Visite de l’exposition « Napoléon stratège » aux Invalides
En attendant l’ouverture d’un nouveau dossier sur le fameux William Wallace, je vous propose quelques photos de la superbe exposition Napoléon stratège qui se tient jusqu’au 22 juillet au Musée de l’Armée. Assez transversale, elle a le grand mérite de rassembler des tableaux et objets rarement visibles sinon, et certains concernent directement la jeunesse de Napoléon.
Le site:
http://www.musee-armee.fr/programmation/expositions/detail/napoleon-stratege.html

Lefèvre représente ici Napoléon dans sa tenue de colonel des chasseurs à cheval de la garde impériale. Il mettait souvent cet uniforme assez pratique et qui est ainsi passé à la postérité. Le tableau est conservé au musée Carnavalet. Photo de l’auteur.

Bonaparte est dans sa tenue rouge de Premier Consul, tel que Gros l’a peint en 1802. Les références à la Rome antique pullulent. Le tableau est conservé au musée de la Légion d’Honneur qu’il créa (1802). Photo de l’auteur.

Très rare. Un livre que Napoléon possédait en 1788. Alors qu’il était jeune officier, il lisait énormément et dépensait une bonne partie de sa solde en ouvrages. Il appréciait notamment les auteurs antiques et écrivit lui-même à l’époque. Photo de l’auteur.

Tableau très connu de Gros: « Bonaparte au pont d’Arcole » (musée d’Arenenberg). Il magnifie son action durant la bataille (campagne d’Italie de 1796). Il s’est en effet élancé à la tête d’un bataillon, mais sans que cela soit décisif. Photo de l’auteur.

Vincent nous montre ici la bataille des Pyramides en 1798 (peinture conservée au Louvre et réalisée en 1800-01). Affrontement victorieux où les Mamelouks vinrent s’écraser sur les carrés français. Pour en savoir plus: https://antredustratege.com/2015/01/19/origines-de-lexpedition-degypte/ https://antredustratege.com/2017/10/29/le-retour-degypte-du-general-bonaparte-i-la-situation-en-1799/ Photo de l’auteur.

Crépin, détail du « Redoutable à Trafalgar ». Le peintre se concentre sur la défense remarquable de ce navire, au sein d’une des pires défaites navales franco-espagnoles (tableau de 1806, musée de la Marine). Photo de l’auteur.

Le grand peintre Lejeune représente ici le combat de Chiclana en Espagne (1811). La guerre d’Espagne est dure, longue, difficile et finalement perdue. L’auteur a été soldat là-bas et sait de quoi il parle, même s’il se trompe sur les uniformes français représentés ! Le tableau date de 1824 et est conservé à Versailles où une exposition lui avait été consacrée: http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/ressources/guerres-napoleon Photo de l’auteur.

Détail, photo de l’auteur.

» Escarmouche de Guisando, au passage du col d’Avis dans les montagnes de la Guadarama en Castille, le 11 avril 1811″ Toujours de Lejeune (1817, conservé à Versailles). On voit bien l’armée française prise en embuscade (détail). Photo de l’auteur.

Très célébre tableau de Swebach sur la campagne de Russie, et surtout la retraite. Un cuirassier reste seul auprès de sa monture morte. Le tableau conservé à Besançon date de 1838. Photo de l’auteur.

Strassberger montre ici une vision allemande de la bataille de Leipzig, terrible défaite française de 1813. L’oeuvre remonte à 1840 est est conservée au musée d’Etat de Leipzig justement. Les Russes sont en vert et les Prussiens en bleu… De Prusse ! Photo de l’auteur.

Un de mes tableaux préférés, de Paul Delaroche. Il représente l’Empereur à Fontainebleau en 1814, au moment de sa première abdication. L’oeuvre de 1831 et antidatée à 1840 (retour des cendres) est conservée aux Invalides. Photo de l’auteur. Autre tableau que j’apprécie beaucoup de cet artiste: http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=22731

Aigle blessée (féminin dans ce cas), traversée par des éclats. Cela illustre bien la violence des combats. Photo de l’auteur.

La fameuse cuirasse du carabinier (cavalerie lourde) Fauveau. Le jeune homme s’est engagé en 1815 et est mort quelques semaines après, traversé de part en part par un boulet. Puisse cet objet témoigner à jamais de la souffrance passée ! Photo de l’auteur, objet conservé au Musée de l’Armée.
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L’armée d’Egypte après le départ de Bonaparte (1799-1801)
Si j’ai décrit les conditions du retour de Bonaparte en France lors de précédents articles, je souhaite à présent terminer par le devenir de l’armée d’Egypte, une fois son chef parti, dans les circonstances que l’on a vues. En effet, la présence française se maintint encore de longs mois après, même si la situation des troupes se fit de plus en plus précaire.
Une situation précaire
Le général Bonaparte rentré en France pour effectuer son coup d’Etat, son armée demeurait en Egypte, faute d’avoir pu l’embarquer à cause de la croisière anglaise qui verrouillait les côtes de la terre des pharaons. Le commandement est alors confié à Kléber, officier très capable mais qui reçoit là une mission des plus difficiles. Si les Français se sont assurés d’une bonne partie du territoire égyptien et ont vaincu les Ottomans à la bataille terrestre d’Aboukir décrite auparavant, ils restent peu nombreux et privés de communications régulières avec la France.
Ainsi, dès le 24 janvier 1800, Kléber signe une convention avec l’amiral Sydney Smith: celle-ci prévoit le retour au pays de l’armée d’Egypte, avec son équipement et ses armes. Toutefois, le document n’est pas ratifié par le gouvernement britannique et les combats recommencent une fois la décision connue (les communications de l’époque étant bien différentes des nôtres). Disposant d’environ 13.000 hommes, face à des forces autrement plus nombreuses, et une population de plus en plus hostile aux Français, Kléber parvient tout de même à se maintenir. Ainsi, le 20 mars de cette même année il repousse une force ottomane très supérieure à Héliopolis. La rébellion du Caire est aussi matée.

Le combat d’Héliopolis, par Léon Cogniet en 1837. Beaucoup de toiles de batailles napoléoniennes sont produites sous la monarchie de Juillet qui tente, non sans succès, de mettre à son profit les succès de cette période. Image hébergée sur wikipédia.
Le retour en France
Ce succès n’est pourtant pas suffisant. D’ailleurs, il est assassiné le 14 juin, le jour même où le Premier Consul remporte une victoire importante à Marengo, en Italie. A partir de ce moment, la situation se dégrade rapidement. Menou, qui lui succède, a de plus en plus de mal à renverser le cours des choses, tant la disproportion de moyens est grande, bien qu’il ne soit pas vaincu tout de suite. L’année 1800 se termine en demi-teinte, et lorsque 1801 s’ouvre, Bonaparte décide de venir en aide à ses hommes, qu’il n’a pas oubliés comme on le lit parfois.
Alors que le sort des armes en Europe est favorable à la France, après Marengo et Hohenlinden, et que la paix de Lunéville va être signée avec l’Autriche, le Premier Consul envoie des forces importantes pour venir en aide à ses troupes. Si l’escadre de l’amiral Ganteaume, pourtant partie avec sept vaisseaux et 5000 hommes, doit s’arrêter à Toulon en février, plusieurs frégates parviennent à Alexandrie avec des vivres et de l’équipement. Le 25 avril, la première force citée finit par s’extraire de Toulon et atteint les côtes égyptiennes avec 4 vaisseaux début juin. Elle ne peut pourtant s’y maintenir, devant fuir à l’approche d’une force de la Royal Navy largement supérieure.
Au final, après la perte du Caire le 25 juin 1801 et ces demi-succès navals, l’armée d’Egypte doit se rendre à l’évidence: il faut capituler. C’est ce que fait Menou à Alexandrie le 2 septembre. Lui-même et ses hommes sont ramenés en France par leurs ennemis. Quelques mois plus tard, la paix d’Amiens, précaire, était signée avec Londres. On le sait, l’expédition qui se termine mal fut bien plus réussie sur le plan scientifique et culturel.
Bibliographie indicative (sans but d’exhaustivité):
-DUPONT (Maurice, contre-amiral), « Egypte (campagne navale d’) », Dictionnaire Napoléon, Paris, Fayard, coll. « Le grand livre du mois », t.1, p. 703-705.
-GARNIER (Jacques), « Egypte (expédition et campagne d’) », Dictionnaire Napoléon, Paris, Fayard, coll. « Le grand livre du mois », t.1, p. 702-703.
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Les premiers « demi-solde » et les officiers hostiles à Napoléon: II) 1802-1803, entre complots et mécontentement
Suivant ce que l’on a dit la fois précédente, on constate que le caractère hostile à Napoléon d’une partie de l’armée ne disparaît pas après les premières « purges » que l’on a évoquées.
Un discours non dissimulé…
En fait, au cours de ces années, certains n’hésitent pas à afficher leur mécontentement jusque sur la place publique, et notamment les débits de boisson. Ainsi, des officiers de l’armée du Rhin se plaignent de leur sort. Leur cas est intéressant: ils reprochent à Napoléon d’avoir favorisé l’armée d’Italie qu’il commandait, et notablement dans la campagne de 1800… Là où la leur s’est pourtant elle aussi couverte de gloire à Hohenlinden (décembre 1800), bataille dont le retentissement vaut au moins celui de Marengo (juin 1800).
Ils accusent le Premier Consul de les tenir à l’écart de la gloire militaire du pays au prétexte qu’il a eu des différents avec leur chef, le général Moreau, rival dont on a parlé précédemment.

Bataille de Hohenliden, par Schopin.
Qui débouche sur des affaires précises :
Ces protestations publiques ont un certain écho, en témoignent nombre « d’affaires » décelées puis démantelées par la police, qui déniche efficacement les opposants… A l’exemple des officiers réformés (cf chapitre précédent), qui se réunissent au jardin du Luxembourg. D’autres, dans ces cercles privés, à Paris et en banlieue, ont des discours assez violents et vont jusqu’à parler d’abattre Napoléon. Pourtant, aucun de ces groupes de militaires n’est bien organisé ni ne menace sérieusement le régime et l’homme qui l’incarne.
D’ailleurs, le pouvoir se contente d’envoyer les personnes incriminées en résidence surveillée ou se battre à Saint-Domingue (aujourd’hui Haiti), colonie en pleine révolte. Un seul a vraiment d’écho: le futur maréchal et roi de Suède, Bernadotte, resté républicain. Nous verrons la prochaine fois qu’il symbolise toute une frange de l’armée demeurée jacobine.
Bibliographie:
-PETITEAU (Nathalie), Les Français et l’Empire (1799-1815), Paris, Editions Universitaires d’Avignon, 2008, 278 p.
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Mon article dans le 2e guerre mondiale d’avril-mai sur l’armée belge -en kiosque le 8: page 56-68.
Les premiers « demi-solde » et les officiers hostiles à Napoléon: I) 1799-1801
Introduction:
Bien connue des amateurs d’histoire napoléonienne, l’expression « demi-solde » fait référence à ces officiers renvoyés dans leurs foyers en 1814-1815 pour cause de bonapartisme, ou du moins d’hostilité face au retour des Bourbons. Leur nom venant du fait que, n’étant plus employés de manière active, leur solde (le salaire des militaires) s’était vue réduire de moitié. Menant une vie souvent misérable, la carrière brisée parfois en pleine jeunesse, ils symbolisèrent le mécontentement d’une partie de la population de l’époque.
Or, si leur cas est plutôt bien connu, on revient bien plus rarement sur d’autres personnes victimes du même phénomène: ceux qui ont été remerciés après que Bonaparte fût devenu Premier Consul. Plus généralement, ils sont les preuves tangibles que l’installation d’un régime n’est pas chose aisée, d’autant que certains furent de complots plus ou moins dangereux contre lui.

Le fameux tableau d’Ingres. Ce qu’on sait moins est que l’arrière-plan est la ville de Liège, où vous pouvez toujours voir la peinture à l’heure actuelle…
Une frange de l’armée hostile:
En effet, toute l’armée ne soutient pas le futur empereur qui prend le pouvoir après le fameux coup d’état du 18 brumaire an VIII (1799). Il reste notamment tout un terreau de républicains qui ne voient en lui qu’un fossoyeur de la Révolution et ne comprennent pas son évolution vers un pouvoir personnel. Il y a également des partisans de l’un de ses rivaux dans la course aux honneurs, le général Moreau (Bonaparte n’est pas le seul à briguer la première place, loin de là), etc. Cela explique que 6000 à 7000 d’entre eux aient été chassés de l’armée à l’occasion de sa réorganisation consécutive au coup d’état.
La raison officielle invoquée est leur « incapacité physique ». En fait, le nouveau régime se méfie de leur idées politiques mais, ne l’oublions pas, en profite pour chasser de l’institution de vraies nullités militaires. Il faut dire que le Directoire, régime précédent, a aussi fonctionné par la corruption et le copinage. Ramenés à la vie civile, ils se retrouvent donc désœuvrés et se réunissent dans des cafés et autres lieux de sociabilité, où la police les surveille.
Ses rapports font état de discours violents contre le régime et les plus exaltés parlent même d’assassinat de la personne qui l’incarne… Et on verra que toutes ces tentatives ne furent pas picaresques.
Bibliographie:
-PETITEAU (Nathalie), Les Français et l’Empire (1799-1815), Paris, Editions Universitaires d’Avignon, 2008, 278 p.
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