William Walker, un flibustier des Etats du Sud: I) Introduction
Pour comprendre la guerre de Sécession et son déclenchement, il faut remonter des dizaines d’années en arrière. Là il devient possible de saisir quels mécanismes se mirent en place, qui conduisirent à la sécession d’une partie des Etats du sud en 1860-61, puis à la terrible guerre civile qui s’ensuivit. Bien sûr, si les événements semblent s’accélérer à partir de la fin des années 1850, beaucoup de réalités existaient déjà et les étudier permet de mieux appréhender ce qui se passa par la suite. C’est ce qu’on va faire à travers le personnage peu connu (de ce côté-ci de l’Atlantique) de William Walker, aventurier, flibustier et apprenti chef d’Etat. Il illustre bien une partie des problèmes et des envies d’une certaine frange de la société sudiste de l’époque.
Un expansionnisme sudiste ?
La chose peut paraître étrange, mais existe pourtant bel et bien dans les décennies qui suivent l’indépendance des Etats-Unis. Le jeune pays en construction se cherche encore une identité culturelle et géographique. « Cantonné » à l’est des Appalaches, sur le territoire des anciennes Treize colonies britanniques, il va devenir, en quelques décennies, l’Etat gigantesque que l’on connaît, avec un mélange de traités pacifiques, d’achats de terres et de conquêtes de celles-ci, sur les tribus amérindiennes et les Etats voisins.
Or, le sud est particulièrement intéressé par l’expansion du territoire américain. Outre le courant général qui suit la fameuse déclaration du président Monroe en 1823 (les Européens n’ont plus à se mêler des affaires du continent américain) et la doctrine dite de la « destinée manifeste » (le destin des Etats-Unis est d’atteindre les côtes du Pacifique), ces Etats esclavagistes y voient le moyen de faire survivre ce que les textes nomment pudiquement « l’Institution Particulière » (Peculiar Institution). En effet, inclure de nouveaux Etats qui pratiqueraient l’esclavage permettrait de maintenir l’équilibre avec ceux du Nord, plus peuplés et libres, notamment car chaque Etat américain dispose de deux sénateurs, quelque soit son nombre d’habitants. Voilà pourquoi la partie méridionale du pays s’intéresse beaucoup à l’annexion du Texas et à la guerre avec le Mexique (où combattent bon nombre de futurs officiers confédérés et fédéraux) qui voit le pays s’agrandir après le traité de Guadalupe Hidalgo (1848).

La bataille de Veracruz durant la guerre au Mexique, Peinte par Carl Nebel en 1851. Hébergé sur https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e6/Battle_of_Veracruz.jpg
La survivance de flibustiers et de rêves de conquêtes
Pourtant, ces espoirs sont souvent déçus car la bataille juridique et médiatique est féroce à propos du statut des nouveaux Etats: esclavagistes ou non ? Voilà pourquoi certaines personnalités sudistes se plaisent à envisager une conquête de territoires outre-mer, ou ailleurs sur le continent américain. L’un des plus influents est Pierre Soulé, sénateur de la Louisiane d’origine française. Partisan notoire de l’esclavage, il s’intéresse à l’île de Cuba et envisage son annexion pour en faire un territoire américain où il serait pratiqué. D’ailleurs, dans ces années 1840, c’est une colonie espagnole qui ne l’a pas encore interdit. Lui et les planteurs influents (dont il ne faut pas exagérer le nombre) qui dominent la vie politique du Sud prévoient divers projets de conquête, alors même que les Cubains se révoltent et essaient de se libérer de la tutelle espagnole. Ainsi en 1849 ils approchent le gouvernement américain et le secrétaire d’Etat à la guerre de l’époque, Jefferson Davis, futur président de la Confédération propose le nom d’un certain Robert E. Lee pour aller commander sur place ! Il refuse… Cela témoigne bien d’un certain climat, toutefois.
Enfin, d’autres préféreraient annexer des terres en Amérique centrale, région instable et à l’histoire politique mouvementée. Là, et dans les Caraïbes, le golfe du Mexique, sévissent encore bon nombre de flibustiers et pirates en tout genre, comme le célèbre Jean Lafitte au début du XIXe siècle. Une à deux générations plus tard, dans les années 1820-1840, ils sont encore nombreux à infester ces eaux. Malgré le traité de Paris consécutif à la guerre de Crimée (1856), qui jette les bases d’une interdiction de la guerre de course, et, partant renforce la notion d’un droit maritime international, il va falloir longtemps avant de s’en débarrasser. Ainsi, parmi eux, un certain William Walker dont nous allons voir les « aventures », qui sont dignes d’un roman de Stevenson, mais où le personnage principal est plus proche d’un Long John Silver que d’un Jim Hawkins.

Photo de Lee en 1851. Hébergée sur https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/57/Robert_E_Lee_1851.jpg
Bibliographie sélective:
Pour en savoir plus sur Pierre Soulé et les Français, personnes d’origine française, en général dans ce conflit :
-AMEUR (Farid), Les Français dans la guerre de Sécession. 1861-1865, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Les Amériques », 2016, 354 p.
Magnifique synthèse (existe en Français) sur le sujet:
-MC PHERSON (James M,), Battle cry of freedom. The American civil war, Londres, Penguin Books, 1990, 904 p.
En français, une bonne biographie de Lee :
-BERNARD (Vincent), Robert E. Lee, Paris, Perrin, 2014, 456 p.
Le site de l’auteur:
https://cliophage.wordpress.com/
Liens:
La page Facebook du site : ici . Déjà 338 abonnés!
Mes vidéos d’histoire sur youtube: La chaîne . Déjà 1275 abonnés!
Mes articles pour la Gazette du wargamer : Là.
La page Tipeee : https://www.tipeee.com/antre-du-stratege
La piraterie dans la Grèce antique: III) Le rôle économique
En apparence assez peu liée au monde de la piraterie, l’économie s’imbrique pourtant fortement avec celui-ci. En effet, outre l’acquisition de biens de manière illégale, qui vient logiquement à l’esprit, on peut rajouter d’autres aspects comme le commerce. Voyons à présent cela.
Pirates et commerçants
Longtemps, les deux activités ne furent pas très distinguables, un même personnage et son équipage pouvant pratiquer les deux, ce qui changea progressivement. Néanmoins, une fois la distinction bien faite entre marchand et « pillard », ces domaines restèrent liés. Tout d’abord, on s’en doute, car les pirates cherchaient à revendre leur butin.
Mais aussi, et surtout, car les détrousseurs du monde grec antique jouèrent le rôle de vendeurs d’esclaves. Or, ceux-ci sont nombreux à l’époque, généralement des prisonniers (et des descendants d’esclaves) et appartiennent à tous les peuples du bassin méditerranéen, Grecs compris. Je citerai le cas assez connu de Platon, vendu comme tel durant la guerre du Péloponnèse, et racheté par un de ses amis. Ils sont utilisés à des tâches domestiques, agricoles ou minières, la pensée grecque trouvant ses travaux dévalorisants et même indignes de l’homme.
Ce commerce très rentable, dans un monde souvent en guerre (ce qui facilite la réduction en esclavage des populations), fit donc la fortune des pirates, qui écoulaient leur marchandise dans de nombreux ports, qui leur permettaient également de réparer leurs navires, comme sur l’actuelle côte syrienne. Signe que cette économie était vitale pour une certaine partie des cités et autres états de l’époque.

Monnaie d’Egine, où Platon fut vendu comme esclave.
L’irruption des Romains
Puissance montante dans cette partie de la Méditerranée dès le IIIe siècle avant notre ère, Rome se trouve impliquée dans les mouvements décrits plus haut. En effet, elle est une grande utilisatrice d’esclaves, et, vu la superficie qu’elle possède peu à peu (au final, l’un des plus grands empires de l’histoire) constitue un acheteur de premier plan. De plus, ce mouvement s’amplifie après ses victoires contre Carthage (définitive en 146 avant JC) et son irruption en Grèce même.
Or, sa demande importante multiplie les captures… Et donc les pirates ! Ceux-ci se font les pourvoyeurs de Rome et croissent en nombre important du fait de ce commerce, notamment les Ciliciens (actuelle Turquie). Hélas pour eux, cette manne financière ne dure que peu car leur explosion numérique perturbe de plus en plus les routes maritimes et déstabilise des régions entières . Peu à peu, la grande cité du Latium change donc d’opinion puis de comportement face à eux, jusqu’à la Lex Gabinia de 67 qui leur est fatale. Elle confie à Pompée les pleins pouvoirs pour les combattre, ce qu’il fait avec brio, éliminant cette menace d’ampleur.
Bibliographie:
-GARLAN (Yvon), Guerre et économie en Grèce ancienne, La Découverte, Paris, 1999, 225 p.
La page FB du site (pour être tenu automatiquement au courant des publications): ici . Déjà 211 abonnés!
Mes vidéos d’histoire sur youtube: La chaîne . Déjà 747 abonnés! Mon interview à ce propos:
http://www.wargamer.fr/paroles-de-youtubeurs-jean-baptiste-murez-histoire-militaire/
Mes articles pour la Gazette du wargamer : Là.