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Les Italiens et l’Ethiopie, d’Adoua à la Seconde Guerre mondiale : VI) Face aux Alliés (1940-1941)

J’avais terminé en évoquant le fait que la « pacification » avait été longue et aussitôt remise en question par l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de l’Allemagne en juin 1940. Or, colonie lointaine, très vaste, et dépendante du canal de Suez pour son approvisionnement, l’Ethiopie, et le reste des territoires italiens de la région, vont tomber aux mains des Alliés, dès 1941 mais non sans combats.

Les forces armées italiennes et les premiers affrontements

Sur le papier, les troupes italiennes en Afrique Orientale (en comptant aussi la Somalie et l’Erythrée, donc) sont plutôt nombreuses et ont du matériel: plus de 300.000 hommes, dont 50.000 Italiens, une partie étant des civils mobilisés sur place au début de la guerre, près d’un millier de canons, deux fois plus de fusils que d’hommes, des chars et des avions… Toutefois elles sont dès le début coupées de la métropole, ne peuvent ainsi recevoir aucun renfort en hommes et en matériel. Leur situation est donc critique dès le départ, d’autant plus que le commandement est pusillanime et que les moyens de transport modernes manquent cruellement.

Pourtant, leur adversaire est pendant longtemps peu nombreux et les Italiens parviennent à occuper une partie des colonies avoisinantes, dont la Somalie britannique. Les premiers combats tournent à leur avantage, ce qu’ils ne parviennent pas à exploiter car ils sont mal informés des effectifs réels de leur ennemi et les chefs sont dans une optique plus défensive qu’offensive. Ainsi, dès le début de l’année 1941 des troupes alliées sont arrivées d’Afrique du Sud, mais aussi du nord du continent, où les forces italiennes sont malmenées, ce qui les a rendues disponibles pour d’autres secteurs.

Les forces du Commonwealth attaquent donc peu après, mais leur progression est assez lente car les Italiens se défendent bien et ont l’avantage de cette position: ils occupent les cols et routes principaux et les bloquent efficacement. Toutefois leur matériel blindé, motorisé et aérien est peu à peu détruit sans pouvoir être remplacé ou réparé du fait du manque de pièces de rechange. Ainsi, es Britanniques s’assurent assez vite de de la maîtrise du ciel et sont plus mobiles que leurs adversaires. De plus, ils reçoivent des renforts de la France Libre dont l’épopée débute.

Vidéo de propagande de l’Istituto Luce (1939): le vice-roi et duc d’Aoste passe en revue les troupes à Addis-Abbeba

La perte de l’Ethiopie

Après quelques mois, le repli vers le coeur de l’Ethiopie est une réalité et le moral italien faiblit, notamment dans les troupes recrutées localement et qui désertent en masse. Addis-Abbeba tombe le 6 avril 1941 et le commandement italien se retire en direction du nord. A partir de ce moment la résistance s’amenuise et les unités sont séparées les unes des autres sans plus pouvoir communiquer efficacement. Cela ne veut pas dire débâcle complète et les affrontements se prolongent plusieurs mois encore.

Le Duc d’Aoste, vice-roi déjà cité, se rend finalement le 19 mai après une résistance tenace face à des troupes bien supérieures en nombre et en matériel. A cettte date, deux noyaux de résistance existent encore, pour un total de 40.000 hommes. Etant donné les distances et le relief que j’ai maintes fois évoqués, ils ne se rendent pas tout de suite. Le premier, aux ordres du général Gazzera passe même au Congo belge où il affronte des troupes présentes dans cette colonie le 3 juillet. Il doit pourtant accepter la reddition peu après.

L’autre unité encore cohérente, sous les ordres du général Nasi, parvient à maintenir une défense efficace plus longtemps et ne se rend que fin novembre. Les carabiniers et soldats indigènes qu’il commande ont offert aux Britanniques une résistance bien organisée et longue. Officiellement, passé cette date, c’est la fin des combats dans cette région du monde, mais on verra la prochaine fois que des éléments vont rejoindre la clandestinité et se battre pendant des années encore, ce qui est très rarement évoqué !

Affiche de propagande italienne après la perte de l'Afrique: "Nous reviendrons" affirme-t-elle de manière très présomptueuse.

Affiche de propagande italienne après la perte de l’Afrique: « Nous reviendrons » affirme-t-elle de manière très présomptueuse.

Bibliographie utilisée (qui n’a pas pour but d’être exhaustive):

Synthèse que je trouve moyenne (beaucoup d’aspects manquent) mais utile:

-AVENEL (Jean-David) et PAOLETTI (Ciro), L’empire italien. 1885-1945, Paris, Economica, 2014, 156 p.

Excellente biographie de Mussolini, qui décrit très bien les années qui nous intéressent ici:

-MILZA (Pierre), Mussolini, Paris, Fayard, coll. « Le grand livre du mois », 1999, 985 p.

Pour les aspects purement militaires, l’indispensable:

-ROCHAT (Giorgio), Le guerre italiane, 1935-1943. Dall’impero d’Etiopia alla disfatta, Torino, Einaudi, 2005, 460 p.

Pour les armes, le matériel et les combats, un fascicule Osprey, toujours très bien fait:

-NICOLLE (David), The Italian Invasion of Abyssinia 1935–36, Oxford, Osprey Publishing, coll. « Men-at-arms », 1997, 48 p.

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Les Italiens et l’Ethiopie, d’Adoua à la Seconde Guerre mondiale : V) De la conquête à 1940

Période encore moins bien connue que la conquête de 35-36 que je viens de traiter: la présence italienne entre cette date et l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de l’Allemagne en 1940. En effet, elle ne fut pourtant pas exempte de combats. Comme je l’ai rappelé en conclusion précédemment: prendre la capitale et disperser les armées du Négus ne signifiait au final pas grand-chose !

Réorganisation des colonies italiennes

Qu’est-ce à dire ? Et bien, qu’aussitôt la conquête officiellement achevée, les Italiens se lancent dans plusieurs années de lutte contre une guérilla éthiopienne, facilitée par un refus naïf et tenace de la part de Mussolini de s’appuyer sur des chefs locaux rendus fidèles par des prébendes et autres avantages matériels. Il ne se range à cette solution pourtant pratiquée plus ou moins par tous les autres colonisateurs que très tard (voir plus bas).

Par contre, il reprend l’idée française et britannique (ainsi qu’utilisée par d’autres pays ayant des colines) d’engager des soldats locaux encadrés par quelques unités européennes, pour tenir le terrain, et notamment les points principaux (villes, routes, ponts…). D’ailleurs, le recrutement de population colonisées se pratique déjà en Libye ou Érythrée, sous le noms d’ascari. Une réorganisation administrative a donc lieu et la plupart des soldats rentrent en métropole, rendant cet appoint encore plus nécessaire.

Fin 1936, c’est donc ce type de forces qui est disponible en Ethiopie et dans les colonies avoisinantes: des troupes locales avec un encadrement italien constitué de quelques unités d’infanterie, d’artillerie et de cavalerie, ainsi qu’un bataillon d’alpini, équivalent plus ou moins proche des chasseurs alpins français. Le tout est renforcé par des unités de police motorisée de la PAI (Polizia dell’Africa Italiana, soit Police de l’Afrique italienne) à partir de 1938. Or, leur tâche s’annonce ardue.

Vidéo de propagande Luce: « Mussolini passe en revue un bataillon de la police coloniale en partance pour l’Afrique ».

Une difficile « pacification » 

De 1936 à 1939, les unités stationnées dans les colonies d’Afrique Orientale sont donc engagées dans de vraies opérations de guerre. Pour les raisons que l’on a évoquées dans les précédents articles déjà, elles sont très lentes: le terrain est irrégulier, les communications difficiles, les distances grandes, la logistique fait défaut. De plus, les troupes adverses connaissent le pays, savent se cacher, et bénéficient d’une aide britannique officieuse, via la Somalie voisine, colonie de sa majesté.

A partir de 1937 et surtout 1938, la situation s’améliore: les engagements des troupes locales augmentent, les garnisons passent de la défensive à l’offensive et parviennent à dégager les routes. Au début de 1937, plus de 66.000 réguliers sont ainsi disponibles, dont 43.000 soldats recrutés sur place. Bien que les saisons des pluies ralentissent les efforts italiens, ils parviennent à contrôler peu à peu les différents axes de communication et les principales villes, au prix de longs combats et de campagnes qui durent parfois des mois.

Pourtant, le milieu rural continue de leur échapper, et une partie des troupes locales trahit au profit de la guérilla. De plus, le coût déjà important de la conquête devient faramineux et grève durablement les finances royales. Finalement, en 1939, la situation s’apaise quand le duc d’Aoste, de la famille royale, nommé vice-roi, obtient enfin de Mussolini de pouvoir mener une politique d’apaisement. Toutefois, ses effets réels restent difficiles à mesurer car dès l’été 1940, la guerre éclate contre les Alliés.

Bibliographie utilisée (qui n’a pas pour but d’être exhaustive):

Synthèse que je trouve moyenne (beaucoup d’aspects manquent) mais utile:

-AVENEL (Jean-David) et PAOLETTI (Ciro), L’empire italien. 1885-1945, Paris, Economica, 2014, 156 p.

Excellente biographie de Mussolini, qui décrit très bien les années qui nous intéressent ici:

-MILZA (Pierre), Mussolini, Paris, Fayard, coll. « Le grand livre du mois », 1999, 985 p.

Pour les aspects purement militaires, l’indispensable:

-ROCHAT (Giorgio), Le guerre italiane, 1935-1943. Dall’impero d’Etiopia alla disfatta, Torino, Einaudi, 2005, 460 p.

Pour les armes, le matériel et les combats, un fascicule Osprey, toujours très bien fait:

-NICOLLE (David), The Italian Invasion of Abyssinia 1935–36, Oxford, Osprey Publishing, coll. « Men-at-arms », 1997, 48 p.

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