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Conférence le 26 mars à Leffrinckoucke : Séré de Rivières et son œuvre

J’ai le plaisir d’annoncer que je donnerai une conférence de vulgarisation le 26 mars prochain au fort des Dunes de Leffrinckoucke, en partenariat avec la commune et l’association des espaces fortifiés des Hauts-de-France. Elle aura pour thème le peu connu général Séré de Rivières et son œuvre majeure de fortification après la défaite de 1870-71. J’aborderai également le devenir de ses forts ainsi que leur puissante dimension mémorielle, notamment dans les lieux mêmes où cet événement se déroulera.

D’une durée approximative d’une heure, avec projection de documents d’époque et de photos d’ouvrages dont je parlerai, cette conférence sera suivie d’un temps d’échange avec le public et d’une dégustation de thé. Je conseille par ailleurs à ceux qui sont intéressés la visite du fort en lui-même, des lieux des combats de 1940 et du musée consacré à l’opération Dynamo, à Dunkerque. D’ici là, on retrouvera quelques photos et articles sur ce site.

L’Alsace-Lorraine dans la Grande guerre : I) La situation en 1914

Terme administratif allemand, l’expression « Alsace-Lorraine » (ElsaßLothringen) renvoie en fait aux trois départements français annexés en 1871: Haut-Rhin, Bas-Rhin et Moselle. Ainsi, une partie de la Lorraine resta française, et il en fut de même pour le territoire de Belfort, détaché de l’Alsace et demeuré, du fait de sa défense tenace, dans le giron de la République. Or, l’opinion française ne sut jamais se résoudre à la perte de ces territoires vus comme des « provinces perdues ». Si la perspective d’une guerre de revanche pour les récupérer ne fut en fait jamais très sérieuse, dès que la Première Guerre mondiale éclata, la situation changea et ils devinrent très tôt un but de guerre essentiel pour Paris, ce qu’on s’attachera à expliquer ici.

Une frontière assez ouverte mais surveillée

Installé dans la région depuis 1870, l’Empire allemand avait entrepris très rapidement d’administrer et de germaniser (sans succès complet) le territoire reçu par le traité de Francfort de l’année suivante. Pourtant, la nouvelle frontière avec la France n’était pas hermétique, contrairement à une idée reçue. Longue de 285 kilomètres, elle était matérialisée par des poteaux-frontière assez impressionnants, et souvent arrachés, et il fallait bien se soumettre à des contrôles, mais ceux-ci n’étaient pas rédhibitoires. D’ailleurs, si l’Empereur Guillaume II avait instauré un passeport spécial pour la franchir en 1887, il l’annula dès 1891.

Ainsi, les Alsaciens et Mosellans ayant fait le choix de rester Français en 1871 se rendaient-ils souvent dans leur ville ou village d’origine et ce sans grand problème. C’est par exemple le cas du peintre Jean-Jacques Henner, dont la carrière parisienne ne doit pas faire oublier les origines alsaciennes et rurales. Il est connu pour son fameux tableau Alsace. Elle attend (1), personnification saisissante de cette région. Les Allemands, dans l’autre sens, pouvaient aussi se rendre en France, bien que ce fût plus compliqué pour les militaires en service, ce qui est assez compréhensible.

Toutefois, de la Suisse au Luxembourg, cette frontière était surveillée. Un climat « d’espionnite » aiguë régnait alors, dont on a du mal à saisir l’ampleur de nos jours. Dans les gares et villages frontaliers une vraie guerre de renseignement se livrait, réelle comme supposée. Commissaires de police aux fonctions spéciales, douaniers et militaires tentaient de recueillir des informations sur les fortifications, mouvements de troupes et situation économique de l’autre côté de la barrière.

Quelques affaires émaillèrent ainsi les relations franco-allemands, comme celle de Schnaebélé, fonctionnaire français attiré dans un traquenard par un homologue allemand en 1887, sous prétexte d’échanger des informations. Arrêté par les autorités allemandes au motif d’espionnage, il fut finalement relâché après qu’une émotion intense eut soulevé la France et fait croire, un instant, à une déclaration de guerre.

L’entrée du fort Rapp-Moltke de Reichstett, ceinture de Strasbourg. Photo de l’auteur.

Dans les fossés du fort. Photo de l’auteur.

Dans les fossés du fort. Photo de l’auteur.

L’une des coupoles d’observation d’artillerie. Photo de l’auteur.

Le fort de Mutzig. Photo de l’auteur.

Les machines du fort de Mutzig. Photo de l’auteur.

L’une des coupoles de tir du fort de Mutzig. Photo de l’auteur.

Les pièces d’artillerie du fort de Mutzig. Photo de l’auteur.

Un territoire fortifié 

De plus, l’Alsace-Lorraine allemande est, en 1914, un territoire fortifié, bien défendu et terre de garnison. A la fois car elle constitue la frontière avec la France, mais aussi car elle est perçue comme une marche défensive par l’Allemagne. Le chancelier Bismarck l’avait lui-même avoué dans une lettre à l’impératrice Eugénie, femme de Napoléon III (2). Les considérations d’ordre culturel, consistant à dire que cette annexion avait été réalisée pour retrouver un rameau du peuple germanique séparé de son tronc se révèlent en fait être des prétextes masquant une volonté politique et militaire: en cas de nouvelle attaque française, c’est l’Alsace et la Moselle qui seraient les premières touchées, pas l’autre rive du Rhin.

Cela n’empêcha pas l’Allemagne d’investir énormément dans ce territoire, d’y bâtir, et l’Empereur Guillaume lui-même de l’apprécier. On connaît notamment son intérêt, certes orienté, pour le Haut-Koenigsbourg (3). Néanmoins, cet espace avait une vocation de « marche » certaine. Voilà pourquoi de nombreuses casernes y avaient été construites, à la fois pour matérialiser une présence militaire réelle, mais aussi car les soldats étaient un bon vecteur de germanisation. Les villes de Metz et Strasbourg, elles, furent dotées d’une ceinture de forts très modernes et destinés surtout à dissuader la France d’attaquer. Signe de l’évolution des temps, ils étaient semi-enterrés, pour lutter contre les progrès de l’artillerie. Parmi eux, on peut citer celui de Reichstett, autour de Strasbourg. Les débouchés des Vosges, eux, furent dotés d’ouvrages devant arrêter les troupes françaises, car la ligne du massif n’était par entièrement protégée. L’un des plus impressionnants est celui de Mutzig (voir plus bas), qui inspira indirectement la ligne Maginot.

Or, dès les premiers jours de la guerre, une partie de ce territoire connut des combats.

Notes: 

(1) : http://www.musee-henner.fr/collections/l-alsace-elle-attend

(2): Le point sur la question ici: https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/une-chronique-de-thierry-lentz-limperatrice-le-tigre-et-le-retour-de-lalsace-lorraine-en-1918

(3) : https://antredustratege.com/2014/01/20/le-chateau-du-haut-koenigsbourg/

Bibliographie:

-ROTH (François), Alsace-Lorraine. Histoire d’un « pays perdu » de 1870 à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2016, 222 p.

-Informations glanées lors de la visite de nombreux forts:

https://antredustratege.com/2017/10/12/le-fort-rapp-moltke-reichstett/

https://antredustratege.com/2015/09/21/le-fort-de-mutzig-alsace-reportage-photo/

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Le fort Rapp-Moltke (Alsace/Reichstett)

Finalement, une conclusion pour le dernier dossier ne m’a pas paru si pertinente que cela… En attendant la suite, consacrée à l’expédition d’Egypte, je vous propose donc la découverte du Fort Rapp-Moltke, autre fortification allemande de la ceinture de Strasbourg. J’avais déjà présenté celui de Mutzig (lien à la fin), et celui-ci ne manque pas non plus d’intérêt.  Il a été bâti avant, de 1872 à 1874 et faisait partie d’un ensemble destiné à protéger cette place proche de la frontière et également du Rhin et donc de l’ancienne limite avant 1871.

Semi-enterré comme les productions Séré de Rivières françaises de l’époque, il forme une place bien équipée. Amélioré à plusieurs reprises, même si l’apparition de l’obus à la mélinite, très perforant, le déclassa pratiquement, il pouvait abriter 800 hommes et leur ravitaillement. Il était armé d’une vingtaine de pièces d’artillerie, plus d’autres en réserve. Et ce sans compter les mitrailleuses ajoutées par la suite ! L’endroit fut utilisé comme prison durant les deux guerres mondiales, et même comme base arrière de la ligne Maginot. Plus d’informations sur le site du fort:

http://www.fort-rapp-moltke.fr/index.php/fr/

Comparaison avec Séré de Rivières (photos de l’auteur):

https://antredustratege.com/2014/09/02/le-fort-sere-de-rivieres-modele-1874-1875/

Vue de l’entrée depuis l’intérieur du fort. On voit les noms des officiers du génie ayant commandé sa construction. Photo de l’auteur.

Vue de l’entrée depuis l’extérieur. Photo de l’auteur.

L’une des poudrières. Photo de l’auteur.

Dans les fossés. Photo de l’auteur.

Dans les fossés. Photo de l’auteur.

Dans les fossés. Photo de l’auteur.

Tour des fossés. Photo de l’auteur.

Autre vue des fossés. Photo de l’auteur.

Le tour complet fait, en revenant vers l’entrée.

Dans l’intérieur du fort. Photo de l’auteur.

L’une des coupoles d’obervation. Photo de l’auteur.

Vue du fort depuis les hauteurs. Photo de l’auteur.

L’article sur le fort de Mutzig (photos de l’auteur):

https://antredustratege.com/2015/09/21/le-fort-de-mutzig-alsace-reportage-photo/

Aperçu de l’Alsace militaire (photos de l’auteur):

https://antredustratege.com/2014/01/29/apercu-de-lalsace-militaire/

Château du Haut-Koenigsbourg (photos de l’auteur):

https://antredustratege.com/2014/01/20/le-chateau-du-haut-koenigsbourg/

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Les fortifications de Séré de Rivières: IV) La menace de la mélinite / Dernier article

La suite de ce long dossier est là:

Bibliographie:

-Pedroncini (Guy), (sous la direction de), Histoire militaire de la France, t.3, De 1871 à 1940, Paris, PUF coll « Quadrige », 1992, 518 p.

Ensuite, mon dernier article pour la Gazette du wargamer est consacré à l’extensions Art of war de l’excellent Europa Universalis IV. 

http://www.wargamer.fr/test-de-europa-universalis-iv-art-of-war/

La jaquette de l’extension

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Les fortifications de Séré de Rivières: III) La 2e ligne et les réalisations ponctuelles.

Je reviens cette fois sur la 2e ligne de défense, et les ouvrages concernant Paris, les côtes, les frontières franco-espagnole et franco-italienne. Bonne écoute!

Bibliographie:

-Pedroncini (Guy), (sous la direction de), Histoire militaire de la France, t.3, De 1871 à 1940, Paris, PUF coll « Quadrige », 1992, 518 p.

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Les fortifications de Séré de Rivières: II) La première ligne de défense, équivalents étrangers

Poursuite du dossier sur les fortifications de Séré de Rivières. J’espère que cette deuxième vidéo sur trois ou quatre vous intéressera.

Bibliographie: 

-Pedroncini (Guy, sous la direction de), Histoire militaire de la France, t.3, De 1871 à 1940, Paris, PUF coll. « Quadrige », 1992, 518 p.

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Le fort Séré de Rivières modèle 1874-1875

En guise de complément aux chroniques youtube, voici un article sur le fort-type Séré de Rivières, défini en 1874 et 1875. Je vous renvoie à ma chaîne d’histoire militaire pour de plus amples détails concernant le personnage et son oeuvre. Je parle donc là de ces édifices bâtis entre les forteresses, les citadelles, et qui protègent les voies d’accès à celles-ci. Exemple: les forts de la ceinture de Lille.

Le bâtiment:

La principale évolution de la fortification édifiée par Séré de Rivières réside tout d’abord dans la taille, et la forme même des forts. En effet ceux-ci sont plus petits que leurs prédécesseurs (3 à 6 hectares) et poursuivent l’évolution commencée sous Vauban. C’est-à-dire qu’ils ne s’élèvent pas trop haut pour contrer l’artillerie ennemie, et que leurs lignes permettent de se battre de tous les côtés, sans angles morts. Bâtis en auréole tous les 6km autour des grandes places fortes, ils sont généralement situés sur des hauteurs et sont semi-enterrés pour pouvoir résister aux tirs d’artillerie adverse. D’ailleurs s’il reste une cour intérieure et des murs visibles, l’armement est déjà camouflé; s’ils sont isolés les uns des autres, ils peuvent se couvrir de leur feux respectifs. La ligne Maginot ira jusqu’au bout de la logique en enterrant complètement les ouvrages.

Quant aux constructions, elles sont réalisées en moellons et briques, qui résistent bien mieux que la pierre aux obus explosifs apparus dans les années 1830. Les voûtes sont de plus couvertes d’un épais manteau de terre qui absorbe les chocs et de nombreuses galeries permettent de stocker efficacement les munitions ainsi qu’aux hommes de se déplacer de manière sûre. Enfin, les arbres sont coupés aux alentours pour dégager les lignes de vue et, en cas d’assaut frontal, il reste des reliquats moyenâgeux: de profonds fossés, des meurtrières qui servent à l’époque à lancer des grenades sur l’ennemi, etc. C’est une belle synthèse de siècles de fortification.

Son armement:

Le système Séré de Rivières se distingue des autres avant tout car chaque fort est une puissante batterie d’artillerie, contrairement à la ligne Maginot par exemple. Les ouvrages possèdent donc une vingtaine de canons du système dit « de Bange », en vigueur à l’époque. Ces pièces de 90, 120, 138 ou 155 sont encore à l’air libre mais protégées par des talus doubles, qui permettent à la garnison de les défendre efficacement contre l’infanterie. Des cartes sont présentes dans les ouvrages, qui permettent de tirer sur un ennemi en approche et d’anéantir ses colonnes, jusqu’à 10 km environ. Cela veut dire qu’ils sont aptes à effectuer différents types de combat, à longue comme courte distance. D’ailleurs, dès les années 1880, les forts 74-75 reçoivent des tourelles cuirassées, en fonte, qui permettent d’ouvrir le feu dans toutes les directions tout en protégeant les pièces. Ainsi, ces forts sont une belle preuve de travail entre l’infanterie, le génie et l’artillerie.

Un exemple: le fort de Seclin. 

L’exemple choisi pour illustrer cet article sera celui du fort de Seclin, que j’ai pu visiter. Faisant partie de la ceinture de Lille, il possédait une garnison de 1000 hommes environ et est l’un des seuls à être resté dans son état d’origine (les autres ont été renforcés avant 1914 pour des raisons que j’expliquerai en vidéo). Il a de plus une histoire liée aux deux guerres mondiales, les Allemands y ayant commis des crimes. Sauvé par des bénévoles, il est ouvert au public et abrite d’ailleurs un beau musée sur 14-18.

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L’entrée du fort, qui se fait par l’arrière.

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Autre vue.

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La cour intérieure et la cuisine (porte bleue).

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Le fossé.

Jpeg

Les fameuses briques.

Le site du fort:

http://www.fortseclin.com/

Bibliographie: 

-Pedroncini (Guy, sous la direction de), Histoire militaire de la France, t.3, De 1871 à 1940, Paris, PUF coll. « Quadrige », 1992, 518 p.

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Les fortifications de Séré de Rivières: I) Introduction.

Nouvelle série vidéo sur un thème dont j’ai jusque-là peu parlé: la fortification militaire! Je vais revenir sur le Vauban du XIXe siècle: Séré de Rivières, qui cuirassa à nouveau la France entre 1871 et 1914.

Bibliographie:

-Pedroncini (Guy, sous la direction de), Histoire militaire de la France. De 1871 à 1940, Paris, PUF coll « Quadrige », 1992, 518 p.

Photo du général Séré de Rivières.

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