Douglas Haig et Édimbourg
Avant de vous proposer un nouveau dossier consacré à l’occupation allemande en Belgique durant la Première Guerre mondiale, je vous propose la découverte du patrimoine de la ville d’Édimbourg lié au maréchal Haig. Officier de carrière né dans la capitale d’Écosse, il servit en Inde et lors de dures campagnes coloniales comme la guerre des Boers (voir liens à la fin). Durant le premier conflit mondial, il commanda sur le front de l’ouest, au sein du British Expeditionary Force. Son nom est lié à la bataille de la Somme (1916) et, comme beaucoup d’officiers généraux, à l’impasse liée à cette guerre.
Si les historiens ont pu apprécier à sa juste valeur son rôle réel dans l’affaiblissement général des armées allemandes (lien au-dessous), il reste souvent associé dans les mémoires aux terribles pertes humaines durant son commandement. On se souvient moins de son rôle dans l’accompagnement des blessés après la victoire: il aida a créer la Royal British Legion, qui vient depuis au secours des vétérans, et leva des fonds pour elle. Ses objets du quotidien et les statues ou autres portraits permettent de mesurer à la fois le quotidien d’un officier de haut rang et la mémoire restée associée à son nom de nos jours.
Fiche sur le personnage pour en savoir plus:
http://www.bbc.co.uk/history/historic_figures/haig_douglas_general.shtml
Mise au point sur son rôle récapitulée par la BBC:
https://www.bbc.com/news/uk-scotland-46064486
Liens vers les sites musées où sont conservés les objets:
https://www.edinburghcastle.scot/
https://www.edinburghmuseums.org.uk/venue/museum-edinburgh
https://www.nationalgalleries.org/visit/scottish-national-portrait-gallery
Photos de l’auteur (avril 2016 et février 2019)

Statue équestre de Haig dans le château d’Édimbourg. Photo de l’auteur (avril 2016).

Uniforme d’apparat de Haig. Musée de la ville d’Édimbourg. Photo de l’auteur (février 2019).

Cafetière de Haig, bien utilisée ! Elle servit en 14-18. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Cantine de campagne de Haig faite par Drew & Sons à Londres, utilisée durant le premier conflit mondial. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Bottes de Haig, 14-18. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh. Elles furent faites par Bartley & Sons de Londres, entre décembre 1915 et décembre 1916.

Haig et sa famille. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Haig en visite sur le front (détails précis non fournis). On voit qu’il parle à un soldat écossais, reconnaissable à son « glengarry ». Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Badges régimentaires. La devise a notamment été celle du Queen’s Royal Lancers. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Boîte à l’effigie de Victoria pour les troupes d’Afrique du Sud, 1900. Haig y combat et la reine sait très bien diffuser son image. Voir à ce sujet sa biographie récente par Philippe Chassaigne. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Couvre-chef de Haig lors de sa période au 7th Hussars. Il y est officier dès 1885.

Après la guerre, Haig oeuvre pour les vétérans. Là cette médaille lui a été remise par la légion galloise des anciens soldats. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Flasque offerte par French à Haig après la guerre, avec des écrits de sa main. Il a été le précédent commandant ne chef du BEF. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Portrait du maréchal par John Singer Sargent, peint entre 1919 et 1922. Photo de l’auteur (février 2019), Scottish National Portrait Gallery.
Articles sur la guerre des Boers :
https://antredustratege.com/2014/09/14/la-france-et-la-seconde-guerre-des-boers-1899-1902/
https://antredustratege.com/2013/06/20/lapparition-du-camp-de-concentration-1896-1905/
Un des autres articles sur le patrimoine écossais:
https://antredustratege.com/2019/03/04/le-volet-militaire-de-la-scottish-national-portrait-gallery/
Liens:
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La « glorieuse révolution » de 1688-1689: V) Conclusion
Les Stuarts en exil
Installés en exil à Saint Germain en Laye, James II et ses proches, puis leurs successeurs, allaient représenter une menace réelle pour le trône. Restés populaires en Écosse et au départ en Irlande, ils vont se servir de ces « ventres mous » du pouvoir installé à Londres pour tenter de reprendre leur place. On nomme bientôt leur cause « jacobitisme », Jacobus étant le nom latin de James. C’est la catholicité du roi qui est tout d’abord cette cause dans l’île verte, ses réformes ayant profité à ses sujets de rite romain. Ainsi, en 1689 puis 1690, avec l’appui de la France (voir ci-dessous), des débarquements sont organisés, qui échouent après des défaites militaires.
La tentative irlandaise échouée, d’autres sont organisées en Écosse, qui connaît déjà des soulèvements en 1689 d’ailleurs. En effet c’est le lieu d’où la famille est originaire, même si l’on a vu qu’elle s’était bien anglicisée après 1603. Toujours est-il que les successeurs de James II, mort en 1701, redécouvrent ce passé, de manière plus ou moins sincère, et que, sur place, la volonté de retrouver un poids perdu avec la fusion des parlements en 1707 est réelle. En effet, c’est cette année que la Grande-Bretagne est officiellement créée et Édimbourg perd son assemblée au profit d’une chambre commune à Westminster. S’il ne faut pas voir dans ces mécontentements du nationalisme au sens du XIXe siècle, cette pensée est tout de même suffisamment puissante pour que les souverains en exil gardent des partisans, en fait surtout dans les hautes terres, parmi les rudes highlanders.
Des révoltes ont donc lieu notamment en 1689, 1715 puis 1719, avec le concours intéressé de Paris puis de Madrid, l’Espagne étant passée aux mains du petit-fils de Louis XIV après la guerre de 1702-1713. Si ce sont des échecs, la tentative de 1745-1746 déjà décrite (voir liens) fait un temps sérieusement vaciller la dynastie Hanovre. A chaque fois, des répercussions ont lieu sur les populations locales, parfois terribles comme le massacre de Glencoe (1692), ou la destruction du système clanique et l’interdiction des cornemuses après 1746.
Si des rumeurs d’un nouveau « coup » sont semées durant la guerre de Sept ans (1756-1763), la défaite de Culloden et la répression évoquée plus haut est si terrible que rien ne se passe, d’autant plus que les derniers Stuarts meurent sans descendance légitime.
1689, la bataille de Killiecrankie est gagnée par les révoltés Jacobites, une victoire sans lendemain. La chanson, en scots et non en anglais, évoque cet événement et est magnifiquement interprétée par les Corries.
Une révolution sans violence ?
Enfin, on peut se demander si la « Glorieuse révolution », présentée souvent comme celle d’un peuple unanimement levé contre son souverain et qui le chasse sans heurts, est si exemplaire que cela. Certes, le roi ne subit pas le sort du malheureux Charles Ier, et il n’affronte pas directement Guillaume au cours d’une bataille rangée… Néanmoins on a dit que des nobles se soulevaient contre lui, et les derniers moments de son règne sont l’occasion d’un déchaînement de violences contre les catholiques, qui se terminent même par la destruction de l’ambassade de l’Espagne, pays étranger à ces événements, mais jugé comme très « papiste ».
Si les tensions restent finalement limitées en Angleterre, on a vu plus haut que l’Écosse et l’Irlande se révoltaient et là le sang coula beaucoup, initiant le cycle de révolte décrit plus haut et ailleurs sur ce site.
Au final, après le départ de James II, c’est Guillaume d’Orange, sous le nom de Guillaume III, qui règne conjointement avec son épouse, la fille du roi déchu. Il refuse de se voir en prince consort sans pouvoir et participe directement à de nombreuses décisions. Pourtant, comme le couple n’a pas d’enfants, la lignée des Stuarts se perpétue un temps avec l’arrivée sur le trône de la reine Anne (1702-1714), autre fille de James II restée elle aussi anglicane. Toutefois, elle non plus ne parvient pas à avoir de descendance et, une importante loi de 1701 privant officiellement les catholiques de la succession anglaise, c’est un cousin allemand venu du Hanovre qui inaugure une nouvelle dynastie sous le nom de George Ier.

Détail d’une gravure de 1689 de Romeyn de Hooghe. On voit Guillaume III tenir le sceptre dans ses mains et apporter la liberté à son nouveau royaume. Il s’agit bien sûr de propagande. Oeuvre conservée au château de Holyrood et présentée dans la galerie de la reine, photo de l’auteur (février 2019). https://www.rct.uk/visit/palace-of-holyroodhouse
Autres articles sur la question:
Tableaux illustrant le sujet:
https://antredustratege.com/2019/03/04/le-volet-militaire-de-la-scottish-national-portrait-gallery/
Bibliographie consultée (sans but d’exhaustivité):
-MILLER (John), The Stuarts, Londres, Hambledon Continuum, 2006, 294 p.
-CHASSAIGNE (Philippe), Histoire de l’Angleterre, Paris, Aubier, coll. « Histoires », 1996, 504 p.
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Le volet militaire de la Scottish National Portrait Gallery
Après avoir parlé de la National Portrait Gallery de Londres, revenons sur les collections de son équivalente écossaise, la Scottish National Portrait Gallery. Elle aussi gratuite, elle se trouve dans la nouvelle ville d’Édimbourg, celle construite en bas du château à partir de l’époque Géorgienne, donc des rois George. Elle permet de se plonger intensément dans l’histoire écossaise, avec des salles richement dotées mais pas surchargées. Ce sont tout naturellement les œuvres les plus militaires qui vont nous intéresser ici.
Le site:
https://www.nationalgalleries.org/visit/scottish-national-portrait-gallery
Photos de l’auteur

Détail de la « bataille de Glenshiel » de Peter Tillemans. La scène se déroule en 1719: un soulèvement pro-Stuart de l’Ecosse est organisé avec le concours de l’Espagne, alors en guerre contre la Grande-Bretagne. Aussi étonnant que cela puisse paraître, des soldats espagnols réussirent à rejoindre les Highlands et s’y battirent. Hélas pour eux, une tempête en dispersa la plupart en mer: l’expédition fut un échec et la répression terrible. On voit bien les Écossais qui tiennent les hauteurs.

Autre détail du même tableau, avec les hommes des clans au sommet.

Un autre portrait de Bonnie Prince Charlie, attribué à Mosman en 1750. Il représente le prince plus jeune, avec son habit de highlander. Ce touchant tableau est l’un des plus connus du personnage dont vous retrouverez l’histoire ici: https://antredustratege.com/?s=bonnie+prince+charlie&submit=Recherche

De Loutherbourg, alsacien, a peint ce saisissant tableau en 1802 sur la base de témoignages. Il représente le débarquement des troupes britanniques à Aboukir en 1801. Après la départ de Bonaparte d’Egypte (voir plus bas), les troupes françaises sont livrées à elles-mêmes et sont finalement vaincues. Plus d’informations ici: https://antredustratege.com/2017/12/10/larmee-degypte-apres-le-depart-de-bonaparte-1799-1801/

Détail du même tableau avec le navire de commandement. Le général, Abercomby, est Écossais, d’où la présence de cette toile. Plus d’informations ici: https://antredustratege.com/2017/12/10/larmee-degypte-apres-le-depart-de-bonaparte-1799-1801/

Autre détail, on voit des marins autour d’une caronade, terrible pièce d’artillerie à courte portée… D’invention écossaise encore une fois. Plus d’informations ici: https://antredustratege.com/2017/12/10/larmee-degypte-apres-le-depart-de-bonaparte-1799-1801/

C’est le « frère » du tableau précédent, du même artiste. Il représente la bataille d’Alexandrie, victoire britannique. L’artiste représente ici le général blessé: il ne survécut pas à ses maux, mais commanda jusqu’à la fin de la journée. Plus d’informations ici: https://antredustratege.com/2017/12/10/larmee-degypte-apres-le-depart-de-bonaparte-1799-1801/

Détail.

Détail avec le général et son Etat-major.

Détail avec l’artillerie.

Copley représente ici Hugh Montgomerie, officier qui leva un régiment écossais, le 77th Foot, des fantassins. Ils se battirent durant les guerres franco-britanniques (qui virent beaucoup d’Amérindiens impliqués) en Amérique.

Peu connu en France, ce tableau de Mercer représente Charles Kenneth Scott-Moncrieff, officier et traducteur en anglais… de Proust ! Il servit dans le régiment des King’s Own Scottish Borderers qui connut le combat en France durant la Première Guerre mondiale. Blessé à Arras en 1917, il souffrit dans son corps et son esprit.

Plus étonnant, du moins à première vue, ce tableau de Valentin Serov (1902) représentant le tsar Nicolas II en tenue de colonel des Royal Scots Grey. A première vue en effet, car il était d’usage au XIXe siècle et au début du XXe qu’un souverain soit officier honoraire d’un régiment d’un autre pays. Là, les liens familiaux l’expliquent : cette oeuvre accentue bien la ressemblance avec le cousin du tsar… Le roi Georges V.
L’article sur celle de Londres:
https://antredustratege.com/2018/12/16/le-volet-militaire-de-la-national-portrait-gallery-londres/
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La « glorieuse révolution » de 1688-1689: I) Le contexte
Les Stuarts
D’origine écossaise, la dynastie des Stuarts est montée sur le trône d’Angleterre à la mort sans héritier direct d’Elisabeth Ier en 1603. Le plus proche du trône se trouvait donc être le roi James VI d’Ecosse, descendant d’une des sœurs d’Henry VIII, mariée à l’un de ses ancêtres. Sorte de « revanche » écossaise, après un Moyen-Age qui vit le pays convoité par l’Angleterre, le nouveau souverain instaurait une dynastie qui allait régner jusqu’à la mort de la reine Anne, en 1714.
Pour la première fois, un même monarque régnait conjointement sur l’Ecosse et l’Angleterre, bien que les deux entités fussent encore séparées (l’Union intervint en 1707). D’ailleurs, le roi James VI- James Ier au sud de la Tweed- s’installa rapidement à Londres et s’anglicisa. Il ne faut pas croire qu’il porta avec lui des revendications écossaises démesurées… Toutefois l’édifice restait fragile. En effet, la dynastie connut rapidement d’importants déboires, et ce dès son deuxième souverain, le roi Charles Ier. On sait qu’il s’opposa violemment au parlement pourtant incontournable, mais aussi que son mariage avec une princesse catholique, fille d’Henri IV de France, fut mal accepté. Le pays, marqué par un anglicanisme en -lente- construction, des mouvements puritains plus radicaux et le presbytérianisme en Ecosse connaissait alors d’importants troubles religieux qui allaient être longs à résoudre.
Tout ceci conduisit à une guerre civile puis à la défaite du roi, arrêté et exécuté en 1649. Après sa mort, le pays fut un temps dirigé d’une main de fer par Oliver Cromwell, héros de la guerre mais aussi intransigeant en matière religieuse, autoritaire et brutal avec les marges peu contrôlées comme l’Irlande.

Charles Ier par Daniel Mytens, portrait conservé à la National Portrait Gallery (photo-ratée- de l’auteur): https://antredustratege.com/2018/12/16/le-volet-militaire-de-la-national-portrait-gallery-londres/ https://www.npg.org.uk/
A sa mort en 1658, son édifice nommé « Commonwealth » ne lui survit que peu: son fils fut écarté et grâce à des hommes puissants comme le général Monk, les Stuarts furent rétablis sur le trône en la personne de Charles II, fils du roi décapité et élevé en France où il s’était réfugié avec sa mère et son frère, le futur James II. Son assez long règne (1660-1685) fut marqué par plus de stabilité, par un essor économique et colonial important, mais aussi des difficultés avec le parlement, notamment car, tolérant, il aspirait à plus de libertés pour les catholiques. D’ailleurs, s’il savait pertinemment que l’Eglise anglicane constituait un fidèle soutien du trône, il se sentait plus proche du catholicisme et l’historien John Miller rappelle qu’il se convertit sur son lit de mort (voir bibliographie).
James II
Or, Charles II n’avait pas d’héritier légitime et la couronne devait tout naturellement revenir à son frère James, ouvertement catholique, sans doute depuis 1668, date présumée de sa conversion. Si ces querelles religieuses semblent dérisoire à notre siècle, il faut les replacer dans le contexte et se rappeler qu’un arrière-plan plus politique se trouvait derrière ces questions d’autel et de conscience. On se souvient par exemple qu’Henry VIII, créateur de l’anglicanisme, avait voulu se débarrasser de l’influence de Rome et du pape en se soustrayant à leur autorité morale.
Là, la catholicité du roi gênait ses sujets qui avaient majoritairement abandonné cette religion, jugée comme déshonnête, soumise au vicaire du christ, qui pourrait gêner les positions et les propriétés acquises par l’Eglise (anglicane) d’Angleterre... James, lui, jugeait sévèrement le clergé protestant, le croyant coupable de désinformation et d’entretenir l’ignorance. Alors qu’il s’était converti facilement, il ne comprenait pas qu’on ne puisse pas faire de même.

Le roi James II peint par Sir Godfrey Kneller en 1684. Photo du tableau gracieusement fournie par la National Portrait Gallery: https://www.npg.org.uk/collections/search/portraitZoom/mw03423/King-James-II?LinkID=mp02391&role=sit&rNo=4 Mon article sur ce lieu: https://antredustratege.com/2018/12/16/le-volet-militaire-de-la-national-portrait-gallery-londres/
Son second mariage avec une princesse elle aussi catholique, Marie de Modène, laissait enfin croire à une restauration durable du catholicisme, qui faisait peur: les Anglais se souvenaient de la reine Mary, la fameuse « Bloody Mary » qui avait voulu rétablir le catholicisme par la force et la violence durant son règne au milieu du XVIe siècle. De plus, d’origine française, James II était plutôt proche de Versailles et de la politique de son souverain, Louis XIV, ce qui pouvait paraître contraire aux intérêts anglais. Ajoutons à cela une volonté de gouverner farouche : le roi se croyait en mission pour Dieu et craignait de manquer de temps pour la réaliser, ce qui l’incita à aller vite, notamment en augmentant son pouvoir personnel, chose qui fut très mal perçue.
Bibliographie:
-MILLER (John), The Stuarts, Londres, Hambledon Continuum, 2006, 294 p.
-CHASSAIGNE (Philippe), Histoire de l’Angleterre, Paris, Aubier, coll. « Histoires », 1996, 504 p.
William Wallace, le personnage et son mythe : VI) Bilan et postérité
Bilan des actions de William Wallace
Au final, « l’épopée » de Wallace n’eut pas d’immenses conséquences dans la route de l’Ecosse vers l’indépendance. Ses succès, parfois retentissants, n’ont été que de très courte durée et il n’a pas su unifier derrière lui une société profondément divisée et même marquée par une guerre civile, on l’a vu. La victoire finale ne vint qu’après et est surtout l’oeuvre de Robert Bruce. Comme l’écrit Michel Duchein à son sujet: « Robert Bruce n’était pas Wallace. Dans ses veines coulait le sang royal et il avait, en tant que grand seigneur, quantité de vassaux et de fidèles prêts à le suivre. » (op. cit. p. 147).
Wallace ne fut « qu’un » chef de guerre, doué, qui put rassembler, il est vrai, de nombreux partisans à certains moments malgré sa basse extraction, gagner d’importantes victoires. Toutefois elles restèrent sans lendemain et ses actions furent accompagnées de grandes violences, et mêmes d’actes cruels vis-à-vis de ses ennemis anglais. Pourquoi est-il donc resté si célèbre ? Tout d’abord car dès l’époque, sa mise à mort particulièrement atroce et longue a suscité beaucoup de sympathie et de compassion pour lui, au point d’en oublier ses aspects les moins reluisants. De plus, il a été redécouvert à la fin du XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle, époque où l’Ecosse redécouvre son passé, y compris grâce à la reine Victoria, mais souvent en le fantasmant. Les écrits de Walter Scott, les poésies de Robert Burns et les immenses monuments dont vous avez pu voir quelques photos ont fait beaucoup pour fixer dans les mémoires certains épisodes de l’histoire écossaise.
Enfin, le film de 1996 dont il va être question un peu plus loin a ramené sur le devant de la scène ce personnage, en lui faisant endosser un rôle beaucoup plus important qu’il ne le fut en réalité. Le bon côté est que cela a donné envie à beaucoup de gens de s’intéresser à cette époque… Et le moins bon est que cette production est hélas de « valeur historique à peu près nulle » (Michel Duchein, op. cit. p. 144). Encore une fois, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas la regarder, loin de là, mais être conscient qu’elle est tout sauf proche des événements qui se sont réellement déroulés.

Statue de Robert Bruce, Stirling. Photo de l’auteur (2016)

Monument à William Wallace. Erigé en 1869 à Stirling. Plus d’informations: https://www.nationalwallacemonument.com/francais/ Photo de l’auteur, 2016.
Film et réalité, fiction et histoire
On l’a donc vu, le William Wallace historique est assez loin de l’image qu’en donne le cinéma américain. Si les Écossais ont alors une réelle prise de conscience de leur identité, ils ne sont pas non plus animés d’un nationalisme tel que le montre le film, plus proche des réalités étasuniennes d’aujourd’hui que du Moyen-Age. On notera tout de même que l’année 1320 voit être produite la déclaration d’Arbroath, texte fondateur qui est une farouche déclaration d’indépendance écossaise. Or, fait significatif, si elle répète toutes les avanies réelles ou supposées perpétrées par les rois d’Angleterre, elle ne cite justement pas Wallace (ni Baillol et toutes les compromissions des seigneurs écossais avec l’Angleterre) !
De plus, Mel Gibson lui prête même une relation avec l’épouse d’Edouard II d’Angleterre, incarnée par Sophie Marceau. Sans doute est-ce issu d’une volonté, louable, de donner de la consistance à un personnage féminin, dans une histoire qui n’en comporte que peu. Hélas, outre des erreurs de date, c’est tout sauf historique: rien ne se produisit entre eux, qui ne se rencontrèrent pas…
Enfin, le personnage de Robert Bruce est clairement caricatural dans le film. Si l’on a vu ses incohérences et sa soif de pouvoir, son attitude pro-anglaise durant une partie de sa vie, il est rendu plutôt lâche voire traître à Wallace dans le film. D’ailleurs, ses relations avec celui-ci son assez mal connues, et c’est bel et bien lui qui devient souverain d’Ecosse et sécurise son indépendance après la grande victoire de Bannocknurn en 1314, soit des années après l’exécution du vainqueur de Stirling (1305).
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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William Wallace, le personnage et son mythe : V) La capture et la mise à mort
Les conséquences de la guerre civile écossaise
On l’a vu précédemment, les chefs écossais se trouvent être incapables de s’entendre entre eux, malgré la mise au point d’une structure de commandement plutôt unifiée. Leurs divisions qui tournent à la guerre civile sont une catastrophe pour leur cause, d’autant plus que le roi d’Angleterre, qui a signé un traité de paix avec la France en 1303 n’a plus de combats à mener sur le continent. Très vite, il peut à nouveau porter ses efforts vers le nord.

Le château de Stirling, haut-lieu de la résistance à Edouard 1er en 1304. Il a été modifié depuis… Photo de l’auteur (2016).

Le château de Stirling, haut-lieu de la résistance à Edouard 1er en 1304. Il a été modifié depuis… Photo de l’auteur (2016).
A l’été de cette même année, il franchit donc le Forth à la tête de son armée. Puis, il s’empare de toutes les villes qui lui résistent, dont le château de Stirling un an plus tard, ultime lieu de défense avant les hautes terres du Nord. Si la résistance écossaise a été réelle, elle n’a pas été unie et n’a pu empêcher Edouard d’être victorieux. Celui-ci, qui contrôle presque tout le territoire, ne souhaite pas que son autorité soit limitée à quelques places fortes comme auparavant. Il décide donc de proclamer une amnistie générale pour tous les Écossais qui se rallieraient à lui et cesseraient le combat.
Wallace est capturé, torturé et exécuté
Toutefois, Wallace est exclu de cette manœuvre et, ainsi ostracisé, rapidement abandonné par ses proches. La plupart des Écossais acceptent l’offre du roi d’Angleterre et il se retrouve seul. Il est finalement capturé à Glasgow et ramené en Angleterre pour y être jugé. Le procès est bien connu et les autorités anglaises souhaitent que le sort réservé au chef rebelle ait une valeur d’exemple, d’exemple particulièrement frappant qui dissuaderait de futurs candidats à la révolte.

Le château de Stirling, haut-lieu de la résistance à Edouard 1er en 1304. Il a été modifié depuis… Photo de l’auteur (2016).

Statue de William Wallace dans les rues de Stirling. Photo de l’auteur (2016).
Ainsi, la liste des faits qu’on lui reproche depuis ses premiers exploits est-elle bien longue et il est condamné à la peine capitale. Torturé de manière particulièrement atroce, il est finalement exécuté le 23 août 1305 à Londres. On le verra dans une ultime partie, à venir, sa fin poignante fit beaucoup pour sa renommée et il nous faudra faire un bilan, et analyser son apport à la résistance écossaise. Disons-le dès à présent: ce n’est pas lui qui libère durablement l’Ecosse, mais l’ambitieux Robert Bruce, dont on pourra reparler.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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William Wallace, le personnage et son mythe : IV) Le retour en Ecosse d’Edouard Ier
De Stirling à Falkirk
On l’a dit précédemment: alerté par la tournure que prennent les événements, Edouard Ier revient à marche forcée en Ecosse, avec une forte armée. Rapidement, il occupe des places d’importance et reçoit l’aide de seigneurs écossais jaloux de Wallace. Celui-ci, qui tente d’échapper à la nasse qui se referme est accroché par les troupes du roi d’Angleterre, à Falkirk. La localité, située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Stirling est proche du Firth of Forth, l’estuaire du fleuve du même nom, et environnée de bois protecteurs.
Toutefois, plutôt que de s’y réfugier, le chef écossais décide de se mettre en position défensive et d’y attendre solidement les forces d’Edouard. L’été est torride et il dispose ses troupes en schiltrons, unités où les hommes sont très serrés et forment un rempart de lances difficile à attaquer. L’idée semble bonne, mais c’est sans compter la formidable archerie d’Edouard, qui affaiblit ces troupes très peu mobiles, avant que la cavalerie ne termine le massacre.
Falkirk est un désastre: l’armée de Wallace est totalement disloquée à la fin de la journée (22 juillet 1298) et il doit s’échapper pour éviter la capture. Le triomphe d’Edouard est total.

Statue de Robert Bruce au château d’Edimbourg. Photo de l’auteur (2016).
Edouard Ier semble l’emporter définitivement
D’autant plus que Wallace fuit pendant quelques années en France, sans que l’on puisse dire avec certitude, faute de documents, ce qu’il y fait. Il ne revient en Ecosse qu’à la charnière des années 1303-1304, et y reprend sa petite guerre contre l’occupant anglais, qui s’est solidement installé après la bataille vue plus haut… Sans que l’autorité d’Edouard rayonne beaucoup plus loin que le rayon d’action de ses garnisons, comme quelques années plus tôt.
La situation semble propice, d’autant plus que Wallace regroupe à nouveau des partisans, et une structure de commandement est formée, nommée « gardiens du royaume », sorte de régence agissant au nom de Jean Baillol, dont on a vu qu’il était un pion des Anglais. Elle remporte quelques succès, jusqu’à ce que Robert Bruce, qui en fait partie, la dénonce ouvertement, désirant le pouvoir pour lui-même.
Ces divisions intenses débouchent sur une guerre civile qui remet en cause l’efficacité de la lutte contre les Anglais et Edouard Ier paraît l’emporter définitivement.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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William Wallace, le personnage et son mythe : III) la bataille de Stirling
Stirling bridge
On l’a vu précédemment, les premières actions de Wallace lui valent d’être rejoint par un nombre important d’Ecossais dans sa lutte contre l’occupation anglaise, même si ce n’est pas le cas de tous. Ainsi, en août 1297, il se sent assez fort pour assiéger la ville de Dundee, à environ 100 km au nord d’Édimbourg. Celle-ci est importante car riche et elle n’a pas rejoint son camp. C’est à ce moment que les commandants anglais voient l’occasion d’agir en le coupant de ses bases et lignes de ravitaillement.
Ils décident d’occuper la ville de Stirling, hautement stratégique car se trouvant sur le cours de la Forth, à l’époque infranchissable ailleurs que là avant son estuaire… Car le dernier pont s’y trouve justement. Rapidement, Wallace prend la mesure du danger mortel qui le menace et fait demi-tour. Lorsqu’il parvient à Stirling, c’est avec pas moins de 4000 hommes à pied et 180 cavaliers. C’est à la fois beaucoup et peu, car les Anglais sont 15.000 et occupent solidement la rive droite. En apparence, tout était contre lui, car il leur suffisait d’attendre.
Toutefois, l’histoire n’a pas besoin d’être romancée voire hideusement transformée comme le font beaucoup de productions culturelles: elle est à elle seule remplie d’anecdotes romanesques. Cette bataille le montre bien car, un chevalier anglais du nom de Marmaduke Tweng, pressé d’en finir et sans doute de se couvrir de gloire… Se lance à l’assaut du pont, entraînant une partie des troupes avec lui.

Le pont de Stirling et la Forth. Celui de 1297 était en bois et l’actuel date du 16e siècle. Un article sur la question: https://scottmanning.com/content/the-real-location-of-stirling-bridge/ Photo de l’auteur (2016).

Plaque à Stirling. Photo de l’auteur (2016).
Les conséquences de la bataille
Wallace, alerté, comprend qu’il y a quelque chose à jouer: il laisse s’avancer la moitié de l’armée anglaise puis, lance ses troupes sur elle, qui dévalent des collines. C’est un massacre car le pont constitue un goulet d’étranglement, et se battre adossé à une rivière n’est jamais simple. Les Anglais perdent 3000 hommes, dont cent chevaliers. Surtout, les conséquences sont grandes car le retentissement de la victoire inattendue de Wallace est immense.
Elle constitue le « déclic » qui fait tomber les dernières résistances à un ralliement à son camp: les villes le rejoignent les unes après les autres et la noblesse écossaise lui obéit. Dans une société médiévale, ce n’est pas courant. N’oublions pas sa basse extraction. Mieux, Robert Bruce fait de lui un chevalier. L’Ecosse semble en passe d’être totalement libérée en cette année 1297, d’autant plus qu’Edouard Ier est alors sur le continent, en train de se battre dans les Flandres contre les Français. Alerté, il décide de réagir et regagne les lieux avec une grande armée au début de l’été 1298.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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William Wallace, le personnage et son mythe : II) Ses débuts
Nous l’avions vu précédemment, le règne de Jean Baillol se termine mal pour l’Ecosse, à moitié conquise et vassalisée par l’Angleterre. Des garnisons anglaises sont installées dans la plupart des place-fortes du pays et des hommes du roi Edouard Ier se retrouvent aux postes-clé. Toutefois, dès le début, leur autorité ne rayonne guère au-delà de ces endroits et elle est remise en cause un peu partout. Les Anglais évoluent dans un milieu où la population est majoritairement hostile, même si des nobles décident de les soutenir par calcul politique. Comme toujours dans ces cas-là, seul un chef charismatique et à même de faire de ces mouvements disparates une résistance plus unie est nécessaire, c’est ce qui va arriver avec William Wallace.
Qui est William Wallace ?
Avant tout, tout sauf un noble. On aurait pu penser que seul un puissant duc eût été capable d’unifier autour de sa personne des seigneurs récalcitrants, mais Wallace n’en est pas un. Le début de sa vie est obscur, mais on sait de manière à peu près certaine qu’il est originaire du comté d’Ayr et qu’il n’était pas très élevé dans l’échelle sociale. Sans que l’on sache très bien pourquoi, il tue le sheriff anglais de Lanark et doit fuir suite à cet acte. Peut-être les deux hommes étaient-ils en compétition pour obtenir les faveurs de la même femme ? Toujours est-il qu’il rejoint la forêt et groupe bientôt autour de lui des mécontents de toute sorte. Dès le mois de mai 1297, avec trente hommes, il défait la garnison de la ville. Ce combat est loin de passer inaperçu.

Statue de William Wallace au château d’Edimbourg. Photo de l’auteur.
Un nom qui fédère
Rapidement, cette action le fait connaître dans toute l’Ecosse et l’on se rallie à lui. Fait intéressant, les nobles ne sont pas les derniers, ni certains ecclésiastiques comme l’évêque de Glasgow, qui appelle à la résistance contre les Anglais. Le fait peut être comparé avec l’Irlande, où l’Eglise fut beaucoup plus circonspecte à cet égard, même s’il ne faut pas faire de ce cas une généralité. Faute d’abord de moyens, Wallace mène une « petite guerre », c’est à dire du faible au fort, de guérilla. Il harcèle les lignes de communications anglaises, leurs garnisons, leur ravitaillement. Puis, notamment grâce au prélat cité, de grands noms se joignent à lui: James Stewart, puissant seigneur, et le fameux Robert Bruce dont la famille est en compétition pour le trône depuis la crise qui a précédé l’arrivée de Jean Baillol au pouvoir, avec l’ingérence anglaise que l’on a vue.
Ce dernier ralliement oriente la révolte dans une autre direction, notamment si l’on considère que Les Bruce avaient soutenu les Anglais jusque-là, pour s’attirer leurs bonnes grâces. Désormais, elle quitte le domaine de la guérilla pour devenir plus ouverte.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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William Wallace, le personnage et son mythe : I) Introduction
Un personnage bien connu du fait du cinéma
S’il est célébré en Ecosse depuis longtemps (le monument de Stirling le montre bien, voir photos), William Wallace a été popularisé en dehors de ce territoire avec le film bien connu de Mel Gibson, Braveheart, en 1995. Dans cette production à succès, il y apparaît comme un guerrier juste, fédérateur, se battant pour la liberté, une liberté évidemment très américanisée et plaquée comme telle sur le Moyen-Age… Tout de même, il exista bel et bien et se battit réellement contre la monarchie anglaise et ses troupes pour libérer une Ecosse quasiment annexée.
Or, si l’on a tous en tête des images de géants plus ou moins roux, portant le kilt, soulevant fièrement de longues épées et montrant leur postérieur aux Anglais… On s’attachera à aller au-delà et expliquer qui fut le « vrai » Wallace, dont l’histoire est finalement très éloignée de l’oeuvre du cinéaste cité plus haut. Mais n’est-ce pas la plus grande qualité de ces films, discutables (trop ?) sur le plan historique: donner envie de savoir quels furent les personnages réels et leurs vies ? Inciter à la lecture et à la recherche ? Prenons les donc pour ce qu’ils sont et ne jetons pas forcément l’anathème sur eux, même s’il convient de garder son esprit critique, bien entendu.

Le Wallace monument de Stirling (nous reviendrons sur ce lieu), édifié dans un style néogothique au XIXe siècle, à la même époque où l’Ecosse, en plein bouillonnement culturel, célèbre Walter Scott ou Robert Burns. Pour en savoir plus: https://www.nationalwallacemonument.com/francais/ Photo de l’auteur (2016).

Le Wallace monument de Stirling (nous reviendrons sur ce lieu), édifié dans un style néogothique au XIXe siècle, à la même époque où l’Ecosse, en plein bouillonnement culturel, célèbre Walter Scott ou Robert Burns. Pour en savoir plus: https://www.nationalwallacemonument.com/francais/ Photo de l’auteur (2016).
L’Ecosse en 1297
Alors que William Wallace s’apprête à rentrer dans l’histoire, l’Ecosse est un royaume à moitié conquis par son puissant voisin du sud, l’Angleterre. Infiniment moins peuplée et moins riche que celle-ci, elle est en proie aux appétits anglais depuis longtemps. Or, Londres y pousse ses pions avantageusement, sachant utiliser les occasions, la force si nécessaire, et la division des nobles écossais. Ainsi, en 1292 le nouveau roi d’Ecosse, un certain Jean Baillol, a été proclamé tel par son homologue anglais, le fameux Edouard Ier, à qui il a dû prêter serment et dont il est le vassal.
Pour sortir de cet étouffant carcan, Baillol cherche des alliés et les trouve en la personne de la France, elle aussi en lutte contre l’Angleterre, pour le contrôle de la Guyenne (Sud-ouest), et heureuse de trouver un allié de revers. C’est la fameuse Auld Alliance signée en 1295 (les circonstances exactes de l’approche diplomatique restent floues) et qui devait durer des siècles. Les deux parties contractantes y trouvent intérêt, notamment en divisant les forces anglaises. Toutefois, si celle-ci a fait couler beaucoup d’encre et est encore connue dans les deux nations respectives, elle est à l’époque une catastrophe.
En effet, on a dit que Baillol était le vassal, bien que forcé, d’Edouard et, en s’alliant avec la France il trahit clairement son suzerain. Celui-ci ne perd pas de temps: il envahit assez facilement l’Ecosse en 1296, sans que les Français ne puissent réellement intervenir. La conquête achevée, il nomme un Anglais vice-roi, ainsi qu’installe des comtes anglais ou écossais ralliés à lui avec des troupes dans les principaux châteaux de la région (Edimbourg, Dunbar notamment). C’est là que Wallace va débuter ses actions.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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