La guerre de Pontiac: I) Introduction
Le conflit dont je vais vous parler à présent est l’un des nombreux affrontements qui survinrent entre les Européens et les Amérindiens, entre leur arrivée en Amérique et les derniers raids apaches au début du 20e siècle. Il opposa de nombreuses tribus indiennes conduites par un chef énergique nommé Pontiac aux forces royales britanniques et colons anglo-saxons, et dura deux ans. Née des conséquences de la guerre de Sept Ans (1756-1763), cette guerre fut difficile pour les deux parties et, on le verra, a une certaine importance pour l’histoire de l’Amérique du Nord et des futurs Etats-Unis.
Dans le sillage du traité de Paris
Je viens de le dire, la guerre de Pontiac résulte de la guerre de Sept Ans, funeste pour la France. Après des débuts prometteurs, celle-ci voit finalement la balance pencher du côté de ses ennemis. Sur le continent européen, la coordination avec l’allié autrichien contre les forces britanniques et prussiennes (notamment) de Frédéric II est mauvaise. De plus, en Amérique, les troupes de Louis XV sont peu nombreuses, dispersées sur un immense territoire, minées par une querelle de commandement entre le gouverneur de la Nouvelle-France Vaudreuil et l’officier envoyé de métropole, le fameux Montcalm, assez ombrageux et peu au fait des réalités américaines. Enfin, la marine n’est plus celle du roi-soleil et ne parvient pas à vaincre la Royal Navy qui étouffe la colonie.
Le résultat est connu: le traité de Paris est catastrophique pour la France, qui abandonne l’Inde sauf cinq comptoirs, et toutes ses possessions sur le continent américain, à l’exception des îles des Antilles et de Saint-Pierre et Miquelon… Alors que la faible Louisiane, mal mise en valeur, est cédée à l’Espagne pour prix de sa participation, infructueuse d’ailleurs, à la guerre aux côtés de Versailles. Ainsi, Londres paraît triompher: les 13 colonies sont libérées de la pression française dont les territoires, certes peu peuplés, allaient en arc-de-cercle du Saint-Laurent au Mississippi, les postes de traite de la fourrure tombent entre ses mains, la marine française est écrasée etc.
Toutefois, les historiens ont bien montré que cette victoire portait dans ses flancs le déclenchement de la guerre d’indépendance américaine, ce qui n’est pas notre sujet, mais aussi de nouvelles tensions avec les Amérindiens, ce que je vais évoquer.

Eau-forte de Chevillet de 1783 montrant la mort de Montcalm à Québec. © Photo RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Droits réservés https://www.histoire-image.org/etudes/marquis-montcalm-heros-guerre-sept-ans
Français et Amérindiens
En effet, sans faire d’hagiographie, il est certain que la colonisation française s’est toujours appuyée sur une alliance étroite avec les tribus indiennes. Essentiellement car le peuplement d’origine européenne n’a jamais été fort en Nouvelle-France, contrairement aux treize colonies, où les violences contre les Indiens ont été plus grandes. La France avait un intérêt certain à ménager les habitants originels du continent, et ceux-ci à faire de même, pour limiter les effets de l’arrivée massive des Européens dans les treize colonies, où ils se sentirent vite trop nombreux pour la terre disponible, et cherchèrent à s’étendre. Cette histoire franco-indienne reste émaillée de conflits sanglants et de duperies, mais aussi d’échanges culturels réels (symbolisés par les coureurs des bois par exemple), et de vraies réussites militaires. Je vous renvoie à la bibliographie pour en savoir plus.
Au final, si les anglo-saxons ont emporté l’alliance de plusieurs tribus, notamment avec leurs victoires militaires qui les détournèrent in fine du camp français… Le départ des fleurs de lys ravive des tensions et une forme de regret de la présence française, en partie fantasmée, naquit. Ainsi, les « tuniques rouges » ont du mal à s’approprier l’immense espace dont elles se sont rendues maîtres durant la guerre, et les premiers accrochages avec les tribus éclatent vite, débouchant sur une guerre généralisée: la guerre de Pontiac.
Bibliographie sélective (sans but d’exhaustivité):
-DZIEMBOWSKI (Edmond), La guerre de Sept Ans. 1756-1763, Paris, Perrin, coll. « Pour l’histoire », 2015, 670 p.
-HAVARD (Gilles) et VIDAL (Cécile), Histoire de l’Amérique française, Paris, Flammarion, coll. « Champs histoire », 2014, 863 p.
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