Conférence le 26 mars à Leffrinckoucke : Séré de Rivières et son œuvre
J’ai le plaisir d’annoncer que je donnerai une conférence de vulgarisation le 26 mars prochain au fort des Dunes de Leffrinckoucke, en partenariat avec la commune et l’association des espaces fortifiés des Hauts-de-France. Elle aura pour thème le peu connu général Séré de Rivières et son œuvre majeure de fortification après la défaite de 1870-71. J’aborderai également le devenir de ses forts ainsi que leur puissante dimension mémorielle, notamment dans les lieux mêmes où cet événement se déroulera.
D’une durée approximative d’une heure, avec projection de documents d’époque et de photos d’ouvrages dont je parlerai, cette conférence sera suivie d’un temps d’échange avec le public et d’une dégustation de thé. Je conseille par ailleurs à ceux qui sont intéressés la visite du fort en lui-même, des lieux des combats de 1940 et du musée consacré à l’opération Dynamo, à Dunkerque. D’ici là, on retrouvera quelques photos et articles sur ce site.


La Belgique dans la Première Guerre mondiale: II) L’invasion allemande
Les Allemands rentrent en Belgique
Nous l’avons vu la dernière fois, l’ultimatum allemand du 2 août 1914 est une terrible surprise pour la Belgique, d’autant qu’il est formulé de manière très brutale. Il affirme que la France va marcher sur le territoire allemand en passant par la Belgique et qu’il est donc nécessaire à l’armée impériale de venir à son secours à la fois pour la protéger (!) et, bien sûr, contrer la menace française. De plus, le délai de réponse (12 heures), est très court.
Malgré la disproportion de moyens évidente, le gouvernement et le conseil de la couronne belges décident de ne pas permettre le passage des troupes allemandes. Outre qu’il violerait les traités internationaux, ce qui est rappelé dans la réponse à l’Allemagne, il est aussi redit que Paris a réaffirmé le 1er août sa volonté de ne justement pas empiéter sur le territoire belge.
Le pays ne se fait aucune illusion sur ses capacités de résistance, mais le roi rejoint le quartier général à Louvain, la mobilisation est décrétée et se déroule bien; enfin la Triple-Entente, dont les membres sont garants des traités de neutralité, va dès lors concourir à la défense de la Belgique. Toutefois, on a dit la modicité des moyens militaires nationaux et, pire, l’armée est mal encadrée, encore en réorganisation, et n’a pas de réelle stratégie, notamment à propos des forts frontaliers comme celui de Liège.
Or, dès le 3 août les Allemands passent la frontière, à Visé, et l’État-major applique le plan, lui, arrêté depuis longtemps et que l’on connaît bien sous le nom de son auteur: Schlieffen. Il vise à contourner via la Belgique les puissantes défenses conçues par Séré de Rivières (voir plus bas) de l’est de la France qui, bien que délaissées, laissent croire à de grandes pertes en cas d’attaque frontale. Dès le 7, la ville de Liège est donc investie et ses défenses, elles aussi anciennes, rapidement conquises: les derniers ouvrages tombent le 16, non sans avoir montré au monde la volonté de résistance du peuple belge. La « cité ardente », elle, est d’ailleurs aussitôt décorée de la Légion d’Honneur.

Les Allemands sur la Grand-Place de Bruxelles en 1914. Photo présentée au musée de la ville de Bruxelles dans le cadre de l’exposition « Bruxelles à l’heure allemande ». Photo de l’auteur. https://www.cairn.info/revue-cahiers-bruxellois-2015-1-page-453.htm http://www.brusselscitymuseum.brussels/fr

Image satirique de 1914 (dans « Pourquoi Pas ? ») présentant la réponse de la Belgique à l’ultimatum allemand. Image présentée au musée de la ville de Bruxelles dans le cadre de l’exposition « Bruxelles à l’heure allemande ». Photo de l’auteur. https://www.cairn.info/revue-cahiers-bruxellois-2015-1-page-453.htm http://www.brusselscitymuseum.brussels/fr
L’arrivée des troupes de l’Entente
Alors que les armées allemandes commettent des massacres dans leur sillage (nous y reviendrons), les troupes de l’Entente entrent à leur tour dans le royaume, pour venir épauler leur nouvel allié. Toutefois, cela se passe de manière plutôt déroutante pour celui-ci: le commandement français, assez méprisant (il va l’être à nouveau en 1940) entend avoir l’armée belge sous son autorité, et se trompe sur la situation.
En effet, il juge très sévèrement le repli de l’armée royale vers les forts d’Anvers, par étapes successives. Il est en fait vu comme un abandon du territoire, abandon permettant aux troupes du kaiser de foncer sur la France. C’est plutôt que c’est le seul espoir pour la Belgique de regrouper ses forces et garder une assise territoriale bien défendue, au regard de ses moyens. D’ailleurs, le secteur aurait pu constituer un levier pour les troupes de l’Entente si d’autres décisions avaient été prises.
En fait Français et Britanniques perdent du temps, notamment car ils sont forts occupés par leurs propres problèmes, alors que deux sorties depuis la grande ville de Flandre épuisent les hommes d’Albert Ier. Le roi refuse, en un acte d’autorité, qu’une troisième soit tentée et s’apprête à soutenir le siège de la ville. Or, s’ils sont stoppés sur la Marne courant septembre, les Allemands ne sont évidemment pas vaincus et mettent en ligne une terrible artillerie lourde, allant jusqu’au calibre fort respectable de 420mm.

Image satirique de 1914. Document présenté au musée de la ville de Bruxelles dans le cadre de l’exposition « Bruxelles à l’heure allemande ». Photo de l’auteur. https://www.cairn.info/revue-cahiers-bruxellois-2015-1-page-453.htm http://www.brusselscitymuseum.brussels/fr
Bibliographie consultée (sans but d’exhaustivité):
-DELHEZ (Jean-Claude), Douze mythes de l’année 1914, Paris, Économica, 2013, 144 p.
-DUMOULIN (Michel), Nouvelle histoire de Belgique. 1905-1918, l’entrée dans le XXe siècle, Bruxelles, Le cri, 2010, 188 p.
Le fort Séré de Rivières:
https://antredustratege.com/2014/09/02/le-fort-sere-de-rivieres-modele-1874-1875/
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Les fortifications Séré de Rivières : V) Conclusion /Derniers articles
Voilà donc la conclusion du dossier sur les fortifications du système Séré de Rivières. Merci encore de suivre ces articles et vidéos sur des sujets peu communs.
Bibliographie:
-Pedroncini (Guy), (sous la direction de), Histoire militaire de la France, t.3, De 1871 à 1940, Paris, PUF coll « Quadrige », 1992, 518 p.
-Cours de master 2 (Paris-IV).
Ensuite mes derniers articles concernant des jeux historiques, pour la Gazette du Wargamer. Tout d’abord le test de la dernière extension du prolifique Crusader Kings II:
http://www.wargamer.fr/crusader-kings-ii-way-of-life-quelle-vie-menerez-vous/

Jaquette de l’extension
Et enfin deux articles sur l’excellente série Total War :
http://www.wargamer.fr/total-war-ou-en-est-on/
http://www.wargamer.fr/total-war-shogun-ii-la-fin-des-samourais-remise-en-perspective/
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Les fortifications de Séré de Rivières: IV) La menace de la mélinite / Dernier article
La suite de ce long dossier est là:
Bibliographie:
-Pedroncini (Guy), (sous la direction de), Histoire militaire de la France, t.3, De 1871 à 1940, Paris, PUF coll « Quadrige », 1992, 518 p.
Ensuite, mon dernier article pour la Gazette du wargamer est consacré à l’extensions Art of war de l’excellent Europa Universalis IV.
http://www.wargamer.fr/test-de-europa-universalis-iv-art-of-war/

La jaquette de l’extension
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Les fortifications de Séré de Rivières: III) La 2e ligne et les réalisations ponctuelles.
Je reviens cette fois sur la 2e ligne de défense, et les ouvrages concernant Paris, les côtes, les frontières franco-espagnole et franco-italienne. Bonne écoute!
Bibliographie:
-Pedroncini (Guy), (sous la direction de), Histoire militaire de la France, t.3, De 1871 à 1940, Paris, PUF coll « Quadrige », 1992, 518 p.
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Les fortifications de Séré de Rivières: II) La première ligne de défense, équivalents étrangers
Poursuite du dossier sur les fortifications de Séré de Rivières. J’espère que cette deuxième vidéo sur trois ou quatre vous intéressera.
Bibliographie:
-Pedroncini (Guy, sous la direction de), Histoire militaire de la France, t.3, De 1871 à 1940, Paris, PUF coll. « Quadrige », 1992, 518 p.
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Le fort Séré de Rivières modèle 1874-1875
En guise de complément aux chroniques youtube, voici un article sur le fort-type Séré de Rivières, défini en 1874 et 1875. Je vous renvoie à ma chaîne d’histoire militaire pour de plus amples détails concernant le personnage et son oeuvre. Je parle donc là de ces édifices bâtis entre les forteresses, les citadelles, et qui protègent les voies d’accès à celles-ci. Exemple: les forts de la ceinture de Lille.
Le bâtiment:
La principale évolution de la fortification édifiée par Séré de Rivières réside tout d’abord dans la taille, et la forme même des forts. En effet ceux-ci sont plus petits que leurs prédécesseurs (3 à 6 hectares) et poursuivent l’évolution commencée sous Vauban. C’est-à-dire qu’ils ne s’élèvent pas trop haut pour contrer l’artillerie ennemie, et que leurs lignes permettent de se battre de tous les côtés, sans angles morts. Bâtis en auréole tous les 6km autour des grandes places fortes, ils sont généralement situés sur des hauteurs et sont semi-enterrés pour pouvoir résister aux tirs d’artillerie adverse. D’ailleurs s’il reste une cour intérieure et des murs visibles, l’armement est déjà camouflé; s’ils sont isolés les uns des autres, ils peuvent se couvrir de leur feux respectifs. La ligne Maginot ira jusqu’au bout de la logique en enterrant complètement les ouvrages.
Quant aux constructions, elles sont réalisées en moellons et briques, qui résistent bien mieux que la pierre aux obus explosifs apparus dans les années 1830. Les voûtes sont de plus couvertes d’un épais manteau de terre qui absorbe les chocs et de nombreuses galeries permettent de stocker efficacement les munitions ainsi qu’aux hommes de se déplacer de manière sûre. Enfin, les arbres sont coupés aux alentours pour dégager les lignes de vue et, en cas d’assaut frontal, il reste des reliquats moyenâgeux: de profonds fossés, des meurtrières qui servent à l’époque à lancer des grenades sur l’ennemi, etc. C’est une belle synthèse de siècles de fortification.
Son armement:
Le système Séré de Rivières se distingue des autres avant tout car chaque fort est une puissante batterie d’artillerie, contrairement à la ligne Maginot par exemple. Les ouvrages possèdent donc une vingtaine de canons du système dit « de Bange », en vigueur à l’époque. Ces pièces de 90, 120, 138 ou 155 sont encore à l’air libre mais protégées par des talus doubles, qui permettent à la garnison de les défendre efficacement contre l’infanterie. Des cartes sont présentes dans les ouvrages, qui permettent de tirer sur un ennemi en approche et d’anéantir ses colonnes, jusqu’à 10 km environ. Cela veut dire qu’ils sont aptes à effectuer différents types de combat, à longue comme courte distance. D’ailleurs, dès les années 1880, les forts 74-75 reçoivent des tourelles cuirassées, en fonte, qui permettent d’ouvrir le feu dans toutes les directions tout en protégeant les pièces. Ainsi, ces forts sont une belle preuve de travail entre l’infanterie, le génie et l’artillerie.
Un exemple: le fort de Seclin.
L’exemple choisi pour illustrer cet article sera celui du fort de Seclin, que j’ai pu visiter. Faisant partie de la ceinture de Lille, il possédait une garnison de 1000 hommes environ et est l’un des seuls à être resté dans son état d’origine (les autres ont été renforcés avant 1914 pour des raisons que j’expliquerai en vidéo). Il a de plus une histoire liée aux deux guerres mondiales, les Allemands y ayant commis des crimes. Sauvé par des bénévoles, il est ouvert au public et abrite d’ailleurs un beau musée sur 14-18.
Le site du fort:
Bibliographie:
-Pedroncini (Guy, sous la direction de), Histoire militaire de la France, t.3, De 1871 à 1940, Paris, PUF coll. « Quadrige », 1992, 518 p.
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Les fortifications de Séré de Rivières: I) Introduction.
Nouvelle série vidéo sur un thème dont j’ai jusque-là peu parlé: la fortification militaire! Je vais revenir sur le Vauban du XIXe siècle: Séré de Rivières, qui cuirassa à nouveau la France entre 1871 et 1914.
Bibliographie:
-Pedroncini (Guy, sous la direction de), Histoire militaire de la France. De 1871 à 1940, Paris, PUF coll « Quadrige », 1992, 518 p.

Photo du général Séré de Rivières.
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