Douglas Haig et Édimbourg
Avant de vous proposer un nouveau dossier consacré à l’occupation allemande en Belgique durant la Première Guerre mondiale, je vous propose la découverte du patrimoine de la ville d’Édimbourg lié au maréchal Haig. Officier de carrière né dans la capitale d’Écosse, il servit en Inde et lors de dures campagnes coloniales comme la guerre des Boers (voir liens à la fin). Durant le premier conflit mondial, il commanda sur le front de l’ouest, au sein du British Expeditionary Force. Son nom est lié à la bataille de la Somme (1916) et, comme beaucoup d’officiers généraux, à l’impasse liée à cette guerre.
Si les historiens ont pu apprécier à sa juste valeur son rôle réel dans l’affaiblissement général des armées allemandes (lien au-dessous), il reste souvent associé dans les mémoires aux terribles pertes humaines durant son commandement. On se souvient moins de son rôle dans l’accompagnement des blessés après la victoire: il aida a créer la Royal British Legion, qui vient depuis au secours des vétérans, et leva des fonds pour elle. Ses objets du quotidien et les statues ou autres portraits permettent de mesurer à la fois le quotidien d’un officier de haut rang et la mémoire restée associée à son nom de nos jours.
Fiche sur le personnage pour en savoir plus:
http://www.bbc.co.uk/history/historic_figures/haig_douglas_general.shtml
Mise au point sur son rôle récapitulée par la BBC:
https://www.bbc.com/news/uk-scotland-46064486
Liens vers les sites musées où sont conservés les objets:
https://www.edinburghcastle.scot/
https://www.edinburghmuseums.org.uk/venue/museum-edinburgh
https://www.nationalgalleries.org/visit/scottish-national-portrait-gallery
Photos de l’auteur (avril 2016 et février 2019)

Statue équestre de Haig dans le château d’Édimbourg. Photo de l’auteur (avril 2016).

Uniforme d’apparat de Haig. Musée de la ville d’Édimbourg. Photo de l’auteur (février 2019).

Cafetière de Haig, bien utilisée ! Elle servit en 14-18. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Cantine de campagne de Haig faite par Drew & Sons à Londres, utilisée durant le premier conflit mondial. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Bottes de Haig, 14-18. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh. Elles furent faites par Bartley & Sons de Londres, entre décembre 1915 et décembre 1916.

Haig et sa famille. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Haig en visite sur le front (détails précis non fournis). On voit qu’il parle à un soldat écossais, reconnaissable à son « glengarry ». Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Badges régimentaires. La devise a notamment été celle du Queen’s Royal Lancers. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Boîte à l’effigie de Victoria pour les troupes d’Afrique du Sud, 1900. Haig y combat et la reine sait très bien diffuser son image. Voir à ce sujet sa biographie récente par Philippe Chassaigne. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Couvre-chef de Haig lors de sa période au 7th Hussars. Il y est officier dès 1885.

Après la guerre, Haig oeuvre pour les vétérans. Là cette médaille lui a été remise par la légion galloise des anciens soldats. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Flasque offerte par French à Haig après la guerre, avec des écrits de sa main. Il a été le précédent commandant ne chef du BEF. Photo de l’auteur (février 2019). Museum of Edinburgh.

Portrait du maréchal par John Singer Sargent, peint entre 1919 et 1922. Photo de l’auteur (février 2019), Scottish National Portrait Gallery.
Articles sur la guerre des Boers :
https://antredustratege.com/2014/09/14/la-france-et-la-seconde-guerre-des-boers-1899-1902/
https://antredustratege.com/2013/06/20/lapparition-du-camp-de-concentration-1896-1905/
Un des autres articles sur le patrimoine écossais:
https://antredustratege.com/2019/03/04/le-volet-militaire-de-la-scottish-national-portrait-gallery/
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William Wallace, le personnage et son mythe : VI) Bilan et postérité
Bilan des actions de William Wallace
Au final, « l’épopée » de Wallace n’eut pas d’immenses conséquences dans la route de l’Ecosse vers l’indépendance. Ses succès, parfois retentissants, n’ont été que de très courte durée et il n’a pas su unifier derrière lui une société profondément divisée et même marquée par une guerre civile, on l’a vu. La victoire finale ne vint qu’après et est surtout l’oeuvre de Robert Bruce. Comme l’écrit Michel Duchein à son sujet: « Robert Bruce n’était pas Wallace. Dans ses veines coulait le sang royal et il avait, en tant que grand seigneur, quantité de vassaux et de fidèles prêts à le suivre. » (op. cit. p. 147).
Wallace ne fut « qu’un » chef de guerre, doué, qui put rassembler, il est vrai, de nombreux partisans à certains moments malgré sa basse extraction, gagner d’importantes victoires. Toutefois elles restèrent sans lendemain et ses actions furent accompagnées de grandes violences, et mêmes d’actes cruels vis-à-vis de ses ennemis anglais. Pourquoi est-il donc resté si célèbre ? Tout d’abord car dès l’époque, sa mise à mort particulièrement atroce et longue a suscité beaucoup de sympathie et de compassion pour lui, au point d’en oublier ses aspects les moins reluisants. De plus, il a été redécouvert à la fin du XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle, époque où l’Ecosse redécouvre son passé, y compris grâce à la reine Victoria, mais souvent en le fantasmant. Les écrits de Walter Scott, les poésies de Robert Burns et les immenses monuments dont vous avez pu voir quelques photos ont fait beaucoup pour fixer dans les mémoires certains épisodes de l’histoire écossaise.
Enfin, le film de 1996 dont il va être question un peu plus loin a ramené sur le devant de la scène ce personnage, en lui faisant endosser un rôle beaucoup plus important qu’il ne le fut en réalité. Le bon côté est que cela a donné envie à beaucoup de gens de s’intéresser à cette époque… Et le moins bon est que cette production est hélas de « valeur historique à peu près nulle » (Michel Duchein, op. cit. p. 144). Encore une fois, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas la regarder, loin de là, mais être conscient qu’elle est tout sauf proche des événements qui se sont réellement déroulés.

Statue de Robert Bruce, Stirling. Photo de l’auteur (2016)

Monument à William Wallace. Erigé en 1869 à Stirling. Plus d’informations: https://www.nationalwallacemonument.com/francais/ Photo de l’auteur, 2016.
Film et réalité, fiction et histoire
On l’a donc vu, le William Wallace historique est assez loin de l’image qu’en donne le cinéma américain. Si les Écossais ont alors une réelle prise de conscience de leur identité, ils ne sont pas non plus animés d’un nationalisme tel que le montre le film, plus proche des réalités étasuniennes d’aujourd’hui que du Moyen-Age. On notera tout de même que l’année 1320 voit être produite la déclaration d’Arbroath, texte fondateur qui est une farouche déclaration d’indépendance écossaise. Or, fait significatif, si elle répète toutes les avanies réelles ou supposées perpétrées par les rois d’Angleterre, elle ne cite justement pas Wallace (ni Baillol et toutes les compromissions des seigneurs écossais avec l’Angleterre) !
De plus, Mel Gibson lui prête même une relation avec l’épouse d’Edouard II d’Angleterre, incarnée par Sophie Marceau. Sans doute est-ce issu d’une volonté, louable, de donner de la consistance à un personnage féminin, dans une histoire qui n’en comporte que peu. Hélas, outre des erreurs de date, c’est tout sauf historique: rien ne se produisit entre eux, qui ne se rencontrèrent pas…
Enfin, le personnage de Robert Bruce est clairement caricatural dans le film. Si l’on a vu ses incohérences et sa soif de pouvoir, son attitude pro-anglaise durant une partie de sa vie, il est rendu plutôt lâche voire traître à Wallace dans le film. D’ailleurs, ses relations avec celui-ci son assez mal connues, et c’est bel et bien lui qui devient souverain d’Ecosse et sécurise son indépendance après la grande victoire de Bannocknurn en 1314, soit des années après l’exécution du vainqueur de Stirling (1305).
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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William Wallace, le personnage et son mythe : IV) Le retour en Ecosse d’Edouard Ier
De Stirling à Falkirk
On l’a dit précédemment: alerté par la tournure que prennent les événements, Edouard Ier revient à marche forcée en Ecosse, avec une forte armée. Rapidement, il occupe des places d’importance et reçoit l’aide de seigneurs écossais jaloux de Wallace. Celui-ci, qui tente d’échapper à la nasse qui se referme est accroché par les troupes du roi d’Angleterre, à Falkirk. La localité, située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Stirling est proche du Firth of Forth, l’estuaire du fleuve du même nom, et environnée de bois protecteurs.
Toutefois, plutôt que de s’y réfugier, le chef écossais décide de se mettre en position défensive et d’y attendre solidement les forces d’Edouard. L’été est torride et il dispose ses troupes en schiltrons, unités où les hommes sont très serrés et forment un rempart de lances difficile à attaquer. L’idée semble bonne, mais c’est sans compter la formidable archerie d’Edouard, qui affaiblit ces troupes très peu mobiles, avant que la cavalerie ne termine le massacre.
Falkirk est un désastre: l’armée de Wallace est totalement disloquée à la fin de la journée (22 juillet 1298) et il doit s’échapper pour éviter la capture. Le triomphe d’Edouard est total.

Statue de Robert Bruce au château d’Edimbourg. Photo de l’auteur (2016).
Edouard Ier semble l’emporter définitivement
D’autant plus que Wallace fuit pendant quelques années en France, sans que l’on puisse dire avec certitude, faute de documents, ce qu’il y fait. Il ne revient en Ecosse qu’à la charnière des années 1303-1304, et y reprend sa petite guerre contre l’occupant anglais, qui s’est solidement installé après la bataille vue plus haut… Sans que l’autorité d’Edouard rayonne beaucoup plus loin que le rayon d’action de ses garnisons, comme quelques années plus tôt.
La situation semble propice, d’autant plus que Wallace regroupe à nouveau des partisans, et une structure de commandement est formée, nommée « gardiens du royaume », sorte de régence agissant au nom de Jean Baillol, dont on a vu qu’il était un pion des Anglais. Elle remporte quelques succès, jusqu’à ce que Robert Bruce, qui en fait partie, la dénonce ouvertement, désirant le pouvoir pour lui-même.
Ces divisions intenses débouchent sur une guerre civile qui remet en cause l’efficacité de la lutte contre les Anglais et Edouard Ier paraît l’emporter définitivement.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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