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Le combat naval de Cherbourg (1864): III) L’affrontement

Terminons ce dossier sur le combat naval de Cherbourg en 1864, qui apporte la guerre de Sécession jusque sur les côtes françaises.

Le combat:

Cette fois, L’Alabama semble bel et bien avoir été rattrapé: son adversaire a beau rester à la limite des eaux territoriales françaises, il n’entend pas s’en aller sans l’avoir combattu. Comme les deux navires sont de conception et force équivalentes, l’affrontement est, sur le papier incertain. Toutefois, ce que le confédéré ne sait pas, c’est que son adversaire dispose d’un blindage de fortune, mais d’un blindage tout de même, contrairement à lui. En effet, le capitaine du Kearsarge  a protégé son navire avec des chaînes  de métal liées entre elles, et masquées par des branches.

Néanmoins Semmes souhaite aussi en découdre, il entend prouver que la Confédération sur mer est capable de vaincre des navires de combat, pas uniquement de faire la guerre au commerce. Ainsi, le 19 juin 1864 au matin, il prend la mer et s’en va trouver son adversaire, non sans avoir harangué ses hommes.

Le duel commence vers midi, et le bruit des canons de 8  et de 11 pouces résonne bientôt dans la Manche. L’affaire est assez rapide au final: après une heure d’un feu vif des deux côtés, l’Alabama est déjà en mauvaise posture. Le blindage, quoique rudimentaire, de son adversaire a limité ses dégâts et donc très bien joué son rôle, alors que, lui, a été frappé au but trois fois par des obus de 11 pouces. Ses chaudières s’éteignent et, au milieu des morts et blessés qui l’environnent, le capitaine se résout à faire amener les couleurs et se rendre. C’en est fini de son aventure.

Manet, « Le combat du Kearsarge et de l’Alabama », 1865.

La postérité/conclusion:

Cette défaite est sans appel (le Kearsage ne déplore que trois pertes) pour la Confédération et l’Union parvient à se débarrasser d’un gêneur important (voir articles précédents). Bien que la guerre de Sécession se limite à deux principaux protagonistes, elle a des ramifications dans le monde entier et ce combat naval le prouve bien. Chose intéressante, 15.000 personnes y assistèrent depuis les plages de Cherbourg, certaines étant même venues depuis Paris par le train (qui se développe considérablement pendant le Second Empire) ! Les survivants furent récupérés par un navire britannique tout proche et les chaloupes restantes du Kearsarge.

L’évènement inspira plusieurs fois les artistes, outre les tableaux des articles précédents, je citerai tout d’abord Manet avec l’oeuvre que vous pouvez voir au-dessus. Plus proche de nous, c’est même l’argument d’un numéro de la célèbre série Les Tuniques bleues, Duel dans la Manche pour être plus précis. Bien sûr, c’est de la bande dessinée qui prend beaucoup de libertés avec la réalité, vous vous amuserez à comparer… et retrouver une partie du tableau de Manet !

Bibliographie utilisée (qui n’a pas pour but d’être exhaustive):

-KEEGAN (John), La guerre de Sécession, Paris, Perrin, coll. « Pour l’Histoire », 2011, 504 p.

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Le combat naval de Cherbourg (1864): II) Vers l’affrontement

Les conditions de l’affrontement naval durant la guerre de Sécession ayant été posées plus haut, voyons maintenant comment les deux navires en vinrent à se retrouver l’un en face de l’autre à Cherbourg.

Le CSS Alabama :

Je l’ai dit, les confédérés achètent des navires à l’étranger pour pallier leur manque d’infrastructures portuaires, et pour contourner le blocus de l’Union. Le CSS Alabama est l’un d’entre eux. Il a été bâti en Grande-Bretagne, où on l’a fait passer pour un navire marchand, avant de transporter son armement séparément et de l’équiper hors du territoire britannique, plus précisément aux Açores (îles portugaises). Sa carrière débute alors, nous sommes en août 1862.

Il a pour capitaine Raphael Semmes, vétéran de la guerre contre le Mexique (1846-1848, où servirent notamment Grant… et Lee) et surtout officier de valeur. Sa mission est de perturber le commerce nordiste et il s’en acquitte rapidement, allant jusqu’au port de New York, signe d’une certaine audace. Après avoir fait route vers le Texas, il échappe à une escadre ennemie et se paie même le luxe d’envoyer par le fond l’un de ses adversaires qui s’est lancé à sa poursuite, l’USS Hatteras. 

Photo des officiers du « Kearsarge ».

Un navire corsaire redouté:

A partir de là, il passe dans l’Atlantique sud puis dans le Pacifique, où il se met à semer la terreur. Insaisissable, il réussit à cumuler 64 prises de navires adverses, avant de devoir aller vers l’Inde puis l’Afrique, faute de proies. Se ravitaillant dans les ports neutres, opérant dans une époque où ni la TSF ni le radar n’existent, il parvient à rester invaincu.

Pourtant, à aucune période le matériel n’est inépuisable: arrivé dans les eaux du Brésil et usé par un quasi tour du monde, il doit se rendre à l’évidence… Le navire nécessite d’être réparé, surtout les chaudières et le doublage en cuivre de la coque. Celui-ci est important: il protège notamment le bois de l’accumulation des algues et autres vers marins, à une époque où le métal n’est pas encore totalement roi dans la marine… Notons par ailleurs que les navires comportent encore des voiles, en cas de défaillance de la machine à vapeur (voir image ci-dessous).

Il décide donc de se rendre à Cherbourg, puissant port militaire français qui lui délivre l’autorisation nécessaire. La France de Napoléon III est alors une grande puissance navale, et l’empereur lui-même est plutôt favorable à la Confédération, comme d’autres nations européennes (aucune ne lui accorda de reconnaissance diplomatique officielle par contre). Toutefois, à peine arrivé dans les eaux françaises, dans le printemps finissant de 1864, il est repéré par un navire de l’Union de force équivalente, le Kearsage… 

Louis le Breton, « Le combat entre l’Alabama et le Kearsarge ».

Bibliographie utilisée (qui n’a pas pour but d’être exhaustive):

-KEEGAN (John), La guerre de Sécession, Paris, Perrin, coll. « Pour l’Histoire », 2011, 504 p.

Sur la France navale de Napoléon III, l’indispensable thèse suivante:

-BATTESTI (Michèle), La marine de Napoléon III : une politique navale, Chambéry, Université de Savoie, Paris, Laboratoire d’histoire et d’archéologie maritime, Vincennes, Service historique de la marine, 1997, 2 volumes.

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Le combat naval de Cherbourg (1864) I) Introduction

Chose promise, chose due: je vais un peu parler de la guerre de Sécession, grande absente de ce site jusque-là… Comme vous le savez, j’aime également m’attacher à des aspects moins connus des conflits, et c’est pourquoi je vous propose d’aborder son volet naval.

La guerre de Sécession se livre aussi sur les flots

C’est certes une composante moins « vendeuse » que Gettysburg ou les exploits de Grant, mais il n’en reste pas moins que la guerre civile américaine se livra aussi sur mer, et ce de plusieurs façons. La première, ce sont les opérations proches des côtes américaines: l’Union (le Nord) a la supériorité navale durant tout le conflit et utilise sa flotte pour bloquer les littoraux adverses, ainsi que faire des incursions souvent durables en territoire sudiste, ainsi la prise de La Nouvelle-Orléans par l’amiral Farragut.

En effet, l’une des principales richesses de la Confédération est son coton, et sa source d’approvisionnement en armes vient pour une bonne partie de pays comme le Royaume-Uni. Bloquer ses côtes permet donc au Nord de l’asphyxier peu à peu et de donner des coups d’épingle en occupant les sites intéressants (les ports d’importance notamment), obligeant par là même son ennemi à y dépêcher des troupes. Ce plan à long terme est grandement l’oeuvre du vénérable Winfield Scott, vétéran de la guerre de 1812 (!), de celle du Mexique et encore général en chef au tout début du conflit.

Équipage d’une canonnière de l’Union, 1864. Photo provenant de : http://www.civilwarphotos.net/files/images/051.jpg

Quelle guerre navale en 1861-1865 ? 

La seconde, ce sont les combats  et mouvement navals en pleine mer, et ce bien au-delà du Nouveau-monde: serrés dans un étau toujours plus fort, les confédérés firent preuve d’une vraie inventivité pour essayer de soulager la pression. D’une part ils envoyèrent donc le plus secrètement possible des navires « briseurs de blocus » s’approvisionner en armes et fournitures de guerre à l’étranger.  Ceux-ci furent très nombreux à passer, dans l’ordre de 5 sur 6 au début de la guerre et encore 1 sur 2 à la fin: ils apportèrent des ressources vitales au sud.

Et de l’autre, le gouvernement de Richmond arma des navires en course, souvent fabriqués à l’étranger, pour s’attaquer au commerce de l’Union. Opérant jusque dans le Pacifique, certains firent de véritables odyssées et coulèrent des dizaines de navires. Si cela ne changea pas le cours de la guerre, John Keegan (voir plus bas) écrit tout de même : « Les navires de course détruisirent environ 5% de la flotte marchande américaine et, quoique peu nombreux, perturbèrent sérieusement et durablement les échanges maritimes de l’Union ». 

Je vous propose d’étudier la « carrière » de l’un de ces navires, le CSS (Confederate State Ship) Alabama, carrière qui prit fin… A Cherbourg en France en 1864 après un combat qui marqua beaucoup les esprits.

Bibliographie utilisée (qui n’a pas pour but d’être exhaustive):

-KEEGAN (John), La guerre de Sécession, Paris, Perrin, coll. « Pour l’Histoire », 2011, 504 p.

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