La République romaine de 1849 : un nouvel assaut sur Rome

Gagner du temps

Français et Romains signent alors une trêve, qui doit courir jusqu’au 4 juin et qui permet aux deux parties de gagner du temps sans que personne ne soit vraiment dupe. Oudinot attend des renforts, d’autant plus certains que des élections législatives ont amené au pouvoir une majorité conservatrice en France, le fameux « parti de l’Ordre » favorable à la poursuite des opérations. De leur côté, les assiégés souhaitent gagner du temps pour se reporter – avec succès – contre l’armée napolitaine venant du sud. Vaincue, mais non détruite, elle retraite et donne un peu d’air aux Romains, même si le corps expéditionnaire français se renforce dans l’intervalle. Des négociations sont bien ouvertes entre Français et Italiens, mais elles ne sont qu’un leurre qui permet au commandement de se réorganiser et de voir arriver 15.000 hommes en renfort, par voie maritime, ce que les Romains ne peuvent empêcher.

Les Français ont à leur disposition un bon matériel de siège et peuvent espérer des succès futurs. Oudinot ne respecte d’ailleurs par sa parole et rompt la trêve dès la nuit du 2 au 3 juin, donnant l’assaut dans le secteur de la porte San Pancrazio, au sud de la ville. Il bénéficie ainsi de l’effet de surprise, les défenseurs étant en train de se reposer au moment de l’attaque. De plus, Mazzini et Garibaldi s’opposent de plus en plus quand à l’orientation générale à donner à la défense de Rome, le premier refusant de s’y laisser enfermer, le second désirant un sacrifice qui servirait d’exemple à toute l’Italie. Ces dissensions au sommet s’effacent un temps quand les combats reprennent, mais nuisent à la cohérence de l’ensemble.

Le début du siège

Pour l’heure, les premiers assauts tournent à l’avantage des Français. Oudinot est parvenu à faire ouvrir une brèche dans les remparts de la ville à l’explosif, et ses troupes s’enfoncent dans la béance. Si les contre-attaques des Italiens sont vives et difficilement repoussées, le corps expéditionnaire réussit à ne pas être rejeté en deçà des murs. La position conquise, lui permet d’ailleurs d’y installer son artillerie pour bombarder le reste de la ville. Un siège méthodique de Rome commence, qui ne paraît pas devoir s’arrêter. Si certains Italiens espèrent qu’un changement de majorité en France remette en cause le bien-fondé de l’intervention, leur espoir est déçu : les éléments les plus à gauche de l’Assemblée et proches d’eux ne parviennent pas à prendre le pouvoir mi-juin. À la fin du mois, l’armée commandée par Cavaignac écrase une révolte plus généralisée (1). Aucun secours ne vient donc de ce côté-là et les opérations se poursuivent.

Pendant les premiers jours, l’essentiel des actions se concentre autour de quelques domaines : un puissant bombardement français, qui touche le cœur de Rome, des coups de mains de petits groupes d’Italiens, des ratissages français dans les campagnes environnantes, pour affamer et isoler la ville. Garibaldi comprend que cette stratégie ne peut qu’épuiser les républicains romains et décide d’une grande sortie le 10 juin, pour rejeter Oudinot et reprendre l’initiative.

Gerolamo Induno, « Le bivouac des volontaires », 1849. Musée du Risorgimento de Milan – photo de l’auteur, 5 mai 2022

Bibliographie indicative :

-MILZA (Pierre), Garibaldi, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2014, 731 p.

-PECOUT (Gilles), Naissance de l’Italie contemporaine. 1770-1922, Paris, Armand Colin, 2004, 407 p.

-VILLARI (Lucio), Bella e perduta. L’Italia del Risorgimento, Roma-Bari, Laterza, 2009, 345 p.

(1) : https://histoire-image.org/etudes/fevrier-juin-1848

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