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L’aide à la Finlande lors de la guerre d’Hiver: III) fantaisistes projets alliés

Terminons aujourd’hui ce dossier consacré à la guerre d’hiver en passant en revue quelques plans alliés concernant la Finlande et qui, avec le recul, semblent manquer singulièrement de réalisme.

Un intérêt soudain pour le Grand Nord

La première chose à noter est que la guerre finno-soviétique fait naître un intérêt soudain et puissant dans les démocraties occidentales, alors que cette région d’Europe était jusque-là peu connue de l’opinion publique, et même d’une bonne partie des décideurs. Les raisons sont multiples, mais on peut dégager la suivante : en pleine inaction de la Drôle de Guerre, certains responsables politiques et militaires français et britanniques souhaitent agir sur des fronts dits « périphériques », notamment car les opinions publiques réclament des actions militaires. De plus, le courage avec lequel le pays se défend n’est pas sans impressionner: on a d’ailleurs vu que de nombreux comités de soutien à la Finlande naquirent dans ces mois où les armes restèrent au pied sur le front ouest.

Parmi ces personnes intéressées par une action de diversion en Scandinavie, on peut citer rien de moins que Churchill, pas encore premier ministre, mais aussi Daladier, le président du Conseil français. Le premier lord de l’amirauté est connu pour vouloir frapper où on ne l’attend pas forcément (et va garder un intérêt pour le secteur tout au long de la guerre); quant au « taureau du Vaucluse », il a peur que l’armée ne s’enlise dans un quotidien monotone. Lui aussi pense à affaiblir l’Allemagne indirectement, en frappant les endroits d’où elle tire certaines ressources (ce qui va déboucher sur l’expédition de Norvège). De plus, une fraction de son cabinet est loin de porter l’URSS dans son cœur et désire l’affaiblir. Dès le début les buts sont donc flous et, on va le voir, les projets manquent singulièrement de réalisme.

Vidéo de l’ECPAD sur le débarquement en Norvège:

http://www.ecpad.fr/narvik-premiere-operation-de-debarquement/

Edouard Daladier et Neville Chamberlain (Churchill n'est pas encore premier ministre). Site d'origine indiqué.

Edouard Daladier et Neville Chamberlain (Churchill n’est pas encore premier ministre). Site d’origine indiqué.

Des projets peu réalistes

Ainsi, malgré une grande indécision, des opinions contraires et résistances multiples, les cabinets alliés parlent sérieusement d’intervenir en Laponie, opération qui pourrait être couplée avec une action aérienne contre les champs de pétrole soviétiques du Caucase, depuis les aérodromes du mandat français de Syrie ! N’importe qui regardant une carte se rend évidemment compte des risques et des distances très grandes… C’est d’ailleurs ce que font remarquer quelques militaires français, dont Gamelin lui-même, qui retardent cette volonté politique qui apparaît difficilement réalisable. De plus, on imagine bien les conséquences d’une action directe contre l’Union soviétique.

Ainsi, le désordre est très grand, alimenté par les Finlandais eux-mêmes qui essaient de provoquer une intervention alliée à leurs côtés. Par le biais de l’ambassadeur américain en France, la SDN est même impliquée dans l’affaire et finit par condamner l’URSS le 10 décembre 1939. Bien sûr, ses moyens sont limités et l’organisation n’a pas su régler efficacement les problèmes des années 20 et 30. Dans les mois qui suivent d’autres projets sont encore évoqués mais paraissent encore très mal définis. Des questions insolubles continuent à se poster: comment aider la Finlande si excentrée tout en ne voulant pas rompre directement avec l’URSS ? Quant à certains projets de débarquement: comment les réaliser sans l’accord des pays concernés ? Etc. 

Finalement, la paix en mars 1940 détourne les moyens péniblement rassemblés, et va amener Londres et Paris à les détourner sur la Norvège, envahie par les Allemands le mois suivant. Là encore l’impréparation et l’improvisation furent presque totales. A ce sujet, d’autres informations ici:

https://antredustratege.com/2013/06/20/larmee-norvegienne-en-1939/

Cette troisième partie conclut donc ce dossier !

Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):

Une très bonne synthèse en français sur la question:

-CLERC (Louis), La guerre finno-soviétique (novembre 1939-mars 1940), Paris, Economica, 2015, 209 p.

Et un bon fascicule Osprey, qui couvre le matériel plus spécifiquement et va jusqu’en 1945:

-JOWETT (Philip) et SNODGRASS (Brent), Finland at war. 1939-1945, Oxford, Osprey Publishing, coll. « Elite », 2006, 64 p.

Pour en savoir plus sur le FM 24/29: https://antredustratege.com/2013/12/05/les-armes-du-soldat-francais-en-1940-les-fusils-mitrailleurs/

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L’aide à la Finlande lors de la guerre d’Hiver: II) Les moyens humains

Avant de revenir sur les moyens matériels et sur quelques projets avortés d’aide à la Finlande, passons en revue les différents groupes d’hommes (et de femmes, voir plus bas) venus aider ce pays lors de sa guerre contre l’URSS.

Des combattants

Si le conflit dont on parle n’attire pas autant de volontaires étrangers que la Guerre d’Espagne (voir plus bas), il est pourtant certain qu’il génère une vague de sympathie dans de nombreux pays, pour des motifs divers. Ainsi, des descendants de Finlandais partis à l’étranger souhaitent aider leur pays d’origine, d’autres sont attirés par le goût de l’aventure, et on note aussi des anticommunistes désireux de faire le coup de feu contre les Soviétiques. Par exemple, plus de 5000 Italiens se portent volontaires pour s’engager du côté des agressés. Toutefois, à cause de la difficulté de se rendre en Finlande, du caractère court de la guerre (novembre 39-mars 40) et de divers freins politiques et diplomatiques, ces groupes là ne voient pas le feu. Certains hommes venus de pays comme le Royaume-Uni et effectivement parvenus en Finlande eurent d’ailleurs des difficultés à en repartir, une bonne partie de l’Europe s’étant embrasée entre-temps.

Ce n’est pas le cas des Suédois et Norvégiens du Svenska Frivilligkåren. Fortes de leur proximité géographique et culturelle, la Norvège et la Suède voient en effet se constituer une brigade de volontaires à destination de la Finlande. Le gouvernement de Stockholm laisse faire, et des officiers de l’armée suédoise encadrent même cette unité de plusieurs milliers d’hommes au final,  et qui va se battre sur le Front de Laponie, dans des conditions difficiles. Ainsi, plus d’une centaine d’homme fut gelée et les pertes, blessés et tués, s’élèvent à 80 soldats environ. Pour un engagement limité dans le temps, ce ne sont pas des chiffres négligeables. Là encore, cela ne permet évidemment pas de faire la différence, et ces troupes ne se battirent que dans les derniers moments de la guerre.

Affiche suédoise pour l’aide à la Finlande:  » La cause de la Finlande est la nôtre » est-il dit au début.

Des conseillers et la formation de comités

A côté, des pays déjà en guerre comme la France envoient des conseillers militaires en Finlande, ainsi que du matériel, comme nous le verrons la prochaine fois. Ainsi, sur le sol finlandais, on trouve des techniciens britanniques, français et italiens, bientôt ennemis, qui assemblent des avions destinés aux Finlandais !

La République française, pour y revenir, envoie un certain nombre d’officiers appartenant à différentes armes et qui se rendent auprès du maréchal Mannerheim, âme de la résistance finlandaise. On parle là de plusieurs dizaines d’hommes qui vont aider à l’utilisation des pièces d’artillerie, des avions. Ailleurs, certains forment même ceux qu’ils sont venus aider depuis Stockholm, où une mission de près de 60 hommes s’est rendue à cet effet. Le Royaume-Uni n’est pas en reste et forme un comité destiné à rassembler des fonds et des volontaires.

Enfin, dans toute l’Europe des structures surgissent et parviennent à réunir de l’argent et du matériel (tout ne parvient pas à destination d’ailleurs), dont le Comité France-Finlande, l’un des plus actifs. Ce dernier parvient même à créer une petite unité de camions destinés à une utilisation sanitaire, et conduits par des infirmières de l’armée française, aidées de deux médecins. Malgré des difficultés et un escroc qui détourna les moyens, elles œuvrèrent à l’hôpital militaire d’Helsinki avec un grand professionnalisme. Petite page méconnue, mais très intéressante de l’histoire des femmes sous l’uniforme. 

Bibliographie consultée (qui n’a donc pas pour but d’être exhaustive):

Une très bonne synthèse en français sur la question:

-CLERC (Louis), La guerre russo-finlandaise (novembre 1939-mars 1940), Paris, Economica, 2015, 209 p.

Et un bon fascicule Osprey, qui couvre le matériel plus spécifiquement et va jusqu’en 1945:

-JOWETT (Philip) et SNODGRASS (Brent), Finland at war. 1939-1945, Oxford, Osprey Publishing, coll. « Elite », 2006, 64 p.

L’intervention étrangère durant la Guerre d’Espagne:

https://antredustratege.com/2014/06/27/la-guerre-despagne-1936-1939-iv-les-interventions-etrangeres/

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