« Bonnie prince Charlie » à l’assaut du trône (1745-1746): VI) Conclusion
Nous l’avons vu précédemment: même si le succès a semblé un temps à portée, la tentative de « Bonnie Prince Charlie » se solda par un échec retentissant. Il nous reste à voir ce qu’il advint de sa personne et des conséquences en Ecosse du Forty-Five , comme l’on y désigne cette période.
La fuite du prince
La fuite du Stuart a tout de romanesque et a été vue comme telle dès l’époque, voire même comme plus philosophique: Voltaire et Diderot écrivirent alors de belles pages à son sujet, avant qu’elle n’inspire des chansons comme Skye boat song. Ainsi, sorti du champ de bataille de Culloden par quelques fidèles, il se lança vers la côte, poursuivi par les troupes gouvernementales. Il franchit tour à tour, et courageusement, des landes, vallées et îles, souvent aidé. Dormant plus d’une fois dehors, il mangeait de manière assez aléatoire, même si certains habitants lui vinrent en aide. Il ne fut d’ailleurs jamais livré par quiconque, ni repris, bien qu’ayant été talonné de près. Après une errance de plusieurs mois, il est finalement recueilli par la marine française, après plusieurs tentatives infructueuses.
Nouvelle preuve que les côtes britanniques étaient loin d’être inviolables et qui laisse croire à un autre sort possible pour celle-ci, si certains choix avaient été faits plutôt que d’autres ! Toujours est-il que deux navires malouins le récupérèrent le 13 septembre, et il put gagner les côtes de France sans encombre. La suite de sa vie fut une succession d’errances et de déceptions et il décéda en 1788, suivi en 1807 par son frère Henri, cardinal, sans postérité. Là prenait fin la dynastie déchue des Stuarts et l’espoir d’une restauration en leur faveur.
Skye boat song, chanson postérieure évoquant de manière très poignante la fuite de Charles-Edouard. Interprétation: The Corries.
Les conséquences
Si la prince conserva sa vie et sa liberté, il n’en fut pas de même pour beaucoup d’Écossais. De nombreux chefs impliqués dans le « Quarante-Cinq » furent arrêtés et certains mis à mort. Les choses ne s’arrêtèrent pas là et la répression qui s’abattit fut terrible: des villages entiers furent incendiés, des confiscations de terres et de biens réalisées, des violences sur les populations perpétrées durant des semaines.
Plus grave pour la société écossaise: nombre de lois mirent fin à des structures séculaires. La plus importante concernée se trouva être l’organisation clanique traditionnelle: un acte de 1747 retira aux chefs leurs droits de justice et, peu à peu, les liens entre les membres des clans se distendirent jusqu’à rompre bien souvent, car c’était là la base de leur pouvoir. De plus, les tartans et les armes furent bannis pendant trente ans, ainsi que la cornemuse !
A long terme, beaucoup de choses furent déstructurées : l’usage du gaélique recula, le contrôle militaire sur la région et notamment les Highlands fut renforcé (des routes militaires avaient été construites dès avant d’ailleurs). L’Ecosse d’aujourd’hui a pu retrouver une partie de ses racines, mais souvent après une entreprise de réappropriation culturelle menée aux XIXe et XXe siècles, et qui n’est pas sans avoir une vision fantasmée du passé.

« Portrait de Charles-Edouard Stuart » par Hugh Douglas Hamilton, vers 1785, au soir de sa vie. L’image est hébergée sur Wikipédia et le tableau à la Scottish National Portrait Gallery. https://www.nationalgalleries.org/visit/scottish-national-portrait-gallery
Les œuvres inspirées par cette période sont très nombreuses. Outre les chansons que j’ai indiquées, je me permets de citer le roman bien connu de Walter Scott, Waverley, histoire d’un jeune noble anglais impliqué dans ces événements.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
Sur la marine française au XVIIIe siècle:
-VERGE-FRANCESCHI (Michel), La marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, 1996, 451 p.
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« Bonnie prince Charlie » à l’assaut du trône (1745-1746): V) De la retraite à la lande de Culloden
La retraite et le retour en Ecosse
L’ordre de retraite vers l’Ecosse ne signifie pas la débandade de l’armée de Charles-Edouard Stuart. Ses troupes se retirent en bon ordre vers le Nord et parviennent à vaincre les ennemis rencontrés sur la route. Mieux, après s’être regroupé à Perth avec ses hommes, il reçoit des renforts des Highlands, ainsi que le concours d‘une petite troupe française finalement venue, même s’il on a vu précédemment qu’une expédition nombreuse et en règle organisée depuis Dunkerque avait été abandonnée. Voilà pourquoi Bonnie Prince Charlie reprend espoir: il réorganise ses effectifs et déloge ensuite une force ennemie de Falkirk début janvier 1746.
A partir de là, la fortune change toutefois de camp. Comme prévu, les montagnards regagnent leurs habitations en attendant le printemps, et les troupes gouvernementales réagissent. Leur nouveau commandant, Hawley, n’est pas très diplomate et se révèle vantard, mais cela ne l’empêche pas de faire occuper rigoureusement les terres qu’il reconquiert peu à peu, pour s’assurer de leur contrôle et surveiller des habitants souvent hostiles. Passé l’effroi de l’été précédent, le gouvernement de Londres s’est repris et des soldats prennent le chemin du nord.

« An Incident in the Rebellion of 1745 », attribué à David Morier. Plus d’informations sur le site internet suivant: https://www.royalcollection.org.uk/collection/401243/an-incident-in-the-rebellion-of-1745
La bataille de Culloden
Cela oblige les Jacobites à se tourner vers une poursuite des hostilités sous la forme d’une guérilla, ou « petite guerre » comme on dit à l’époque. La disproportion de moyens se fait de plus en plus criante à mesure que les troupes gouvernementales se renforcent et quadrillent le sud de l’Ecosse. Le chef Stuart décide donc de se retirer très au nord, dans la région d’Inverness, pour s’y retrancher et attendre de l’aide venue de France. Or, on l’a dit, celle-ci est fluctuante et soumise aux lois de la guerre sur mer: un vaisseau français, le Prince Charles, porteur de secours est ainsi capturé par la Royal Navy.
L’argent et le ravitaillement venant à manquer, Charles-Edouard fait la sourde oreille aux conseils de ses proches, qui lui suggèrent d’attendre l’été et le retour des Highlanders. Il prend la décision de se découvrir et d’affronter son ennemi dans une bataille rangée. La rencontre a lieu sur la lande de Culloden, proche de la ville d’Inverness, et est un désastre complet. Les jacobites, mal nourris et manquant d’équipement, se retrouvent de plus deux fois moins nombreux que les 9000 adversaires. Le résultat est sans appel: fauchés par l’artillerie, les feux d’infanterie bien coordonnés et bloqués par des rangées de baïonnettes, ils tombent par centaines, sans que le décompte total des pertes soit encore connu à l’heure actuelle. C’en est fini des espoirs de restauration des Stuarts, et Charles-Edouard prend la fuite.
Chanson évoquant le départ de Bonnie Prince Charlie et espérant son retour. Interprétation: Gaberlunzie
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
-Pour en savoir plus sur la « petite guerre au XVIIIe siècle:
http://journals.openedition.org/rha/7237
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« Bonnie prince Charlie » à l’assaut du trône (1745-1746): IV) En marche vers l’Angleterre
La marche triomphale vers le sud
La victoire de Prestonpans évoquée la dernière fois donne l’élan à Bonnie Prince Charlie et à ses troupes, l’élan nécessaire pour se porter vers le sud. Son effet est renforcé par l’arrivée d’un diplomate français, le marquis d’Eguilles, apportant avec lui quelques armes et de l’argent, mais surtout de belles paroles. Charles-Edouard ne pouvait pas le savoir, mais la cour de Versailles ne lui est pas acquise totalement, loin de là, et on ne revit pas, durant sa tentative, d’essai réussi de débarquement en force de la part des Français. Reste qu’il voulut croire en ce soutien jusqu’à la fin et l’aristocrate arrive là au bon moment.
Toutefois, il semble ne pas avoir besoin de l’aide de Louis XV pour l’instant. Après avoir franchi la frontière entre Ecosse et Angleterre le 8 novembre 1745, sa marche vers Londres de son armée ressemble à une promenade de santé et un succès annoncé ! Ainsi, en trois semaines, ses forces abattent 450 kilomètres et réussissent assez habilement à berner les troupes ennemies dirigées par Wade et Cumberland. On l’a dit, l’armée royale est surtout déployée sur le continent et doit rassembler ses unités face au prétendant. Finalement, malgré des dissensions entre chefs écossais, la partie semble bel et bien gagnée: le 2 décembre, Derby est atteinte, à un peu plus de 200 kilomètres de la capitale, où, d’ailleurs, on s’affole.
Ye Jacobites by Name, chanson traditionnelle évoquant les révoltes des partisans des Stuarts. Il s’agit de la version réécrite par Robert Burns, grand poète de la fin du XVIIIe siècle. Interprétation: Ian Bruce.

Le prince représenté en chef écossais par Louis Tocqué, portraitiste de l’époque. Image hébergée (domaine public) sur Wikipédia.
Coup d’arrêt au nord de Londres
C’est là que le sort devient contraire au prétendant. Non seulement il n’a pas écrasé, mais plutôt évité, les troupes de George II, mais, de plus, ses hommes commencent à exprimer leur mécontentement. En effet, le gros de son armée est constitué de montagnards des Highlands qui se sentent étrangers à cette haute politique et surtout loin de chez eux. Alors que l’hiver bat son plein, ils craignent pour leurs familles et possessions laissées loin derrière, dans les hautes terres d’Ecosse. La situation est critique pour Bonnie Prince Charlie car il ne peut évidemment rien seul, et la population anglaise n’a pas été transportée de joie sur son chemin ni ne s’est ralliée en masse.
Finalement, après des discussions très houleuses à la tête de l’édifice, Charles-Edouard décide de revenir en Ecosse plutôt que de rester seul et d’être vaincu dans un environnement hostile; au même moment, des manœuvres curiales versaillaises font échouer les préparatifs d’une expédition de secours organisée depuis Dunkerque… Or, la retraite ne ressemble pas à la marche décrite plus haut, et, on verra qu’elle se termine par la désastreuse bataille de Culloden.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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« Bonnie prince Charlie » à l’assaut du trône (1745-1746): III) Premiers affrontements
Les hostilités débutent
L’une des grandes chances de Bonnie Prince Charlie est d’avoir tenté de reprendre le trône en pleine guerre de succession d’Autriche que j’avais évoquée en introduction. De ce fait, la plupart des troupes britanniques sont positionnées hors des îles, soit en Flandre et en Allemagne, ou au sud de l’Angleterre par crainte d’un débarquement français (qui n’eut jamais lieu). Il peut donc rassembler ses troupes, marcher sur Perth et faire fuir devant lui le général Cope, à la tête des troupes gouvernementales. Le moral est au beau fixe, les forces nombreuses et c’est là que Charles-Edouard reçoit son surnom.
Bien que tous les clans ne se soient pas ralliés et que la majorité des habitants des basses-terres proches de l’Angleterre (Lowlands) ne se soient pas non plus prononcés pour lui, il parvient tout de même à entrer par surprise à Edimbourg le 15 septembre. Les troupes britanniques se sont débandées, même si une partie tient toujours la citadelle de la ville (voir photo), alors que le prince voit les ralliements se multiplier après cette victoire. Il prend possession du château ancestral de Holyrood où, quelques décennies plus tard, le futur Charles X vécut en exil, fuyant la Révolution française !

Vue du château d’Edimbourg depuis le toit du musée d’Ecosse. Photo de l’auteur.
Rester en Ecosse ou passer en Angleterre ?
Là, les conseillers du prince se divisent: que faire ? Rester en Ecosse et y fortifier les positions conquises, prélude à une nouvelle indépendance de l’ancien royaume ? Ou foncer vers l’Angleterre en profitant de la désorganisation générale, et gagner Londres pour en chasser les Hanovre honnis ? Là, il faut rappeler que, malgré leur origine écossaise, les Stuart s’étaient rapidement anglicisés après leur arrivée sur le trône d’Angleterre (1603, union des couronnes) puis de Grande-Bretagne (1707: Acte d’Union)… On voit pourtant que Charles-Edouard s’est servi de son ascendance pour sa tentative.
Ces divisions, toutefois, cèdent d’abord le pas aux nécessités du quotidien: il faut rassurer la population, continuer d’organiser les troupes ralliées et contenir les chefs de clan pas toujours d’accord. Le moins qu’on puisse dire est que Bonnie Prince Charlie réussit plutôt bien l’exercice. Il fait de nombreuses annonces se rapportant aux lois et aux taxes (certaines imposées par Londres vont être abolies, promet-il) qui le rendent populaire. De plus, ses forces parviennent à écraser les soldats de Cope, enfin venu à sa rencontre à la fin du mois de septembre. Le choc a lieu à Prestonpans, le 21, à quelques kilomètres d’Edimbourg, et est une brillante victoire jacobite. Le général britannique y laisse armes et bagages, ainsi qu’un millier de prisonniers. Sa réputation de lâche et de fuyard était désormais faite, colportée par la chanson Hey, Johnnie Cope, Are Ye Waking Yet?
Hey, Johnny Cope, interprété par Alastair Mc Donald.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
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« Bonnie prince Charlie » à l’assaut du trône (1745-1746): II) Départ pour l’Ecosse
Un départ difficile
Après l’échec de la tentative de 1744 expliquée précédemment, les Français se détournent des grands projets en direction de l’Ecosse. A cela plusieurs raisons: la guerre dans les Flandres prime sur le reste… Et 1745 voit d’ailleurs de très belles victoires être remportées, comme la fameuse bataille de Fontenoy où est présent Louis XV en personne. De plus, les milieux dirigeants jugent finalement que, dans les îles britanniques mêmes, le désir de voir les Stuart revenir est peu développé.
Pour autant, Charles-Edouard ne se décourage pas. Il obtient le soutien financier de quelques personnes influentes dont le banquier MacDonald, exerçant à Paris et d’origine écossaise. Avec difficulté, il parvient donc à rassembler quelques centaines d’hommes, les armer et les embarquer sur deux vieux navires rachetés et réparés pour la circonstance. Ainsi, le 8 juillet 1745, il embarque à Paimboeuf, dans la région nantaise: direction, la terre de ses ancêtres quittée bien longtemps avant !
Or, très vite, la Royal Navy, qui exerce un contrôle très étroit sur les côtes françaises pendant une bonne partie du XVIIIe siècle, décèle les deux navires et ouvre le feu sur eux. L’un deux doit repartir s’abriter à Brest, mais le prince, à bord de l’autre, la frégate Du Teillay, décide de forcer la chance et de continuer sa route. C’est un succès car il parvient à échapper à la marine ennemie et débarque le 28 juillet en Ecosse, sur une des nombreuses îles de la côte occidentale.
Chanson jacobite évoquant les grands espoirs suscités par le débarquement de Bonnie Prince Charlie. Elle est interprétée par les McCalmans. Ces chansons sont souvent écrites en Scots, langue régionale proche de l’anglais et pas du gaélique écossais.
Le ralliement des premiers clans
Le moins que l’on puisse dire est que son arrivée ne suscite tout d’abord par l’enthousiaste qu’il escomptait. Il est plutôt bien reçu, mais les chefs de clans craignent de se lancer dans une aventure très risquée, surtout sans le soutien des troupes de Louis XV. Finalement, il faut la fougue de la jeunesse des proches du chieftain du clan MacDonald de Clanranald pour emporter la décision: il est acclamé et, à partir de ce moment, les ralliements à sa cause se succèdent. Les chefs suivent à leur tour et la nouvelle se répand: jour après jour des centaines de highlanders se joignent à ses forces naissances.
Alors que la frégate repart pour la France y chercher du secours supplémentaire, le Stuart a pu rassembler autour de lui 3000 hommes à la mi-août 1745, c’est-à-dire assez rapidement. Une petite troupe loyaliste qui venait s’interposer est rapidement défaite et, dans la vallée de Glenfinnan, est solennellement lue la proclamation du père de Charles-Edouard qui fait de lui le régent: on l’a dit, le géniteur, plus âgé et enclin à la dépression n’est pas du voyage. Ensuite, Charles-Edouard se fend d’un discours très apprécié, sur fond de déploiement de l’étendard royal, et l’insurrection débute vraiment.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
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« Bonnie prince Charlie » à l’assaut du trône (1745-1746) : I) Introduction
Chassés du trône d’Angleterre par la « Glorieuse Révolution » de 1688-89, les Stuart n’en ont pas moins essayé à plusieurs reprises de retrouver leur pouvoir, et ce dès 1689, tentative alors appuyée par la France, et dont j’avais déjà parlé (voir liens ci-dessous). Cette fois-ci, nous avançons un peu dans la chronologie pour revenir sur l’essai presque couronné de succès de Charles-Edouard Stuart, dit « Bonnie prince Charlie » (1720-1788).
Qui est Charles-Edouard Stuart ?
Le personnage dont on va parler a laissé une trace indélébile dans l’histoire et la mémoire de l’Ecosse. On se souvient de lui comme du « bon », du « gentil » prince Charlie, d’où le titre de l’article. Il a fait l’objet de nombreuses œuvres littéraires, ainsi que de films et, encore aujourd’hui, son souvenir est bien vivant, et est même devenu un argument touristique. Toutefois, la mémoire, soit la présence sélective d’éléments du passé dans une société, n’est pas l’histoire et si ce personnage est plutôt bien vu pour beaucoup, cela ne doit pas empêcher d’expliquer d’un œil neutre son histoire.
Il est donc né en 1720 à Rome, d’un père déjà prétendant au trône et vivant en exil. La famille des Stuart, catholique, était bien reçue dans les Etats du pape, et bien sûr en France, qui voyait là une belle occasion d’affaiblir son ennemie de toujours. Au pays de Voltaire, elle logeait au château de Saint-Germain-en-Laye et y recevait les visites d’autres exilés, maintenant une petite cour de ce côté-ci de la Manche. Le personnage dont on parle, lui grandit en Italie où son père réside. Il se révèle vite intelligent, fin, très énergique, mais aussi fougueux et prompt à la colère, ce qui n’est pas bien vu, surtout à l’époque, pour un futur souverain, fût-il fils de prétendant dépossédé de ses Etats.

Bonnie Prince Charlie, représenté en tenue écossaise peint par William Mosman vers 1750. L’oeuvre est conservée à la Scottish National Gallery et la photo hébergée sur Wikipédia.
Des prétentions au départ
Toutefois, il a une grande espérance en l’avenir, surtout que son géniteur est âgé et peu à même de se lancer dans des projets aventureux. Or, ces rêves de gloire connaissent un début d’exécution dès 1744. Charles-Edouard a donc 24 ans et sa jeunesse coïncide avec un grand conflit européen: la guerre de succession d’Autriche. La présentation de celle-ci dépassant le cadre précis de cette étude, je me contenterai de rappeler qu’elle voit plusieurs candidats se disputer le trône des Habsbourg et, appuyant les prétentions des uns ou des autres, les grandes puissances européennes interviennent. Là encore jouent leurs divisions autres et, une nouvelle fois, la France se retrouve opposée à plusieurs autres Etats, notamment celui qu’on appelle la Grande-Bretagne depuis 1707. C’est là que des partisans des Stuart, qu’on nomme les Jacobites, car le nom en latin du roi Jacques II exilé en 1688 est « Jacobus », proposent à Louis XV une nouvelle tentative de rétablissement de la famille à Londres.
Sur le papier, elle est sérieuse: 10.000 hommes sont rassemblés dans le Nord pour un embarquement à Dunkerque avec Charles-Edouard, qui accourt de la Ville Éternelle. Il est prévu de débarquer en Ecosse et de l’y soutenir. Toutefois, une violente tempête disperse au printemps 1744 la flotte qui devait le conduire sur les rivages de ses ancêtres. Chose pareille est courante à l’époque de la marine à voile et empêche là ces projets d’être réalisés. Nous allons pourtant voir qu’ils n’étaient que remis à plus tard: dès 1745 un nouvel essai intervient.
Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):
-DUCHEIN (Michel), Histoire de l’Ecosse. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2013, 797 p.
Les autres articles sur les Stuart:
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Les débarquements français en Irlande III) 1690: poursuivre la tentative de 1689
Nous en étions restés à ce moment où Louis XIV décide d’envoyer d’importants renforts en Irlande. Les troupes fidèles au Stuart piétinent face à la résistance de l’Ulster, où les partisans de Guillaume d’Orange sont plus nombreux, Guillaume qui a aussi envoyé des soldats en nombre dans l’Ile verte.
Une vraie expédition
Que veut dire l’expression « renforts substantiels » que je citais en introduction ? Rien de moins que près de 7000 hommes et 400 officiers, dont une soixantaine d’artillerie, débarqués en mars 1690… Nous sommes loin des conseillers de l’an passé. C’est sans doute la force française la plus importante qui ait débarqué pour des opérations militaires dans les îles britanniques… Toutefois, leur chef, le comte de Lauzun, n’est guère un brillant stratège et cette arrivée de Français correspond à un échange de troupes décidé par les dirigeants….
En effet, plusieurs régiments irlandais prennent leur place dans les navires de la flotte du roi-soleil pour aller combattre sur le continent. C’est l’origine d’un noyau de troupes irlandaises dont les successeurs combattront jusqu’à la Révolution, voire au-delà (exemple en 1870 dans la Revue historique des armées citée en bibliographie). Au final, rien n’était acquis pour Jacques II.

Benjamin west représente ici Guillaume III à la bataille de la Boyne. Le tableau est de 1781.
La bataille décisive de la Boyne
A partir de là, les évènements s’accélèrent. Guillaume d’Orange lui-même se met à la tête de ses troupes, et marche vers l’armée franco-irlandaise de Jacques II. A l’été, les deux forces se font face, pour ce que tous ressentent comme un combat décisif. Le roi Guillaume dispose de 36.000 hommes bien entraînés face aux 25.000 partisans du Stuart. L’affrontement a lieu de long des rives de la rivière Boyne, au nord de Dublin, le 1er juillet 1690 (selon le calendrier julien de l’époque).
Or, c’est une terrible défaite pour les Jacobites, le nom qu’on donne aux partisans des Stuart (Jacques devenant « Jacobus » en latin). Malgré une défense coriace de la cavalerie irlandaise, les régiments obéissant à la maison d’Orange parviennent à passer en force la rivière, et fondent sur les troupes de Jacques, mal positionnées. Les troupes françaises se comportent admirablement, protégeant la déroute du reste de l’armée, mais ne pouvant changer le résultat final.
Les conséquences
Cette bataille décisive marque un premier échec Stuart de reprise du trône. Le roi parvient à s’enfuir en France depuis Kinsale, et sa famille va installer sa cour pour de nombreuses années à Saint-Germain-en-Laye. Les troupes françaises, elles, rembarquent depuis Galway et retournent en France. Si elles se sont bien comportées au combat, il ne faut pas croire à une idylle en Irlande. Les hommes de Louis XIV ont souvent été méprisants, trouvant les Irlandais pauvres et frustes, et ceux-ci n’ont pas apprécié certaines de leurs manières… Ni le fait que Jacques les écoute plus qu’eux-mêmes.
Toutefois, on a vu que nombre d’Irlandais passèrent en France où ils allaient se couvrir de gloire pendant des décennies, combattant notamment à Malplaquet en 1709, d’autres dans la marine, comme la famille Mac Nemara. D’importants liens franco-irlandais se nouent à l’époque.
Bibliographie sélective (sans but d’exhaustivité):
-JOANNON (Pierre), Histoire de l’Irlande et des Irlandais, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2009, 832 p.
-« France-Irlande », Revue historique des armées n° 253, 2008. Voir notamment cet article :
Évocation des Irlandais dans la marine française:
-VERGE-FRANCESCHI (Michel), La marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, 1996, 451 p.
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