Musée du Risorgimento de Milan
La visite et la muséographie
Voici un album du très riche musée du Risorgimento à Milan :
http://www.museodelrisorgimento.mi.it/
Gratuit, construit selon une progression chronologique classique et bien faite, avec une muséographie efficace, il revient sur une période fondamentale de l’histoire de l’Italie : sa longue marche vers l’unité. On appréciera la vision large, faisant intervenir de nombreux acteurs de cette époque, ainsi que les salles centrées sur Milan et, de manière globale, la richesse des objets montrés. De plus, le parcours commence aux prémices de l’unité, dans les années 1780-90, ce qui est une très bonne chose. Le grand rôle de la France est souligné, de manière neutre, sans parti pris, ce qu’on demande à tout musée un tant soi peu sérieux. On regrettera juste que les dernières annexions en 1918-19 n’aient pas été évoquées, et que les collections exposées soient surtout concentrées sur les principaux pays (Royaume de Piémont-Sardaigne, France, Autriche-Hongrie). Plus d’objets de Naples ou des grands duchés de l’Italie centrale auraient été intéressants.
Lire la Suite →1870: la bataille « de Reichshoffen » (Woerth-Froeschwiller)
A l’été 1870, la France se retrouve en guerre contre la plupart des Etats allemands et les premiers combats tournent très vite à son désavantage en Alsace et en Lorraine. Le combat dit de « Reichshoffen » est resté célèbre avec quelques autres, car il vit les cuirassiers français y charger valeureusement. A travers les vignes et les houblonnières en cette très chaude journée d’été, 6 août, ils eurent des pertes effroyables. Malgré cela, le nom est erroné et les combats eurent lieu à Woerth et Froeschwiller. Voici les photos du champ de bataille et du musée de Woerth. Ainsi que la chanson suivante sur la question: https://www.youtube.com/watch?v=kAdXDnOgb_0
Quant à William Wallace, il revient bientôt !

ue du château de Froeschwiller. Dans l’église d’à côté, des blessés furent soignés. https://www.tourisme-alsace.com/fr/244001068-Chateau-des-Eckbrecht-de-Durckheim-Montmartin.html Photo de l’auteur.

Monument au 3e bataillon de Jaeger Wurtembergeois. Le lieu en foisonne car devint allemand après 1870. Les Français n’y touchèrent pas. Contrairement aux nazis qui détruisirent certains édifices français. Photo de l’auteur.

Imposant monument allemand, où le lion piétine des armes et emblèmes français, dont la fameuse mitrailleuse « de Reffye ». Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=sP8npOGYC08 https://journals.openedition.org/rha/6765 Photo de l’auteur.

L’aigle impériale piétinée (féminin dans ce cas). Photo de l’auteur.

Monument du 5ème régiment d’infanterie de Thuringe n°94 (Saxe). Photo de l’auteur.

Belvédère allemand. Bâti pour pouvoir observer le champ de bataille. Photo de l’auteur.

Vue depuis le belvédère. Il y avait beaucoup de lumière… photo de l’auteur.

Idem. Photo de l’auteur.

Château de Woerth, où est le musée consacré à la bataille. http://www.officiel-galeries-musees.com/chateaux/chateau-de-woerth Photo de l’auteur.

Le fameux tableau de Detaille sur la charge des cuirassiers. Il a curieusement choisi d’illustrer le moment où elle débouche dans le village de Morsbronn… Les cavaliers y furent massacrés par des tireurs cachés dans les maisons. On lui reprocha donc cette toile. Photo de l’auteur.

L’incroyable « La charge des cuirassiers » de Théodore Lévigne. Photo de l’auteur.

Détail. Photo de l’auteur.

Détail. Photo de l’auteur.
Pour en savoir plus:
https://www.wargamer.fr/la-guerre-de-1870/
https://antredustratege.com/2016/02/04/garibaldi-au-secours-de-la-france-1870-1871-i-introduction/
Exposition « FRANCE-ALLEMAGNE(S) 1870-1871. LA GUERRE, LA COMMUNE, LES MÉMOIRES » aux Invalides
Jusqu’au 30 juillet se tient une magnifique exposition aux Invalides. Elle est consacrée à la fois à la guerre méconnue de 1870-71 à la Commune et aux mémoires contrastées de ces évènements. Plus de 300 objets venus de très nombreux musées français et étrangers permettent de retracer avec précision les faits: des photographies d’époque numérisées, des tableaux rarement vus en France, des mannequins et même quelques raretés comme la mitrailleuse française Bollée, invention d’un habile créateur. Le numérique vient compléter efficacement l’ensemble avec des cartes animées et une modélisation 3D des principaux canons de l’époque. Très utile pour voir comment ils tiraient !
J’ai passé plusieurs heures avec un grand intérêt dans les salles consacrées à l’exposition. Les pièces sont vraiment bien mises en valeurs, les textes utiles et le fait qu’une grande exposition à Paris vienne parler de ces évènements, qui plus est dans un musée national, est une très bonne chose. En effet, ils restent peu connus du grand public et moins médiatiques que d’autres conflits. La présentation du traitement mémoriel de ces faits, après qu’ils se soient déroulés (traces dans la littérature, procès des communards…) vient compléter utilement une manifestation déjà dense. A voir ! Voici déjà quelques clichés pour vous donner envie.
Le site de l’exposition:
http://www.musee-armee.fr/expoFranceAllemagnes/

Emil Hünten, La bataille de Sadowa, 1885. Là est brisée l’ambition autrichienne de toujours peser sur les affaires allemandes. A ce sujet, voir: https://www.youtube.com/playlist?list=PLx0hYD1JPK2wb71Cuu-oDjOicHqakxGro Photo de l’auteur. Toile conservée au Berlin deutsches historisches museum : https://www.dhm.de/

Détail du tableau précédent. Le drapeau ennemi est présenté comme trophée. Photo de l’auteur.

Adolph Menzel, Départ du roi Guillaume Ier pour l’armée le 31 juillet 1870. Photo de l’auteur. Peu connu de ce côté-ci du Rhin, ce tableau présente le départ pour l’armée de ce roi qui est avant tout un militaire. Toile conservée à la Alte Nationalgalerie de Berlin. http://www.smb.museum/museen-einrichtungen/alte-nationalgalerie/home.html

Edouard Detaille, Combats à Villejuif, siège de Paris, 1870 (Musée d’Orsay). Ce tableau présente un combat en banlieue lors du siège très dur de la capitale. Detaille, qui s’est représenté avec une brouette, est l’un des plus grands peintres de ce conflit auquel il a participé, avec son ami artiste lui aussi, de Neuville. http://www.musee-orsay.fr/

Etienne-Prosper Berne-Bellecourt, Pièce d’artillerie lourde française au siège de Paris, 1872 (Musée de l’Armée). Durement bombardée par les Allemands, la place forte de Paris réplique tout de même. La capitale contient notamment de lourdes pièces de marine venues des ports et arsenaux, ainsi que des batteries flottantes sur la Seine. Photo de l’auteur.

Eugen Adam, La montée des couleurs allemandes au fort de Vanves le 19 janvier 1871. Nous sommes peu après l’armistice et les forts français sont remis aux troupes adverses. Le peintre représente ce moment. Photo de l’auteur. Le tableau est conservé au Bayerisches Armeemuseum d’Ingolstadt https://www.armeemuseum.de/fr/

L’étonnante mitrailleuse Bollée, qui ressemble en partie à celle de Reffye pour son fonctionnement. Au sujet des canons à balles de cette guerre, voir: https://rha.revues.org/6765 Photo de l’auteur.

Les troupes d’Afrique participent activement à cette guerre et se battent bravement. Jules Monge a représenté en 1884 un Clairon de turcos [surnom des tirailleurs algériens] blessé. A ce sujet, voir leur chant et la bande dessinée « L’homme de l’année 1871 » : https://www.youtube.com/watch?v=LaSSXFI2o4c Toile conservée au Musée de l’Armée.

Tableau extrêmement célèbre d’Alphonse de Neuville (1873) consacré à la maison de la dernière cartouche à Bazeilles, où il est conservé. Là les troupes de marine opposèrent une farouche résistance aux forces adverses. Le musée: http://www.maisondeladernierecartouche.com/fr/ Photo de l’auteur.

Tableau d’Edouard Detaille de 1873 (Musée d’Orsay), Le Bourget. 30 octobre 1870. On voit un blessé français sortir d’une église après de durs combats. http://www.musee-orsay.fr/

Tableau très frappant d’Auguste Lançon: « Morts en ligne » de 1873. Les Allemands sont alignés, indifférents aux morts français au premier plan. Photo de l’auteur. Oeuvre conservée au musée de Gravelotte: https://www.tourisme-lorraine.fr/a-voir-a-faire/visites/musees/838142781-musee-de-la-guerre-de-1870-et-de-lannexion-gravelotte

Allégorie bien connue de Meissonier, Le siège de Paris de 1884 (musée d’Orsay). Les différentes troupes participantes à ce siège s’y voient bien, encadrant la figure de Paris. Photo de l’auteur. http://www.musee-orsay.fr/

Détail. On voit bien les marins. Leur présence est rappelée dans une chanson interprétée à l’époque, Passant par Paris : https://www.youtube.com/watch?v=0uUvp6Vpx5E Informations et fichier disponibles sur le site de la Promotion Cazeilles de Saint-Cyr: http://tdm.vo.qc.ca/stcyr/

Détail du Panorama de la bataille de Woerth d’Otton von Faber du Faur (1881), conservé au Bayerisches Armeemuseum d’Ingolstadt https://www.armeemuseum.de/fr/ C’est l’un des affrontements les plus sanglants du début de la guerre, le long des frontières. Photo de l’auteur.
Pour en savoir plus:
Les vidéos que j’ai consacrées au sujet, bibliographie en description:
https://antredustratege.com/2013/06/20/playlist-la-guerre-de-1870-71/
Mes articles sur l’intervention de Garibaldi aux côtés de la France en 1870-71:
https://antredustratege.com/2016/02/04/garibaldi-au-secours-de-la-france-1870-1871-i-introduction/
https://antredustratege.com/2016/03/20/garibaldi-au-secours-de-la-france-1870-1871-iv-les-combats/
https://antredustratege.com/2016/04/04/garibaldi-au-secours-de-la-france-1870-1871-v-bilan/
Liens:
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1848, le combat de « Risquons-Tout »: IV) La poursuite et les conséquences
La poursuite des vaincus et leur arrestation
Nous avions terminé en parlant des colonnes de révolutionnaires en pleine fuite, après l’utilisation judicieuse de la pièce d’artillerie contre elles. Or, j’avais dit qu’une vraie débandade avait suivi ces tirs. De plus, c’est à cet instant précis que les renforts des réguliers arrivent: les fuyards sont poursuivis non seulement par des fantassins, mais aussi des cavaliers du 2e Chasseurs à cheval. En quelques dizaines de minutes, 80 personnes sont rattrapées et capturées, mais la proximité du territoire français ne permet pas d’aller plus loin.
Si des tirs sporadiques continuent encore toute la matinée, c’est bel et bien une « invasion » complètement ratée: un seul régulier belge est mort et quelques autres blessés, contre 29 tués et une cinquantaine de blessés chez leurs adversaires. L’expédition de Quiévrain, elle, on l’a vu, n’a même pas pu passer à l’acte.

La une du « Propagateur » du 1er avril 1848, parlant des évènements. A retrouver ici: http://www.historischekranten.be/issue/PRP/1848-04-01/edition/null/page/1
Les conséquences
Vont au-delà d’une simple escarmouche car on a vu que le gouvernement français a soutenu plus ou moins officiellement un mouvement qui, si les circonstances avaient été différentes, notamment la colonne arrêtée à la gare, aurait pu dégénérer affirme Georges-Henri Dumont (cf. bibliographie).
Malgré cela, la Belgique reste modérée et ne veut pas envenimer ses relations avec Paris… D’autant plus que la jeune République est en pleine période de troubles révolutionnaires, qui ne vont s’achever qu’avec les journées de juin (nous sommes en mars). Il reste que le département du Nord est agité pendant de longues semaines: on y crie « A bas les Belges! » et des violences contre eux y éclatent. Enfin, que les diplomates des deux pays vivent des moments difficiles durant ces quelques mois de tension.
Si la Belgique survit donc à cette Révolution de 1848, Napoléon III nourrit encore l’espoir de la ramener dans le giron français et d’obtenir la rive gauche du Rhin, comme le montre également sa tentative avortée d’acheter le Luxembourg au roi des Pays-Bas en 1867. Pourtant, contre vent et marrées, l’indépendance du royaume s’est maintenue jusqu’à nos jours, malgré les invasions des deux guerres mondiales.
Bibliographie utilisée (qui n’a pas pour but d’être exhaustive):
-DUMONT (Georges-Henri), Le miracle belge de 1848, Bruxelles, Le Cri, 2005, 226 p.
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Le combat naval de Cherbourg (1864): III) L’affrontement
Terminons ce dossier sur le combat naval de Cherbourg en 1864, qui apporte la guerre de Sécession jusque sur les côtes françaises.
Le combat:
Cette fois, L’Alabama semble bel et bien avoir été rattrapé: son adversaire a beau rester à la limite des eaux territoriales françaises, il n’entend pas s’en aller sans l’avoir combattu. Comme les deux navires sont de conception et force équivalentes, l’affrontement est, sur le papier incertain. Toutefois, ce que le confédéré ne sait pas, c’est que son adversaire dispose d’un blindage de fortune, mais d’un blindage tout de même, contrairement à lui. En effet, le capitaine du Kearsarge a protégé son navire avec des chaînes de métal liées entre elles, et masquées par des branches.
Néanmoins Semmes souhaite aussi en découdre, il entend prouver que la Confédération sur mer est capable de vaincre des navires de combat, pas uniquement de faire la guerre au commerce. Ainsi, le 19 juin 1864 au matin, il prend la mer et s’en va trouver son adversaire, non sans avoir harangué ses hommes.
Le duel commence vers midi, et le bruit des canons de 8 et de 11 pouces résonne bientôt dans la Manche. L’affaire est assez rapide au final: après une heure d’un feu vif des deux côtés, l’Alabama est déjà en mauvaise posture. Le blindage, quoique rudimentaire, de son adversaire a limité ses dégâts et donc très bien joué son rôle, alors que, lui, a été frappé au but trois fois par des obus de 11 pouces. Ses chaudières s’éteignent et, au milieu des morts et blessés qui l’environnent, le capitaine se résout à faire amener les couleurs et se rendre. C’en est fini de son aventure.
Manet, « Le combat du Kearsarge et de l’Alabama », 1865.
La postérité/conclusion:
Cette défaite est sans appel (le Kearsage ne déplore que trois pertes) pour la Confédération et l’Union parvient à se débarrasser d’un gêneur important (voir articles précédents). Bien que la guerre de Sécession se limite à deux principaux protagonistes, elle a des ramifications dans le monde entier et ce combat naval le prouve bien. Chose intéressante, 15.000 personnes y assistèrent depuis les plages de Cherbourg, certaines étant même venues depuis Paris par le train (qui se développe considérablement pendant le Second Empire) ! Les survivants furent récupérés par un navire britannique tout proche et les chaloupes restantes du Kearsarge.
L’évènement inspira plusieurs fois les artistes, outre les tableaux des articles précédents, je citerai tout d’abord Manet avec l’oeuvre que vous pouvez voir au-dessus. Plus proche de nous, c’est même l’argument d’un numéro de la célèbre série Les Tuniques bleues, Duel dans la Manche pour être plus précis. Bien sûr, c’est de la bande dessinée qui prend beaucoup de libertés avec la réalité, vous vous amuserez à comparer… et retrouver une partie du tableau de Manet !
Bibliographie utilisée (qui n’a pas pour but d’être exhaustive):
-KEEGAN (John), La guerre de Sécession, Paris, Perrin, coll. « Pour l’Histoire », 2011, 504 p.
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Indochine, des territoires et des hommes (1856-1956): exposition aux Invalides.
Quelques photos de l’exposition temporaire sur la présence française en Indochine qui s’est tenue aux Invalides. Comme toujours, les reflets et la faible luminosité rendent les clichés souvent médiocres. Les images sont cliquables.

Après des essais sous Louis XVI, la France retourne en Indochine, cette fois conquérante, sous Napoléon III. Voici donc un aigle de drapeau, celui du régiment des Tirailleurs Algériens, qui y combattirent.

Après le Second Empire, qui s’est battu essentiellement dans le sud… La France intervient ensuite dans le nord du pays, c’est l’expédition du Tonkin. Voilà une assiette commémorant la prise de Hanoï en 1882.

« Episode du siège de Tuyen-Gang » en 1885 par Charlemagne. Cette célèbre bataille est évoquée dans le plus connu des chants de la Légion, « Le boudin ».
http://www.youtube.com/watch?v=R7kycuqnZi4

Prise de Makung, dans les Pescadores par Adam. Une autre expédition de la France alors opposée à la Chine. L’amiral Courbet s’y illustre.

Affiche bien connue pour le recrutement dans les troupes coloniales, anciennes troupes de marine (jusqu’en 1900).

Légionnaire du premier Bataillon Etranger de Parachutistes durant la fameuse bataille de la RC4 en 1950. Il est équipé d’un matériel très hétéroclite. On notera ainsi le MAS 36 CR 39, fusil à crosse métallique repliable destiné aux troupes aéroportées.
Plus de photos ici:
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Les officiers français sortis des Écoles dans le premier XIXE siècle: III) Accession aux Écoles et bourses
Créées par la Révolution et l’Empire, Polytechnique et l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr forment donc des jeunes gens au métier d’officier : Artillerie et Génie pour la première (avec des Écoles d’application en sortie) et Infanterie et Cavalerie pour la seconde (même commentaire, notamment pour la cavalerie , à Saumur). Dès le début, et ceci fut voulu par Napoléon, l’argent est un critère sélectif, critère accru par la Restauration et conservé par la Monarchie de Juillet. Cela va jusqu’à écarter des gens intelligents mais sans moyens et fait des bourses un véritable enjeu.
La fin du règne de Louis-Philippe et surtout la Deuxième République démocratisent un temps le recrutement, voulant briser le monopole de l’hérédité, des vieilles familles. Effectivement, jusqu’à la Monarchie de Juillet, le roi pouvait nommer directement des élèves officiers. Depuis la loi du 20 septembre 1832, la chose est désormais impossible et il faut réussir le concours d’entrée pour être admis (1). Le prix des études était tel et les dégrèvements officieux si nombreux (le propre père du maréchal Forey, qui a notamment commandé en chef au Mexique sous Napoléon III, ne pouvait payer la pension de son fils) qu’il est abaissé en 1840. Tout ceci est de courte durée car les autorités militaires du Second Empire, très conservatrices pour la plupart, ne voient pas l’évolution d’un bon œil et espèrent toujours attirer les fils de famille et les gens biens-nés au service armé, notamment car ils se font généralement remplacer (voir les vidéos et article sur la guerre de 1870 à ce sujet). Craignant aussi la trop grande importance des officiers issus du rang « les comités d’arme réclament avec insistance l’augmentation du nombre des Saint-Cyriens, seul moyen de relever le niveau d’instruction du corps des officiers » (W. Serman). Pour ceci, il aurait fallu accorder d’importants crédits supplémentaires à l’école, ce qui ne fut pas fait, les députés de 1830 à 1870 étant peu enclins à augmenter les dépenses militaires (le résultat est connu). Ainsi, malgré les demandes de la hiérarchie, les Écoles furent plus souvent en situation d’incomplet qu’autre chose !
Depuis 1840, le prix de la pension s’élève à 1000 francs par an à Saint-Cyr plus 500-600 francs de trousseau, et certains parlent de relever ces coûts pour les raisons de sélection qu’on a évoquées. Ces sommes sont très importantes puisqu’un sous-lieutenant d’infanterie de marine touche 1350 francs par an en 1847 et 1750 en 1868. L’attribution et le nombre des bourses fait l’objet d’un vrai débat pendant la Monarchie de Juillet et le Second Empire : d’abord peu nombreuses, elles s’accroissent jusqu’à 1/6e de l’effectif de Saint-Cyr sous Louis-Philippe mais en contrepartie, les bénéficiaires devront être reçus dans les deux premiers tiers de la promotion, comme à Polytechnique. Après des années de débat houleux, où l’on évoque notamment la gratuité pour tous à Saint-Cyr, les bourses deviennent illimitées « et leur attribution dépendra d’un avis délibéré en conseil par la municipalité de la commune où résident les parents des postulants » (Serman). Cette décision fait craindre une trop grande démocratisation de l’accès aux Écoles. Le commandement a peur d’un déclassement du statut d’officier dû à l’arrivée d’enfants du peuple, effectivement plus nombreux, mais jamais majoritaires ; car, outre ces droits-là, il faut généralement passer par une école préparatoire pour pouvoir espérer être reçu au concours d’entrée de Saint-Cyr. Henri Ortholan affirme pourtant que 30 à 54% des élèves de Saint-Cyr sont boursiers sous le Second Empire, particulièrement après 1866 (in L’armée du Second Empire).
(1) Il faut un baccalauréat ès sciences pour se présenter, ce qui n’est pas donné à tout le monde à l’époque. Assez peu de gens vont jusqu’à ce niveau d’études.

Le maréchal Forey, un temps commandant en chef au Mexique (remplacé par Bazaine). Photo trouvée sur photo-arago.fr
Bibliographie:
-GIRARDET (Raoul), La Société militaire de 1815 à nos jours, Paris, Plon, 1953. Ancien, mais toujours excellent et recommandé par les enseignants. Il donne une très bonne vision du climat qu’il y avait dans
l’armée durant la période qui nous intéresse aujourd’hui.
-ORTHOLAN (Henri, colonel), L’armée du Second Empire (1852-1870), Saint-Cloud, Soteca-Napoléon III, 2010, 367 p. -) Docteur en histoire et ancien chef du musée de l’armée, son ouvrage est une intéressante synthèse .
Et enfin une thèse monumentale qu’on peut encore trouver dans les bibliothèques spécialisées:
-SERMAN (William), Le corps des officiers français sous la Deuxième République et le Second Empire: aristocratie et démocratie dans l’armée au milieu du XIXe siècle, thèse présentée devant l’université de Paris IV, Sous la dir. de Louis Girard, Lille, Service de reproduction des thèses, 1978, 3 volumes.
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Playlist « La guerre de 1870-71 ».
Retrouvez en une page toutes les chroniques que j’ai faites sur la guerre de 1870-71 (onglet « playlist » dans la vidéo):