La République romaine de 1849 : une naissance difficile et sous la menace

La proclamation de la République

La fuite du pape précipite le cours des choses, y compris en dehors de Rome. Alors que le souverain pontife appelle les puissances catholiques à son secours, des patriotes italiens se dirigent vers la Ville Éternelle, dont la Légion de Garibaldi. Jusque-là présente dans le Nord de l’Italie où ont lieu des combats contre l’Autriche, cette unité est acceptée non sans réticences par les nouvelles autorités romaines. Leur chef est déjà connu, a maintes fois bataillé, y compris lors de son exil en Amérique, et est autant respecté que craint. L’opposition entre les militaires et les politiques se retrouve à nouveau. Ceux qui ont pris le pouvoir après le départ du pape ont besoin de lui, de ses hommes et de son aura… mais le cantonnent à bonne distance de la cité avec ses volontaires dont le nombre va croissant, atteignant mille hommes à la fin de l’hiver 1848-1849. Les civils craignent qu’il n’intervienne et ne joue un trop grand rôle dans le gouvernement qui se met en place.

Cela est possible car de longues semaines se passent pendant lesquelles les camps se jaugent. Le pape ne peut reprendre ses États par la force tout seul, et les patriotes italiens réunis dans Rome n’ont pas encore d’institutions stables. Par ailleurs bien occupées dans le nord de la Péninsule ou ailleurs, les autres puissances ne sont elles non plus pas encore intervenues dans la partie centrale de l’Italie. À Rome même, une Assemblée constituante, dans laquelle on compte Garibaldi, est élue et convoquée, avec pour mission de définir la forme du pouvoir en place dans les États pontificaux. Le 10 février, c’est chose faite : les parlementaires décident solennellement d’abolir le pouvoir de la papauté et proclament la République Romaine.


Garibaldi pendant la République romaine de 1849. Portrait de Rudolf Edward Hauser, 1849, conservé au Museo Centrale del Risorgimento (Rome).
Photo de l’auteur le 12 avril 2017.

Un pouvoir républicain menacé d’entrée de jeu

Le choc est grand, qui met fin à un millénaire de pouvoir pontifical, et retentit dans tout le continent. Organisé en mars, le gouvernement de la nouvelle république fait appel au grand patriote Mazzini, arrivé depuis le début du mois dans la ville. Il va bientôt jouer le rôle de dirigeant principal de cet État naissant. Le moment que de nombreux hommes comme lui attendaient semble enfin arrivé. Plusieurs personnalités de premier plan se trouvent rassemblées dans Rome, mais ne toutefois peuvent créer le pays rêvé, laboratoire d’une Italie qu’ils veulent unifiée et sans souverain. Malgré des intentions généreuses en termes de libertés individuelles, ce pouvoir ne bénéficie pas du temps nécessaire pour mettre en place de vraies réformes. En effet, à l’instar de la Commune en 1871, il est d’emblée menacé sur le plan même de la survie et va devoir consacrer toute son attention et ses forces vives à sa défense.

Avant peu, Rome va ainsi se trouver sous le feu de canons français ennemis, ce qui oblige à revenir en arrière pour expliquer l’attitude des puissances européennes dont l’intervention, ou la non-intervention ,décident in fine du sort de la République Romaine. Toujours présentes en toile de fond de cet événement qui n’est pas que romain ni même italien, mais aussi européen, elles jouent un grand rôle dans la courte vie de cette république… Écrasée par une consœur : la deuxième République française, ce qui peut apparaître paradoxal et que nous allons désormais expliquer.

Bibliographie indicative :

-MILZA (Pierre), Garibaldi, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2014, 731 p.

-PECOUT (Gilles), Naissance de l’Italie contemporaine. 1770-1922, Paris, Armand Colin, 2004, 407 p.

-VILLARI (Lucio), Bella e perduta. L’Italia del Risorgimento, Roma-Bari, Laterza, 2009, 345 p.

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