La révolution belge de 1830: I) Le contexte
Largement méconnue par ses voisins français, l’histoire de la Belgique est également saturée de clichés auprès du grand public. Ce pays n’aurait pas d’histoire, serait une construction artificielle, serait voué à disparaître, mais également incompréhensible etc. N’y voyons pas de la malveillance, bien qu’une forme de condescendance puisse exister de la part de certains Français, mais plutôt un mélange de méconnaissance (que des programmes scolaires évoquant très peu ce pays n’aident pas à combler (1) ), et de facilité qu’il y a à se reposer sur des poncifs rassurants.
La gendarmerie sous le Consulat et l’Empire. VI) Vers un XIXe siècle contrasté
Un bilan contrasté
La période consulaire et impériale est finalement contrastée pour la gendarmerie. Elle sort clairement renforcée pour ce qui est de son organisation, de son assise juridique et de ses moyens. Ses missions ont été précisées, elle a permis au pouvoir de mieux administrer et contrôler le territoire. Le grand banditisme a reculé, les routes se sont faites plus sûres et cette arme a su prouver toute l’utilité de son caractère à la fois policier et militaire. Bon nombre de gendarmes ont un eu un rôle crucial bien qu’oublié dans l’encadrement des mobilisations et des armées en campagne, tout en payant l’impôt du sang sur le champ de bataille même. Enfin, les différentes gardes au statut un peu qui ont assuré la sécurité de la capitale durant la période sont les ancêtres plus ou moins directes de l’actuelle garde républicaine. Napoléon a aussi eu soin de veiller à la sécurité d’un Paris toujours mouvant, comme les révolutions du XIXe siècle vont amplement le montrer par la suite.
La gendarmerie sous le Consulat et l’Empire : V) un rôle politique ?
Le contexte
Dernier aspect à aborder, et pas des plus faciles: la gendarmerie de l’époque consulaire et impériale joue-t-elle le rôle d’une police politique ? Cette question posée par l’historien Éric Alary ne manque pas d’intérêt. Encore qu’il faille dès à présent en préciser les termes: il est impossible de voir dans le XIXe siècle des polices politiques telles que celles que déployèrent les régimes totalitaires du siècle suivant. Les moyens ne sont pas les mêmes, ni les buts, ni l’idéologie… À supposer qu’il y ait même une « idéologie » sous le Premier Empire, Napoléon n’ayant pas écrit de traité de bonapartisme. Une propagande cohérente, certaines idées bien arrêtées, une volonté de synthèse entre Révolution et ancien régime, oui. Tout un système de pensée théorisé, avec un appareil doctrinal, un parti unique et un bras séculier constitué d’exécuteurs de basses œuvres, non. Il n’en reste pas moins que les gendarmes remplissent un rôle politique à plusieurs reprises.
La gendarmerie sous le Consulat et l’Empire : IV) Dans l’Europe napoléonienne
La gendarmerie ne sert pas, à l’époque, que dans les limites du territoire français d’aujourd’hui. La France des 130 départements est en effet plus grande que de nos jours. De plus, les gendarmes ont des missions moins connues comme leur fonction de prévôté. C’est-à-dire qu’ils assurent un rôle de police militaire, tout en encadrant la conscription dans les territoires relevant alors de l’autorité française. Enfin, ils combattent largement sur le champ de bataille et y paient l’impôt du sang. L’image de « planqués » passant leur temps à traquer les réfractaires à « l’ogre corse » ne résiste donc pas à l’analyse historique, comme tant d’autres clichés partisans.
La gendarmerie sous le Consulat et l’Empire : III) Les missions en France
La lutte contre le brigandage
L’une des missions de la gendarmerie sous le Consulat et l’Empire, dans le sillage des réformes de la toute fin du Directoire, est de ramener l’ordre dans les campagnes (même s’il y a des gendarmes urbains). Par leurs patrouilles et leur implantation sur tout le territoire via leurs brigades, les gendarmes, dont on a dit le meilleur état moral et matériel, constituent une présence visible de l’État dans biens des lieux. Ils enquêtent sur les brigands et les vagabonds à l’aide des garde-champêtres et autres personnes d’importance de la vie rurale (cantonniers, éclusiers, cabaretiers et aubergistes).
La gendarmerie sous le Consulat et l’Empire : II) S’imposer parmi les forces de l’ordre
Radet et Moncey, les organisateurs
Deux organisateurs de talent vont imprimer leur marque sur la gendarmerie et contribuer à faire d’elle une force cohérente et respectée. Il s’agit des officiers Radet et Moncey. Le premier, alors général, est nommé à la tête de l’arme en mars 1800. Jusque-là, elle n’avait pas eu de chef. Dès sa prise de poste il arpente le terrain, améliore la communication entre lui et les brigades, pour connaître plus facilement leur état moral et matériel. Celles-ci sont portées de 2000 à 2500 et passent de cinq à six hommes.
La gendarmerie sous le Consulat et l’Empire : I) Introduction
Une histoire séculaire et méconnue
La gendarmerie française est une force armée singulière, étonnante même, de par son histoire et son statut. La première est mal connue, et bien des Français ne savent pas clairement les différences qui existent entre elle et la police… Dont elle partage certains aspects. Justement police des routes (entre autres très nombreuses tâches), car héritière de la maréchaussée d’Ancien Régime dont c’était le rôle, elle a aussi un statut militaire et tire son nom d’une unité de cavalerie lourde de la maison du roi. Devenue nationale en 1791, elle a aussi combattu sur le champ de bataille, assuré le rôle de police aux armées (prévôté), encadré les mobilisations et les campagnes françaises… Mais a également été présente en milieu colonial et dans le maintien de l’ordre en métropole, et existe encore de nos jours.
Le volet militaire du musée Lambinet (Versailles)
Bien moins connu que le château de Versailles, le musée Lambinet ne manque pas d’intérêt. Géré par la municipalité, c’est un ancien hôtel particulier qui permet de retracer l’histoire de cette commune tant liée aux faits nationaux. Or, la région est aussi liée à l’expérimentation en matière d’armement, ainsi qu’à la fabrication, pendant quelques décennies, en série de fusils, sabres et autres pistolets comme je le rappelais dans un compte-rendu d’une précédente exposition (voir plus bas). Voyons donc les collections qui peuvent nous intéresser ici.
De manière générale, je vous conseille la visite de ce musée. Il est bien fait et plus facile d’accès qu’un palais toujours plus rempli et où il est difficile d’apprécier son parcours. A coupler, pourquoi pas, avec un tour de la ville et un saut au douzième salon du livre d’histoire qui s’y tiendra à la fin du mois de novembre:
Le site du musée:
https://www.versailles.fr/culture/etablissements/musee-lambinet/

« L’enterrement du lieutenant Godard à l’église notre-dame de Versailles ». École française, vers 1871. Une scène intéressante dont voici un premier extrait: un militaire allemand salue le cercueil, recouvert du drapeau français, qui passe. Photo de l’auteur (juillet 2019).

La suite, avec un hommage de la part des troupes adverses. Photo de l’auteur (juillet 2019).

1890, Baudran présente la grille de la rue de l’Orangerie. Croiser des militaires à Versailles est alors courant, c’est une ville de garnison et les bâtiments faisant face au château (où il y a la galerie des carrosses désormais) sont des casernes. Photo de l’auteur (juillet 2019).

Robert Lefrèvre, « Portrait du général Wathiez », 1819. C’est un enfant de la ville, qui a été décoré et a pris part à bon nombre de campagnes napoléoniennes.

Cette paire de pistolets à silex a été faite par Arault, au service du comte d’Artois, futur Charles X, à la fin du XVIIIe siècle. Pendant la période révolutionnaire, une manufacture d’armes est installée dans la ville. Photo de l’auteur (juillet 2019).

Ces armes blanches ont toutes été faites à la manufacture d’armes de Versailles, en service sous la Révolution, l’Empire et au début de la Restauration. Photo de l’auteur (juillet 2019).

Détail d’un modèle de manufacture de sabre de chasseur à cheval de la garde impériale. Plusieurs métiers interviennent dans la création de ces armes. Photo de l’auteur (juillet 2019). Voir plus bas la visite de la manufactures d’armes blanches de Klingenthal à ce sujet.

Casque d’officier de cuirassier, Restauration. Photo de l’auteur (juillet 2019).

Détail d’une crosse de « fusil d’honneur » fait à Versailles. Ces armes d’honneur furent créées par Napoléon pour récompenser les soldats méritants. Photo de l’auteur (juillet 2019).

Détail d’une « carabine de Versailles », essai d’arme rayée. Faite sous l’Empire. Photo de l’auteur (juillet 2019).

Le roi reprend un temps l’idée des armes d’honneur, avec là un « fusil de récompense » en 1817. Photo de l’auteur (juillet 2019).

La vitrine complète. Photo de l’auteur (juillet 2019).

Pistoler d’arçon de mamelouk (5), célèbres cavaliers de l’Empire. Photo de l’auteur (juillet 2019).

Van der Meulen, « vue du château de Versailles sous Louis XIV » (1668°. Le château est alors en pleine construction, et les soldats y participent. Notamment sous la direction de Vauban, pour assainir la place, très marécageuse. Photo de l’auteur (juillet 2019).

Les fameux mousquetaires du roi. Photo de l’auteur (juillet 2019).
Liens:
L’exposition sur les armes savantes:
https://antredustratege.com/2018/09/23/exposition-les-armes-savantes-a-versailles/
Une autre manufactures d’armes (Klingenthal, Alsace):
https://antredustratege.com/2018/01/13/la-manufacture-darmes-blanches-de-klingenthal/
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Cervières: musée de la cannetille (broderie au fil d’or)
Voici aujourd’hui une visite du musée de Cervières consacré à l’histoire de la broderie au fil d’or, et des informations sur cette technique depuis longtemps utilisée dans l’uniforme civil et militaire. Photos de l’auteur (28 juillet 2019).
L’âge d’or de la broderie au fil d’or
Arrivée de Chine, la broderie se déploie en Occident dans tous les domaines via les routes de la soie. Militairement parlant, c’est Napoléon qui développe son usage dans le milieu militaire: beaucoup d’insignes vont être brodés, et certains au fil d’or, selon plusieurs techniques. La cannetille est donc un « fil d’or ou d’argent, tourné en spirale, utilisé pour des broderies en relief, notamment celles des uniformes militaires ou civils » comme le rappelle le Dictionnaire de l’Académie française (1).
Le métier arrive en Auvergne par Paris à la fin du XIXe siècle, dans le canton de Noirétable grâce aux familles Gantès et Westler, qui forment sur le tas des ouvrières brodeuses. Avec les décennies, les commandes affluent et connaissent de très importants volumes jusque dans les années 1950. Au plus haut de la production, plus de 500 femmes travaillent à domicile, sous la supervision d’entrepreneurs, pour satisfaire soit de très grandes commandes de l’armée, en séries de milliers, voire de dizaines de milliers, de pièces: insignes de casquettes, pattes de col, grenades de gendarmes et de légionnaires… Soit pour réaliser des parties d’objets plus rares: képis de maréchaux de France, casquettes d’amiral, broderies de tenues de Saint-Cyriens ou demandes d’officiers et souverains étrangers. A côté, elles réalisent des insignes pour les compagnies de chemin de fer, aériennes et autres, en plein essor entre 1930 et 1960.
A partir des années 1960, leur activité décline lentement: les effectifs des armées se réduisent, les modèles plus récents d’uniformes nécessitent moins de broderies, la production est décentralisée vers des sites de production à la machine, ou même dans des pays comme le Pakistan où le travail se fait toujours à la main, mais pour un coût moindre. Enfin, de nombreux insignes sont désormais réalisés en tissu, en métal, voire en plastique.

Insignes de casquettes de la Marine Nationale.

Détail d’une broderie sur une tenue de Saint-Cyrien.

Casquette de préfet.

Casquette de vice-amiral.

Képi de maréchal de France.

Écusson du roi du Maroc.

Flamme de trompette de la garde Républicaine.

Divers insignes posés sur un métier à broder.

Détail d’un tablier de tambour de la garde Républicaine.

Écusson de vice-amiral d’escadre (quatre étoiles).

Reproductions d’insignes de la marine napoléonienne.

Képi de général suisse, tel que porté par le fameux Guisan par exemple.
La cannetille en Auvergne aujourd’hui
Aujourd’hui, il n’existe de plus de « grenadières » (c’était leur titre) en activité en Auvergne. Elles se transmettaient leur savoir appris « sur le tas » jusqu’au début des années 2000. Heureusement, l’activité n’a pas tout à fait disparu. Des brodeuses ont été formées dans des écoles diplômantes et ont pris la relève dans plusieurs sites en France. L’une d’entre elles exerce son activité en Auvergne et son travail peut être admiré en direct dans le musée. Les activités culturelles, un mince filet de commandes de la part de préfets (pour les tricornes de préfète par exemple), d’officiers, des réalisations plus contemporaines et des demandes de reproduction d’insignes anciens venues du monde de la reconstitution historique ont permis de sauver ce travail pluri-centenaire et ce patrimoine français. Toutefois, cette relative renaissance reste fragile et dépend de l’intérêt porté par les pouvoirs publics et les visiteurs.
On peut contacter le musée et faire des demandes de broderie sur le site internet suivant:
Bibliographie consultée (sans but d’exhaustivité):
-Informations rassemblées lors de la visite du musée (28 juillet 2019).
Liens:
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« Napoléon : images de la légende », exposition à Arras
En attendant de terminer avec William Wallace, je vous propose quelques clichés d’une magnifique exposition consacrée à Napoléon au musée des Beaux-Arts d’Arras. Lié à Versailles depuis 2011, il accueille des œuvres d’habitude parquées dans les réserves du château et peu visibles. Photos de l’auteur.
https://napoleon.versaillesarras.com

Bronze argenté de Louis Rochet de 1857, il représente le jeune Bonaparte élève à Brienne. Beaucoup d’œuvres de ce style furent commandées par Napoléon III pour accentuer le lien entre les deux Empires. Photo de l’auteur.

Toile de 1793 de Bertaux présentant la chute des Tuileries le 10 août 1792, qui met fin à la monarchie. Bonaparte y assista, sans y prendre de réelle part. On voit bien les gardes suisses, tués en accomplissant leur devoir. Photo de l’auteur.

Charles Bonaparte, tel que peint par Girodet en 1805. Le père de Napoléon, mort en 1785, ne put constater l’ascension fulgurante de son fils. Photo de l’auteur.

Lejeune, dont il sera souvent question, est l’un des peintres de bataille (il fut aussi militaire) les plus célèbres de la période. Il représente là la bataille de Lodi en 1796, vrai premier grand succès de Bonaparte, après le siège de Toulon. On voit là le détail du commandement. Photo de l’auteur.

Toujours Lejeune, avec une toile de 1806 représentant la campagne d’Egypte. Pour en savoir plus: https://antredustratege.com/2015/01/19/origines-de-lexpedition-degypte/ https://antredustratege.com/2017/10/29/le-retour-degypte-du-general-bonaparte-i-la-situation-en-1799/ https://antredustratege.com/2017/11/12/le-retour-degypte-du-general-bonaparte-ii-deroule-des-faits/ https://antredustratege.com/2017/12/10/larmee-degypte-apres-le-depart-de-bonaparte-1799-1801/ Photo de l’auteur.

Détail, avec l’artillerie française. Photo de l’auteur.

On retrouve Lejeune et Marengo dans une toile de 1801. La bataille, très mal engagée, est finalement un succès français. Détail avec le commandement français et Napoléon. Photo de l’auteur.

Important tableau de Thévenin sur la prise de Ratisbonne en 1809 durant la campagne d’Allemagne qui finit par Wagram. Photo de l’auteur.

Détail, avec l’attaque des murs. Photo de l’auteur.

Gigantesque tableau de Thévenin montrant la reddition d’Ulm. L’importante garnison autrichienne, complètement encerclée par une manœuvre de génie se rend en octobre 1805. Là on voit le détail bien connu du commandement autrichien se rendant à Napoléon. Photo de l’auteur.

Détail, l’armée française observe la ville. Photo de l’auteur.

Détail, la reddition de l’armée autrichienne. Photo de l’auteur.

Les Autrichiens rendent les armes. Photo de l’auteur.

Lejeune nous présente les terribles combats d’Espagne dans un tableau bien connu sur Saragosse, réalisé en 1827. Photo de l’auteur.

Ils se concentrent ici dans le cloître d’un couvent. Photo de l’auteur.

Monfort réalise ici une copie d’un très très célèbre tableau de Vernet représentant les adieux de Napoléon à Fontainebleau. « Adieu, mes enfants ! je voudrais vous presser tous sur mon coeur ; que j’embrasse au moins votre drapeau ! » https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/les-adieux-de-fontainebleau-a-la-vieille-garde-20-avril-1814/ Photo de l’auteur.

Andrieux représente ici, dans un tableau un peu moins connu, la charge des cuirassiers français à Waterloo. Le champ de bataille: https://antredustratege.com/2016/07/14/decouverte-du-champ-de-bataille-de-waterloo/

Et pour conclure, un bronze de Seurre de 1834 ! Photo de l’auteur.
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