Aperçu des fortifications du Quesnoy (Nord)
Les fortifications du Quesnoy
Petite ville frontalière située près de Valenciennes, le Quesnoy a longtemps été un lieu stratégique important dans la lutte entre les rois de France et leurs adversaires, notamment les Habsbourg. C’est Charles Quint qui dote la ville d’importantes fortifications durant son long règne, dont certaines parties sont encore visibles de nos jours. Toutefois, le lieu est surtout lié à l’incroyable personnalité de Vauban.
Attribuée à la France par le traité des Pyrénées (1659) qui permet la paix avec l’Espagne, la ville du Quesnoy devient donc rapidement l’objet des attentions du grand ingénieur. Il lui donne sa physionomie actuelle: un octogone de 3.5 km de long, en étoile. Vauban incorpore des éléments existants et modernise le reste. Les remparts sont protégés par des ouvrages extérieurs et une utilisation habile de l’eau qui permet d’inonder facilement le terrain et de gêner considérablement l’avancée adverse. C’est un bel exemple des villes du « Pré carré » que le roi souhaite voir être transformées en places imprenables.
Le volet militaire du musée Lambinet (Versailles)
Bien moins connu que le château de Versailles, le musée Lambinet ne manque pas d’intérêt. Géré par la municipalité, c’est un ancien hôtel particulier qui permet de retracer l’histoire de cette commune tant liée aux faits nationaux. Or, la région est aussi liée à l’expérimentation en matière d’armement, ainsi qu’à la fabrication, pendant quelques décennies, en série de fusils, sabres et autres pistolets comme je le rappelais dans un compte-rendu d’une précédente exposition (voir plus bas). Voyons donc les collections qui peuvent nous intéresser ici.
De manière générale, je vous conseille la visite de ce musée. Il est bien fait et plus facile d’accès qu’un palais toujours plus rempli et où il est difficile d’apprécier son parcours. A coupler, pourquoi pas, avec un tour de la ville et un saut au douzième salon du livre d’histoire qui s’y tiendra à la fin du mois de novembre:
Le site du musée:
https://www.versailles.fr/culture/etablissements/musee-lambinet/
Liens:
L’exposition sur les armes savantes:
Une autre manufactures d’armes (Klingenthal, Alsace):
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La « glorieuse révolution » de 1688-1689: III) Guillaume débarque en Angleterre
L’été 1688
Malgré la situation intérieure tendue en Angleterre que nous avons décrite, celle-ci ne se détériore pas au point de créer une menace pour le trône de James II. Le roi a eu vent des projets de Guillaume d’Orange, mais durant une grande partie de l’été 1688 il ne le croit pas capable de rassembler une force suffisante pour franchir la mer et débarquer sur ses côtes. D’ailleurs, son raisonnement est loin d’être stupide: la guerre menace sur le continent entre la France et bon nombre de puissances européennes… Avant de finalement éclater fin septembre et d’être connue sous le nom de « guerre de la ligue d’Augsbourg ». Or, dans ce conflit encore en gestation, tout laisse croire que les Pays-Bas vont être à nouveau contre la France (ce qui va arriver) et il paraît bien étrange que le stathouder s’éloigne de ses États dans une pareille période de crise.
Toutefois, il apparaît que Louis XIV va frapper plus au sud, sur le Rhin et sa flotte ne fait pas mine de bouger hors de Méditerranée. Soulagés, les Pays-Bas autorisent donc William à tenter l’aventure anglaise, et cela montre bien que, théoriquement allié de l’Angleterre et de son cousin, le roi de France mène sa propre politique. Cette fois alarmé, James II veut renforcer ses troupes. Il donne des gages aux Tories pour qu’ils le soutiennent, en commençant à revenir sur les concessions accordées aux catholiques et aux dissenters. Toutefois, il a perdu trop de temps et le cours des événements va s’accélérer.
William débarque en Angleterre
Après l’échec d’une première tentative, dû à une tempête, comme il est courant au temps de la marine à voile, Guillaume retente la traversée à l’automne. Il parvient à éviter la Royal Navy et débarque à Torbay dans le Devon, au sud-ouest de l’Angleterre, avec 21.000 hommes aguerris et bien équipés. Si les forces de son adversaire sont plus nombreuses, il a le soin de présenter son entreprise comme légitime. Il distribue de nombreux feuillets l’expliquant, ce qui est facilité par le fait qu’il a emmené une imprimerie avec lui. De plus, il prend soin d’affirmer qu’il vient au secours du peuple anglais, pour le libérer de la mauvaise politique de son roi. Ainsi, ce bon communiquant entend-il ne pas passer pour l’agresseur, mais pour un libérateur notamment auprès des autres monarques. Il ne dit pas clairement qu’il veut devenir roi… Tout en ne disant pas non plus qu’il ne le souhaite pas !
Face à tout cela, si l’armée de James lui reste fidèle, on ne peut pas en dire autant des parlementaires qui ne s’opposent pas fermement à Guillaume. La population, elle, dans sa majorité gronde sourdement: des lieux de culte catholique sont attaqués, et une rumeur se répand: le roi aurait engagé des papistes irlandais et français pour la massacrer. C’est dans ce contexte d’impopularité totale, alors que des seigneurs protestants se sont révoltés dans le centre et le nord du pays, que James marche à la rencontre de Guillaume, qui remonte lentement vers lui…
Bibliographie consultée (sans but d’exhaustivité):
-MILLER (John), The Stuarts, Londres, Hambledon Continuum, 2006, 294 p.
-CHASSAIGNE (Philippe), Histoire de l’Angleterre, Paris, Aubier, coll. « Histoires », 1996, 504 p.
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Visite de la citadelle d’Arras
L’exposition sur Napoléon, à Arras:
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Les débarquements français en Irlande III) 1690: poursuivre la tentative de 1689
Nous en étions restés à ce moment où Louis XIV décide d’envoyer d’importants renforts en Irlande. Les troupes fidèles au Stuart piétinent face à la résistance de l’Ulster, où les partisans de Guillaume d’Orange sont plus nombreux, Guillaume qui a aussi envoyé des soldats en nombre dans l’Ile verte.
Une vraie expédition
Que veut dire l’expression « renforts substantiels » que je citais en introduction ? Rien de moins que près de 7000 hommes et 400 officiers, dont une soixantaine d’artillerie, débarqués en mars 1690… Nous sommes loin des conseillers de l’an passé. C’est sans doute la force française la plus importante qui ait débarqué pour des opérations militaires dans les îles britanniques… Toutefois, leur chef, le comte de Lauzun, n’est guère un brillant stratège et cette arrivée de Français correspond à un échange de troupes décidé par les dirigeants….
En effet, plusieurs régiments irlandais prennent leur place dans les navires de la flotte du roi-soleil pour aller combattre sur le continent. C’est l’origine d’un noyau de troupes irlandaises dont les successeurs combattront jusqu’à la Révolution, voire au-delà (exemple en 1870 dans la Revue historique des armées citée en bibliographie). Au final, rien n’était acquis pour Jacques II.
La bataille décisive de la Boyne
A partir de là, les évènements s’accélèrent. Guillaume d’Orange lui-même se met à la tête de ses troupes, et marche vers l’armée franco-irlandaise de Jacques II. A l’été, les deux forces se font face, pour ce que tous ressentent comme un combat décisif. Le roi Guillaume dispose de 36.000 hommes bien entraînés face aux 25.000 partisans du Stuart. L’affrontement a lieu de long des rives de la rivière Boyne, au nord de Dublin, le 1er juillet 1690 (selon le calendrier julien de l’époque).
Or, c’est une terrible défaite pour les Jacobites, le nom qu’on donne aux partisans des Stuart (Jacques devenant « Jacobus » en latin). Malgré une défense coriace de la cavalerie irlandaise, les régiments obéissant à la maison d’Orange parviennent à passer en force la rivière, et fondent sur les troupes de Jacques, mal positionnées. Les troupes françaises se comportent admirablement, protégeant la déroute du reste de l’armée, mais ne pouvant changer le résultat final.
Les conséquences
Cette bataille décisive marque un premier échec Stuart de reprise du trône. Le roi parvient à s’enfuir en France depuis Kinsale, et sa famille va installer sa cour pour de nombreuses années à Saint-Germain-en-Laye. Les troupes françaises, elles, rembarquent depuis Galway et retournent en France. Si elles se sont bien comportées au combat, il ne faut pas croire à une idylle en Irlande. Les hommes de Louis XIV ont souvent été méprisants, trouvant les Irlandais pauvres et frustes, et ceux-ci n’ont pas apprécié certaines de leurs manières… Ni le fait que Jacques les écoute plus qu’eux-mêmes.
Toutefois, on a vu que nombre d’Irlandais passèrent en France où ils allaient se couvrir de gloire pendant des décennies, combattant notamment à Malplaquet en 1709, d’autres dans la marine, comme la famille Mac Nemara. D’importants liens franco-irlandais se nouent à l’époque.
Bibliographie sélective (sans but d’exhaustivité):
-JOANNON (Pierre), Histoire de l’Irlande et des Irlandais, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2009, 832 p.
-« France-Irlande », Revue historique des armées n° 253, 2008. Voir notamment cet article :
Évocation des Irlandais dans la marine française:
-VERGE-FRANCESCHI (Michel), La marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, 1996, 451 p.
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La citadelle de Namur
Historique de la citadelle.
Présent en début de semaine à Namur, j’ai évidemment pensé à vous et pris de quoi faire un reportage photo de la citadelle de la ville.
Rappelons donc qu’elle est ancienne, très ancienne: les premiers ouvrages fortifiés présents sur l’éperon rocheux datent du haut Moyen-Age (avant l’an 900)! L’ensemble servait alors de résidence aux comtes de Namur. Par la suite, elle s’est adaptée à tous les conflits ultérieurs et a été modernisée par ses différents possesseurs. Par exemple les Bourguignons la renforcent, notamment sous Philippe le Bon et les Espagnols, un temps détenteurs des Pays-Bas, également..
L’un des sièges les plus connus qu’elle subit reste celui mené sous Louis XIV, par Vauban, déjà âgé: c’est même le dernier qu’il conduisit en personne. Nous sommes en pleine guerre de la ligue d’Augsbourg et la place reste française quelques années, permettant au génial ingénieur de l’améliorer à son tour (sans qu’il puisse terminer le travail). Les Français l’assiègent plusieurs fois dans la suite du siècle, comme en 1746 (guerre de succession d’Autriche) puis à de nombreuses reprises sous la Révolution. Située au carrefour entre plusieurs mondes, plusieurs grandes régions importantes d’Europe, elle garde en effet une grande valeur stratégique jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Possédant également de grands souterrains, elle est à ce propos baptisée par Napoléon, en visite dans la ville: « c’est la termitière de l’Europe » dit-il!
Les Néerlandais (qui gouvernent la Belgique après 1815 et jusqu’à son indépendance) poursuivent les travaux. Ils bâtissent en effet le Fort d’Orange qui protège ses approches et, en tout, elle connaît au XIXe siècle une ceinture de neuf positions. Sa démilitarisation est progressive, à partir de 1890 (le roi Léopold II en fait un lieu de villégiature), mais les forts se défendent vaillamment contre les Allemands en 1914 et 1940 où l’artillerie les réduit au silence. Le dernier militaire en part en 1977 et elle reste visitable gratuitement par tous de nos jours…
Au final une histoire extrêmement riche, que je n’ai ici qu’esquissée. Le site vaut le déplacement (une heure de Bruxelles par train).
Reportage-photo:
Sources:
-Brochure touristique de la ville de Namur
-Site de la ville de Namur:
http://www.ville.namur.be/page.asp?id=1081&langue=FR
-Site de la citadelle de Namur:
http://www.citadelle.namur.be/
Plus de photos (dont des plaques militaires):
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Le racolage sous Louis XIV: trouver des hommes pour les armées du roi.
A l’époque, pas de conscription révolutionnaire ou de mobilisation générale…. Pourtant, il faut bien trouver de quoi maintenir les armées du roi à un effectif raisonnable, voir augmenter celui-ci. D’autant plus que la France est alors la première puissance mondiale. En fait, les colonels sont propriétaires des régiments qu’ils commandent et ils gèrent donc leur recrutement, par le biais des capitaines commandant les compagnies (aujourd’hui encore ces grades correspondent au même commandement). Chaque régiment se voit affecté par le pouvoir une ou deux provinces où agir, provinces au gouverneur (le préfet de l’époque, toutes proportions gardées, on le surnomme « l’œil du roi dans la province ») prévenu de telle opération. Généralement celui-ci se fait en hiver, où on ne se bat pas à l’époque. Mais, en temps de guerre, les besoins en hommes augmentent, les fraudes de ceux-ci aussi et les recruteurs se font plus pressants et violents, recourant notamment au racolage. Celui-ci consiste en l’enrôlement forcé de jeunes gens, surtout en ville, essentiellement lors des jours de foires et de marchés. Le procédé le plus commun est de les faire boire à la santé du roi dans les cabarets, geste qui a valeur d’engagement. Evidemment, dégrisés, les hommes contestent pareil acte mais, comme le dit très clairement Louvois, le ministre de la guerre du début du règne: « Dans le temps ou le roi manque d’hommes, ce n’est pas le moment de voir s’ils sont bien enrôlés ».
Déjà commandées par un capitaine, les compagnies comptent alors une cinquantaine d’hommes (une centaine au 19e) et leur officier reçoit une gratification pécuniaire si l’effectif est maintenu le plus complet possible. Voilà pourquoi ils poussent au réengagement, alors que les hommes sont censés pouvoir demander leur congé au bout de quatre ans. Mais, sans l’accord de leur capitaine, ils ne pouvaient partir… D’où une poussée de la désertion, punie par les galères dès 1684. Toutefois, il était courant de dénoncer les déserteurs assez tardivement, pour pouvoir se partager leurs soldes et leurs rations. Les abus étaient donc courants des deux côtés. La troisième et dernière forme de racolage est pratiquée sur les prisonniers de guerre, pour éviter qu’ils ne prennent engagement dans l’armée ennemie. En effet, la chose était possible. Des modalités d’échange de prisonniers furent donc mis au point avec les Espagnols, notamment en fixant le montant des rançons. N’oublions pas que les soldats de l’époque sont considérés comme des parias par la société et que la distinction entre civil et militaire est seulement en train de s’opérer.
Source: André Corvisier, Histoire militaire de la France, t.1, Des origines à 1715 (sous la direction de Philippe Contamine), Paris, PUF, coll. « Quadrige », 1997, p. 395-397.
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