.

En métropole:

Avec l’autorisation du Reich, Vichy a donc créé une armée d’armistice de 1940 à 1942, à la fois en métropole et dans les colonies. La France pouvait disposer d’environ 100.000 soldats proprement dits sur le territoire métropolitain, c’est à dire autant que l’Allemagne après 1918 (le parallèle est très intéressant). Et comme pour la Reichswehr (l’armée de la République de Weimar) des conditions drastiques sont posées par les vainqueurs. C’est-à-dire que l’artillerie est très limitée, l’aviation également. Quant aux blindés, ils sont interdits.

Pourtant, une partie les officiers et soldats qui demeurent dans cette armée (des hommes de carrière) réussissent à escamoter un peu de matériel aux yeux des Allemands et en font passer une partie à la branche militaire de la Résistance à l’occupant, l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée) ou transmettent des informations à la France libre. Reste le problème du recrutement, le service militaire (conscription) étant interdit par l’Allemagne. En fait, de manière à contourner la chose, le gouvernement de Vichy crée les  Chantiers de Jeunesse, sorte d’organisme paramilitaire inspiré du scoutisme. Les jeunes hommes qui y passent y sont souvent dirigés par des anciens officiers ou sous-officiers et reçoivent une éducation militaire et sportive; l’endoctrinement exista évidemment dans cette structure qui accueillit environ 40.000 personnes au cours de son existence.

L’Afrique et la Marine: 

Revenons à présent sur l’Armée d’Afrique et les garnisons des colonies. La première désigne les troupes stationnant en Afrique du Nord: Maroc, Algérie et Tunisie. Or, elle a obtenu de pouvoir conserver un effectif de 135.000 hommes, soit plus qu’en métropole. De plus, elle parvient à cacher bien plus de fournitures que dans l’Hexagone. En effet le territoire est plus vaste, désertique et les commissions d’armistice envoyées par les Allemands pour vérifier le désarmement sont peu nombreuses. Cet équipement servit par la suite, comme nous le verrons.

Profitant de l’écran fourni par la Méditerranée et la distance, d’autres corps paramilitaires sont montés en Afrique par Vichy. Des généraux qu’on retrouve plus tard dans la France Libre, comme Weygand (et Juin s’occupèrent de toutes ces questions-là, croyant longtemps que Pétain attendait le bon moment pour reprendre le combat. Pour finir, Des contingents existaient également au Liban, en Afrique Noire, en Indochine, à Madagascar… Leur situation est précaire car ces territoires passent en partie à la France libre alors que l’Indochine est menacée par les Japonais et les Siamois qui attaquent même le territoire. La présence nippone fut néanmoins limitée jusqu’à leur prise de possession directe et très violente en 1945 (nous y reviendrons).

La seule arme en bon état, et qui resta quasi-totalement fidèle à Vichy demeure la Marine: la campagne de 1940 ne l’a que peu éprouvée et elle a très peu rejoint le général De Gaulle en 1940-1942. Les bâtiments restent modernes et la Royale (c’est le surnom de la marine française) l’une des plus belles flottes du monde de 1939. Vichy compte sur cette monnaie d’échange puissante qui reste entre ses mains, mais que deux événements vont réduire à néant.

Affiche de recrutement pour la cavalerie. Crédit photo: histoire-image.org.

Après ce tour d’horizon très rapide, nous reviendrons sur les actions de cette armée…

Bibliographie:

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Musée Leclerc et de la libération de Paris

Quelques photos du musée consacré au général Leclerc et à l’épopée de la 2e DB. Il est situé dans la gare Montparnasse et est gratuit. Allez-y! Vous excuserez la piètre qualité des clichés.

Leclerc en 1940.

Leclerc en 1940.

L'une des fameuses cannes de Leclerc.

L’une des fameuses cannes de Leclerc.

Vareuse de Leclerc portée en Afrique du Nord.

Vareuse de Leclerc portée en Afrique du Nord.

Le RMT, l'une des unités de la DB.

Le RMT, l’une des unités de la DB.

La djellaba de Leclerc

La djellaba de Leclerc

La fameuse djellaba portée par Leclerc.

La fameuse djellaba portée par Leclerc.

Téhéran, résultats de la conférence interalliée.

Téhéran, résultats de la conférence interalliée.

Propagande américaine.

Propagande américaine.

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Objets anglais et français 39-40 utilisés au début de la France libre.

Objets anglais et français 39-40 utilisés au début de la France libre.

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Les Français en Haute-Silésie (1920-1921): I) Contexte, déclenchement de l’opération.

Introduction, présentation du territoire:  

Terre historiquement polonaise, la Silésie est passée aux mains de la Bohème, puis des Habsbourg d’Autriche…. avant d’être finalement récupérée pour la Prusse par Frédéric II à l’issue de la guerre de succession d’Autriche, à la moitié du XVIIE siècle. Malgré cette longue appartenance, il y reste un peuplement polonais important au sortir de la Première Guerre mondiale. Or, le pays renaissant, dont les frontières n’ont pas été fixées par traité, aimerait retrouver cette terre ancestrale en cette année 1919. Il faut dire qu’elle est un bassin minier très important, dont la Pologne, également très rurale, est dépourvue. D’un autre côté, les Allemands ont des liens avec la région depuis l’époque de la Hanse, cette république marchande de la Baltique, au Moyen-âge… D’ailleurs en 1813, l’essentiel des troupes qui ont vaincu Napoléon et libéré la Prusse venait de là…  Notons aussi que le GQG allemand de la guerre qui vient de se finir y était, l’empereur étant passé à de nombreuses reprises. Enfin, le sous-sol est une autre donnée très importante : l’Allemagne entend bien garder cette région riche (la presse française de l’époque la présente comme l’arsenal allemand, citant par exemple les aciers spéciaux). D’autant plus que, traité de Versailles oblige, la Sarre, autre région minière, est administrée par les Français (jusqu’en 1935) et que le bassin houiller de la Ruhr est menacé (la région est effectivement occupée en 1923 par une force franco-belge). Situation passablement compliquée, donc.

Les Français à Dortmund en 1924, crédits photo: Bundesarchiv.

Pourquoi les alliés?  

Comment les alliés s’y trouvèrent projetés ? Avant tout pour éviter une guerre dans une Europe très meurtrie (nous sommes en 1919). Pour désamorcer la crise qui point entre les deux pays, il est donc prévu d’envoyer une « force d’occupation pacifique » pour trouver une solution sur place. En attendant, la possession reste à l’Allemagne. Il n’est pas prévu que les Alliés puissent changer les lois locales, pour ne pas paraître trop intrusifs. En fait, le commandant des troupes françaises, le général Lerond profita d’une faille dans ses instructions pour pouvoir agir à sa guise. Les Américains, qui auraient dû faire partie de l’opération, ne sont finalement pas présents, étant donné qu’ils ont refusé le traité de Versailles. Il est important de savoir que les Français ont tout d’abord tenté de faire accepter le rattachement pur et simple de la Haute-Silésie à la Pologne. Lloyd George et Wilson (respectivement premier ministre de la Grande-Bretagne et président des Etats-Unis) n’ont pas voulu en entendre parler, refusant de créer une nouvelle Alsace-Lorraine au cœur de l’Europe. Clemenceau dut donc accepter l’idée de plébiscite, croyant (comme la majorité des Français), que la province allait nécessairement voter en masse le rattachement à la Pologne… Car enfin, qui voudrait vivre un instant de plus sous la botte allemande ? Berlin a donc tenté de jouer la carte de Londres contre Paris, elle, appuyant Varsovie et faire s’empoigner les deux alliés… On le voit, sitôt la guerre finie, les jeux d’influences entre pays reprennent de plus belle.

La Silésie à l’heure actuelle. Crédits photos: wikipedia.

Les Français en Silésie: 

La France a alors une mission militaire en Pologne (guerre contre Moscou bolchevique oblige), qui croît en importance et participe au « miracle de la Vistule » (l’arrêt des soviétiques aux portes de Varsovie). A noter que de Gaulle en faisait partie… La solidarité est donc, à cet instant, très forte forte entre les deux pays. Les troupes envoyées sur place sont accompagnées de civils, devant former l’armature de ministères à l’échelle locale. Ces départements sont au nombre de sept, 4 sont dirigés par les Français, deux par les Britanniques et un par les Italiens (l’écrivain Curzio Malaparte fait alors un tour en Pologne). Il ne s’agit pas de se substituer à l’administration allemande, mais seulement de la contrôler. Les fonctionnaires impériaux sont donc conservés, ce qui, on s’en doute, posa des difficultés. 
Les soldats français de la 46e division d’infanterie (des chasseurs) désignés pour se rendre en Silésie viennent de sortir de la Première Guerre mondiale. Ils gardent alors des prisonniers allemands dans l’est de la France, où ceux-ci, dans un quasi travail forcé, participent à la reconstruction. Et voilà qu’on leur demande de partir en Silésie pour s’interposer entre Allemands et Polonais, en gardant à l’esprit un souci d’équité, de neutralité! On s’en doute, ce n’est pas forcément facile d’aller aider « les boches » dans un tel climat, une telle actualité encore brûlante… De plus, cette opération ne peut être totalement dégagée des relations diplomatiques, d’une part entre Paris et Londres, et d’autre part entre Berlin et Varsovie. Nous y reviendrons. Rome, qui participe à l’opération, et Prague sont aussi intéressées, la seconde car elle lorgne sur Teschen, ville et sa région disputées… et qu’elle ravit finalement aux Polonais (qui la récupèrent un temps en 1938)…

Source: conférence donnée par le Lieutenant-Colonel Rémy Porte, qui a fait son habilitation à diriger les recherches sur la question. Il est un des rares à avoir parlé de cette opération, profitez-en, donc!

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