« Bonnie prince Charlie » à l’assaut du trône (1745-1746) : I) Introduction
Chassés du trône d’Angleterre par la « Glorieuse Révolution » de 1688-89, les Stuart n’en ont pas moins essayé à plusieurs reprises de retrouver leur pouvoir, et ce dès 1689, tentative alors appuyée par la France, et dont j’avais déjà parlé (voir liens ci-dessous). Cette fois-ci, nous avançons un peu dans la chronologie pour revenir sur l’essai presque couronné de succès de Charles-Edouard Stuart, dit « Bonnie prince Charlie » (1720-1788).
Qui est Charles-Edouard Stuart ?
Le personnage dont on va parler a laissé une trace indélébile dans l’histoire et la mémoire de l’Ecosse. On se souvient de lui comme du « bon », du « gentil » prince Charlie, d’où le titre de l’article. Il a fait l’objet de nombreuses œuvres littéraires, ainsi que de films et, encore aujourd’hui, son souvenir est bien vivant, et est même devenu un argument touristique. Toutefois, la mémoire, soit la présence sélective d’éléments du passé dans une société, n’est pas l’histoire et si ce personnage est plutôt bien vu pour beaucoup, cela ne doit pas empêcher d’expliquer d’un œil neutre son histoire.
Il est donc né en 1720 à Rome, d’un père déjà prétendant au trône et vivant en exil. La famille des Stuart, catholique, était bien reçue dans les Etats du pape, et bien sûr en France, qui voyait là une belle occasion d’affaiblir son ennemie de toujours. Au pays de Voltaire, elle logeait au château de Saint-Germain-en-Laye et y recevait les visites d’autres exilés, maintenant une petite cour de ce côté-ci de la Manche. Le personnage dont on parle, lui grandit en Italie où son père réside. Il se révèle vite intelligent, fin, très énergique, mais aussi fougueux et prompt à la colère, ce qui n’est pas bien vu, surtout à l’époque, pour un futur souverain, fût-il fils de prétendant dépossédé de ses Etats.

Bonnie Prince Charlie, représenté en tenue écossaise peint par William Mosman vers 1750. L’oeuvre est conservée à la Scottish National Gallery et la photo hébergée sur Wikipédia.
Des prétentions au départ
Toutefois, il a une grande espérance en l’avenir, surtout que son géniteur est âgé et peu à même de se lancer dans des projets aventureux. Or, ces rêves de gloire connaissent un début d’exécution dès 1744. Charles-Edouard a donc 24 ans et sa jeunesse coïncide avec un grand conflit européen: la guerre de succession d’Autriche. La présentation de celle-ci dépassant le cadre précis de cette étude, je me contenterai de rappeler qu’elle voit plusieurs candidats se disputer le trône des Habsbourg et, appuyant les prétentions des uns ou des autres, les grandes puissances européennes interviennent. Là encore jouent leurs divisions autres et, une nouvelle fois, la France se retrouve opposée à plusieurs autres Etats, notamment celui qu’on appelle la Grande-Bretagne depuis 1707. C’est là que des partisans des Stuart, qu’on nomme les Jacobites, car le nom en latin du roi Jacques II exilé en 1688 est « Jacobus », proposent à Louis XV une nouvelle tentative de rétablissement de la famille à Londres.
Sur le papier, elle est sérieuse: 10.000 hommes sont rassemblés dans le Nord pour un embarquement à Dunkerque avec Charles-Edouard, qui accourt de la Ville Éternelle. Il est prévu de débarquer en Ecosse et de l’y soutenir. Toutefois, une violente tempête disperse au printemps 1744 la flotte qui devait le conduire sur les rivages de ses ancêtres. Chose pareille est courante à l’époque de la marine à voile et empêche là ces projets d’être réalisés. Nous allons pourtant voir qu’ils n’étaient que remis à plus tard: dès 1745 un nouvel essai intervient.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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