L’expédition d’Espagne de 1823: III) Les combats
Un succès militaire
L’expédition d’Espagne est un vrai succès militaire, notamment car les moyens mis à disposition sont réels: 100.000 hommes, comme on l’a rappelé précédemment. Il n’empêche qu’elle dure plusieurs mois et que d’importants combats ont lieu. Chateaubriand l’a joliment décrite, en s’en attribuant le mérite bien entendu, dans les Mémoires d’outre-tombe: « Ma guerre d’Espagne, le grand événement politique de ma vie était une gigantesque entreprise. La légitimité allait pour la première fois brûler de la poudre sous le drapeau blanc, tirer son premier coup de canon après ces coups de canon de l’Empire qu’entendra la dernière postérité. Enjamber d’un pas les Espagnes, réussir sur le même sol où naguère les armées d’un conquérant avaient eu des revers, faire en six mois ce qu’il n’avait pu faire en sept ans, qui aurait pu prétendre à ce prodige ? C’est pourtant ce que j’ai fait […] » (1).
S’il enjolive son rôle et ne commande de toute façon pas sur le terrain, il y a du vrai dans ses phrases: entrée en Espagne début avril, l’armée française est déjà à Madrid le 24 mai. La ville, contraste fort avec 1808, acclame d’ailleurs les arrivants ! Quant au gouvernement constitutionnel, il a dû fuir vers le sud et Cadix, en emmenant le roi en otage avec lui. S’il a organisé des armées, ledit gouvernement a des moyens assez limités, même s’il résiste plusieurs fois avec succès aux troupes de Louis XVIII. Toutefois, elles progressent en direction du port sans pouvoir être arrêtées définitivement et sont soutenues par des éléments royaux espagnols.
Le combat pour cette ville est resté célèbre car son accès est défendu par le fameux fort du Trocadéro, dont la chute le 28 septembre met fin à la résistance de Cadix et aux espoirs des libéraux espagnols. Le roi Ferdinand VII est libéré dans la foulée.

Paul Delaroche, dont les tableaux historiques sont bien connus, montre ici le « Le duc d’Angoulême dans la Bataille de Trocadéro » . On a dit la volonté royale de lui faire acquérir un peu de cette gloire dont il est tant dépourvu. Cette peinture s’inscrit dans cette optique. L’image, libre de droits, est conservée sur wikipédia.
Un roi ingrat
Il se révèle d’emblée ingrat: s’il reçoit le duc d’Angoulême le 1er octobre, il ne fait montre que d’une reconnaissance bien minime. Le fils du futur Charles X prend alors toute la mesure du personnage et le raccompagne jusqu’à Séville sans faire plus. Il comprend que Ferdinand n’a qu’une hâte: faire s’abattre une sévère répression sur le royaume qu’on vient de lui rendre ! C’est effectivement ce qui va avoir lieu, sans que cela ne mette fin aux troubles qui resurgissent par la suite sous une autre forme, et cela ne laisse pas de désoler le duc. Il repart rapidement vers la France où on va bientôt le fêter, non sans enthousiasme.
La France semble donc avoir acquis à peu de frais une nouvelle renommée sur un théâtre d’opérations difficile, même si les mobiles de l’intervention ont été critiqués dès le début, on l’a vu, et si le principal protagoniste lui-même a été déçu par le roi d’Espagne. Il nous reste donc à faire, la prochaine fois, le bilan de cette intervention.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
(1) Mémoires d’outre-tombe, Paris, Le livre de poche, 1973, t.2, p. 550-551.
On trouvera l’essentiel des informations dans deux très belles biographies consacrées à Louis XVIII et Louis-Philippe, attendant alors son heure:
-ANTONETTI (Guy), Louis-Philippe, Paris, Fayard, 1994, 992 p.
-LEVER (Evelyne), Louis XVIII, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2012, 608 p.
Sur le rôle de Chateaubriand lui-même:
-BERCHET (Jean-Claude), Chateaubriand, Paris, Gallimard, 2012, 1049 p.
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