Archives de Tag: Guerre de Cent Ans

La bataille de Crécy (1346): II) Les combats.

Arrivée des Français et début de la bataille:

Les troupes de Philippe commencent à arriver dès la fin de la matinée sur le champ de bataille. Elles ont parcouru 25 kilomètres et beaucoup sont encore en arrière, s’acheminant tout au long de la journée. Le roi, qui craint que les Anglais ne s’échappent de nouveau, décide de frapper sans attendre que son dispositif ne soit complet.

Il a à ses côtés 20.000 hommes environ, ce qui lui donne la supériorité numérique, mais ils sont assemblés à la hâte en trois lignes désordonnées. Devant, les fameux arbalétriers génois soutenus par 300 cavaliers menés par Jean de Luxembourg; en second rang, la fine fleur de la chevalerie française et, enfin, le roi et le reste des hommes à cheval.

Vers cinq heures de l’après-midi seulement, les troupes françaises s’ébranlent. Cela veut dire que la bataille sera courte, d’autant plus qu’un orage gronde et éclate. Pour entamer les lignes anglaises, les arbalétriers s’avancent et décochent leurs mortels carreaux… Las! leur portée est trop courte et n’atteint même pas l’ennemi qui riposte aussitôt avec leurs arcs longs du pays de Galles. Leur grande portée et leur cadence de tir plus rapide ravage les rangs des Génois qui ne sont d’ailleurs pas protégés par les grands pavois habituels, les porteurs de bouclier n’étant pas arrivés!

Bataille de Crécy. Crédits photo: wikipédia.

Le massacre de la chevalerie française:

Outrés, les chevaliers français décident de charger sans attendre les ordres et de culbuter les Anglais avec la force de leur choc. Hélas pour eux, il eût mieux valu attendre: ils sont gênés par les fantassins qui refluent en sens inverse et ils les piétinent pour avancer. L’élan s’en trouve brisé et ils constituent des proies de choix pour les archers ennemis, qui font un carnage. Les chevaux sont affolés, les cavaliers morts deviennent de nouveaux obstacles pour les survivants qui parviennent tout de même à atteindre les premiers rangs anglais.

Ils s’y battent avec l’énergie du désespoir et de nombreux chefs se distinguent dans la mêlée furieuse. Mais, les chevaliers anglais se joignent au bal sanglant et achèvent de disloquer les Français. Philippe a même deux chevaux tués sous lui et perd l’étendard et l’oriflamme royaux dans la confusion. Honte suprême. La bataille finit dans un désastre complet, à l’approche de la nuit.

Plus de 1500 chevaliers français sont tombés ce jour-là, dont le propre frère du roi. Ils sont rejoints par des milliers de fantassins étrillés par les tirs anglais ou piétinés par eux-mêmes. L’ennemi a perdu quelques dizaines d’hommes d’armes et d’archers. La catastrophe est totale et Crécy reste l’une des pires défaites de l’Histoire de France. Consultez l’article sur Azincourt, qui s’en rapproche également (lien en bas de page).

Bibliographie: MINOIS (Georges), La guerre de Cent Ans, Paris, Tempus, 2010, 769 p.

L’article sur Azincourt:

https://antredustratege.com/2013/06/20/la-bataille-dazincourt-1415/

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La bataille de Crécy (1346): I) La campagne de 1346.

Introduction: 

Souvenez-vous, j’avais parlé d’Azincourt (1415) au début de ce site (lien en bas d’article). Revenons maintenant sur Crécy, autre fameuse défaite française de la guerre de Cent ans. Il va s’agir de comprendre les raisons de cet échec, en revenant bien sûr sur les combats. Tout d’abord je rappellerai que cette guerre qui s’étend de 1337 à 1453 n’a pas vu des affrontements continus. Les deux camps se sont opposés par périodes plus ou moins longues, de nombreuses trêves ayant émaillé le conflit. Nous sommes donc là au début de la guerre et Edward III, le roi d’Angleterre, vient d’être déçu des résultats de sa campagne de 1345, qui n’a pas été à la hauteur de ses espérances. Il décide donc de frapper une nouvelle fois, et fort, l’année suivante…

Couronnement d’Edward III, BNF/Paris.

Préparatifs et débarquement: 

Pour ce faire, le souverain anglais rassemble entre 15 et 20.000 hommes de son côté de la Manche, et se prépare tout l’hiver pour cette expédition très importante pour le XIVe siècle. Il fait construire des milliers d’armes, il présente à son pays le roi de France Philippe VI comme ayant des plans agressifs (de la propagande en somme), il réquisitionne des centaines de bateaux et des tonnes de vivres pour ses troupes qui auront à combattre en France, il recrute des hommes auprès des riches propriétaires, terriens et, enfin, pressure les régions qu’il occupe déjà outre-Manche pour payer le tout. Le parlement fournit le reste du financement, un impôt de deux ans ayant été voté en 1344. Les préparatifs sont très longs, surtout avec les moyens de l’époque et il faut ajourner plusieurs fois le débarquement. Fin juin, 750 navires sont tout de même rassemblés dans le sud de l’Angleterre et ils ne passent pas inaperçus aux yeux et aux oreilles des espions adverses…

Les Français prennent quelques mesures mineures, ayant senti une intense activité chez leurs ennemis, mais ne sont pas aidés par l’indécision d’Edward III lui-même. Après plusieurs hésitations, et à cause de la proximité avec les grands ports de Southampton et Porsmouth, il décide finalement de débarquer…. dans le Cotentin. Comme l’écrit malicieusement Georges Minois: « les côtes normandes semblent faites pour les débarquements ». Finalement les Anglais y débarquent du 12 au 17 juillet 1346, sans coup férir et ils détruisent tout sur leur passage, malgré l’interdiction formelle de leur roi d’agir ainsi: n’est-il dans dans le royaume de France, son royaume? Mais le temps est au pillage, aux réquisitions de vivres pour nourrir les armées et à la prise de butin. Caen et ses alentours tombent bien vite et sont ravagés, de nombreux otages capturés pour rançon envoyés en Angleterre et un trésor de guerre considérable s’accumule.

Phillipe VI de Valois, la branche collatérale. Crédits photos: wikipédia.

De Normandie à Crécy: 

Le roi de France commence à s’organiser et rappeler les troupes pour contrer cette nouvelle invasion. Il tente tout d’abord de négocier avec Edward, sans succès. Pourtant la position de celui-ci est précaire: il a atteint la Seine mais n’a pas assez de matériel de siège pour attaquer Rouen et encore moins Paris. Fort de ses succès et désireux de finir sur une note positive, il veut donc rentrer en Angleterre par un port du nord de la France. Seulement les quatre grands ponts sur le fleuve sont bien gardés. Finalement il longe la capitale et passe par Poissy, où il a construit un pont en bois, Philippe, pressentant la chose, ayant fait détruire l’ouvrage permanent. Hélas pour la France, au lieu de profiter de l’occasion, alors que l’armée anglaise est vulnérable et arrêtée, le roi propose une bataille rangée à son homologue anglais, pour régler le sort de la campagne! Edward accepte… Pour mieux le berner car il fonce vers le nord après avoir bâti son pont provisoire déjà cité.

Mais, arrivé à la Somme, il est en face du même problème, et les Français le talonnent. Finalement il parvient, avec l’aide d’un prisonnier, à la franchir à gué et roule une fois de plus ses ennemis. Comme il sait qu’ils approchent, il choisit lui-même où il les affrontera: une ondulation de terrain entre Crécy et Wadicourt, le lendemain 26 août 1346…

Bibliographie: MINOIS (Georges), La guerre de Cent Ans, Paris, Tempus, 2010, 769 p.

L’article sur Azincourt:

https://antredustratege.com/2013/06/20/la-bataille-dazincourt-1415/

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La bataille d’Azincourt (1415).

I) La marche vers la  bataille

L’un des symboles par excellence de la guerre de Cent Ans, la bataille d’Azincourt, fut une des plus grandes défaites de l’histoire de France. Revenons à présent sur ce fiasco mémorable…

En cet été de l’année 1415, le conflit que l’on connaît sous le nom de « guerre de Cent Ans » s’est quelque peu assoupi: depuis 1380 les affrontements avaient diminué, remplacés par des trêves plus ou moins longues. Rappelons que du Guesclin avait entrepris auparavant sa célèbre entreprise de reconquête, opérant ainsi un rééquilibrage au profit de la France. Toutefois, les choses bougent à nouveau après Azincourt et conduisent la France au bord du gouffre en quelques années (1415-1420).

Ainsi, le 14 août 1415, le roi Henry V débarque en Normandie avec près de 10.000 hommes, dont 6.000 archers. Plus de 1500 navires ont été nécessaires pour les transporter. Or, ce choix fait toujours s’interroger les historiens: pourquoi être venu par l’estuaire de la Seine, alors que Calais est Anglais et coûte cher à la couronne? Pourquoi seulement 10.000 hommes alors que les armées françaises sont à nouveau nombreuses? On pense en fait qu’il compte sur les divisions des Français, déjà grandes (alors que le débarquement était attendu et pressenti depuis des mois), et qu’il compte progresser non pas par la voie de l’envahisseur (Calais) mais par celle du souverain légitime, en remontant la Seine. Il n’a probablement pas de plan très précis, envisageant plutôt d’aviser au fur et à mesure.

Toujours est-il qu’il a besoin d’un port pour assurer ses arrières et ses communications avec l’Angleterre. Il jette son dévolu sur Harfleur, petit mais bien protégé. La ville est défendue par les seuls 400 hommes d’armes de Raoul de Gaucourt. Malgré ses effectifs très réduits, ils repousse tous les assauts ennemis, pourtant soutenus par de l’artillerie, un blocage du port par la marine et des travaux de sape. Mieux pour lui, les Anglais sont ravagés par la maladie, du fait du terrain marécageux de l’estuaire de la Seine. Plusieurs chefs meurent.
En un mois, Henry V n’a progressé que de 10 kilomètres et est bloqué par quelques centaines de courageux soldats! Son expédition débute très mal. Finalement, Gaucourt qui ne reçoit aucun secours (pourtant les forces françaises sont proches!) se rend le 22 septembre 1415. Harlfeur est occupée, pillée et rançonnée selon les coutumes de l’époque.

Réduit à 6-7000 hommes, le roi décide alors de remonter vers le nord et Calais, par la vallée de la Somme. Il est suivi de près par ses ennemis qui se sont rassemblés lentement. Rattrapé fin octobre et bloqué entre les villages d’Azincourt et Tramecourt, il sait que la bataille est désormais inévitable. Les Français ont réussi à rameuter plus de 20.000 hommes malgré leurs profondes querelles (les anciens ne veulent pas combattre, les jeunes ne rêvent que d’en découdre etc). Sur le papier, leur supériorité est écrasante.

Henry V, anonyme.

II) Les combats

Nul besoin de faire durer un faux suspense plus longtemps: la France s’est faite écraser à Azincourt et il va s’agir de comprendre pourquoi!

Tout d’abord le choix du terrain et la disposition des troupes relève de la grossière erreur: le futur champ de bataille est étroit (un espace ouvert, entre deux bois, d’un kilomètre seulement) et empêche les troupes fleurdelysées de profiter de leur avantage numérique de trois contre un. Elles sont obligées de se placer sur trois rangs, la cavalerie aux ailes. Comme il n’y a pas de place pour tout le monde et que le temps méprise les archers et arbalétriers (ils tuent de loin! quelle infamie!), on leur préfère les chevaliers démontés et autres hommes d’armes. De plus, la France (déjà!) pense qu’un assaut frontal de forces supérieures en nombre va suffire à emporter la décision… On retrouva ce genre de comportement tout au long de l’histoire de ce pays, comme j’ai pu l’évoquer ailleurs sur ce site. D’ailleurs, le commandement n’est pas unifié et cinq grands chefs se le disputent, augmentant la confusion. Enfin, la veille de la bataille, les hommes passent la nuit sur le champ de bataille, trempés par une pluie battante qui change le terrain en une mare de boue. Comme à Waterloo, elle va se révéler catastrophique (d’aucuns diraient alors que l’Anglais amène la pluie avec lui!).

Pourtant, les Anglais ne sont pas en meilleure forme et désirent eux aussi se battre le 25 septembre, avant d’être incapables de le faire (la fatigue et le manque de ravitaillement jouent). Leurs troupes sont placées de façon traditionnelle: les hommes d’armes au centre, les archers protégés de la cavalerie par des pieux plantés dans le sol, et les bagages en arrière. Dès 10 heures du matin, Henry V fait avancer ses archers et la bataille débute. Aussitôt les lourds cavaliers français les chargent, confiants. La boue les retarde atrocement, gêne considérablement leur progression et les traits des archers font un massacre bien connu. Les premiers rangs de chevaliers fauchés empêchent ceux qui suivent d’avancer et le carnage est complet.

Au centre, le gros des troupes à pied avance et parvient jusqu’à la fine ligne d’hommes d’armes qui sont presque enfoncés. Toutefois, les archers, débarrassés de la cavalerie, se mettent à les flécher par les flancs et l’arrière. Des centaines d’hommes tombent, et, souvent incapables de se relever à cause de leurs lourdes armures, sont achevés à la hache et au couteau. Les seigneurs se rendent les uns après les autres… Quand une clameur retentit sur le champ de bataille: on attaque les bagages anglais! Henry V croit à des renforts français, mais ce ne sont que des maraudeurs. Pour ne pas perdre de temps, il fait, contre les usages du temps qui lui préfèrent la rançon, exécuter tous ses prisonniers! Le reste de l’armée française, privée de chefs (ils sont presque tous partis en avant) ne combat même pas et s’enfuit, poursuivie dans la plus grande confusion. Georges Minois peut bien écrire:« Tel est à peu près le déroulement de la bataille d’Azincourt: une heure de combat, trois heures de chasse aux fuyards ont mis la France à la merci du roi d’Angleterre ». 

Les Anglais et les locaux pillent les morts, qui se comptent par milliers: dans doute 1500 chevaliers et 5000 hommes d’armes, dont de nombreux ducs et comtes. Certains ont aussi été faits prisonniers dans la fuite, et leur rançon va ruiner leurs familles. La noblesse française est décapitée pour seulement 300 hommes d’armes, 20 chevaliers et deux chefs emmenés dans la tombe côté anglais…

Les Français, dessin de Giuseppe Rava.

Bibliographie: MINOIS (Georges), La guerre de Cent Ans, Paris, Tempus, 2010, 769 p.

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