L’armée d’Armistice du gouvernement de Vichy: I) Les forces disponibles

Après avoir fait un gros dossier sur les armes des soldats français en 1939-1940, revenons sur l’armée d’armistice, c’est-à-dire celle que peut garder le gouvernement de Vichy après l’occupation allemande du pays. C’est un cas unique de la Seconde Guerre mondiale. J’ai choisi ce sujet, car il est très peu connu.

Genèse:

Ainsi, après la défaite de la France à l’été 1940, l’armistice du 22 juin signé à Rethondes (c’est à dire dans la forêt de Compiègne) impose de dures conditions au pays. En fait,  plus d’un million six cents mille hommes sont aux mains des Allemands et la majorité va le rester jusqu’à la fin de la guerre, ce qui ne facilite pas l’entretien d’une armée.

Tout de même 500.000 furent libérés jusqu’en 1944 (ou s’évadèrent) et 200.000 réussirent à s’évanouir dans la confusion de l’été 1940. Restait tout de même un million de Français en Allemagne, employés à des travaux depuis des camps de prisonniers alors que les Alsaciens-Mosellans sont rattachés au Reich et doivent le service militaire dès octobre 1942 (également au Luxembourg, considéré comme Allemand). On parle de 130.000 personnes, dont 100.000 envoyées sur le front de l’est.

La situation est passablement compliquée, mais le maréchal Pétain obtient de pouvoir conserver des troupes en armes dans les territoires sous sa juridiction, ce qu’on appelle la Zone Libre, en gros la France du Sud de la Loire, et les colonies françaises. La raison est simple et pragmatique: Hitler laisse le maintien de l’ordre dans un territoire immense, et qu’il ne s’attendait pas à conquérir si vite, à d’autres mains que les siennes. 

Affiche pour le recrutement dans l’artillerie de l’armée d’armistice (« Armée nouvelle »). On reconnaît le canon de 75. Crédit photo: histoireimage.org.

En métropole:

Avec l’autorisation du Reich, Vichy a donc créé une armée d’armistice de 1940 à 1942, à la fois en métropole et dans les colonies. La France pouvait disposer d’environ 100.000 soldats proprement dits sur le territoire métropolitain, c’est à dire autant que l’Allemagne après 1918 (le parallèle est très intéressant). Et comme pour la Reichswehr (l’armée de la République de Weimar) des conditions drastiques sont posées par les vainqueurs. C’est-à-dire que l’artillerie est très limitée, l’aviation également. Quant aux blindés, ils sont interdits.

Pourtant, une partie les officiers et soldats qui demeurent dans cette armée (des hommes de carrière) réussissent à escamoter un peu de matériel aux yeux des Allemands et en font passer une partie à la branche militaire de la Résistance à l’occupant, l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée) ou transmettent des informations à la France libre. Reste le problème du recrutement, le service militaire (conscription) étant interdit par l’Allemagne. En fait, de manière à contourner la chose, le gouvernement de Vichy crée les  Chantiers de Jeunesse, sorte d’organisme paramilitaire inspiré du scoutisme. Les jeunes hommes qui y passent y sont souvent dirigés par des anciens officiers ou sous-officiers et reçoivent une éducation militaire et sportive; l’endoctrinement exista évidemment dans cette structure qui accueillit environ 40.000 personnes au cours de son existence.

L’Afrique et la Marine: 

Revenons à présent sur l’Armée d’Afrique et les garnisons des colonies. La première désigne les troupes stationnant en Afrique du Nord: Maroc, Algérie et Tunisie. Or, elle a obtenu de pouvoir conserver un effectif de 135.000 hommes, soit plus qu’en métropole. De plus, elle parvient à cacher bien plus de fournitures que dans l’Hexagone. En effet le territoire est plus vaste, désertique et les commissions d’armistice envoyées par les Allemands pour vérifier le désarmement sont peu nombreuses. Cet équipement servit par la suite, comme nous le verrons.

Profitant de l’écran fourni par la Méditerranée et la distance, d’autres corps paramilitaires sont montés en Afrique par Vichy. Des généraux qu’on retrouve plus tard dans la France Libre, comme Weygand (et Juin s’occupèrent de toutes ces questions-là, croyant longtemps que Pétain attendait le bon moment pour reprendre le combat. Pour finir, Des contingents existaient également au Liban, en Afrique Noire, en Indochine, à Madagascar… Leur situation est précaire car ces territoires passent en partie à la France libre alors que l’Indochine est menacée par les Japonais et les Siamois qui attaquent même le territoire. La présence nippone fut néanmoins limitée jusqu’à leur prise de possession directe et très violente en 1945 (nous y reviendrons).

La seule arme en bon état, et qui resta quasi-totalement fidèle à Vichy demeure la Marine: la campagne de 1940 ne l’a que peu éprouvée et elle a très peu rejoint le général De Gaulle en 1940-1942. Les bâtiments restent modernes et la Royale (c’est le surnom de la marine française) l’une des plus belles flottes du monde de 1939. Vichy compte sur cette monnaie d’échange puissante qui reste entre ses mains, mais que deux événements vont réduire à néant.

Affiche de recrutement pour la cavalerie. Crédit photo: histoire-image.org.

Après ce tour d’horizon très rapide, nous reviendrons sur les actions de cette armée…

Bibliographie:

-Cours de Master d’Histoire sur la question (Paris-Sorbonne).

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